Opinions - 07.08.2013

«Parce qu'ils ont une religion, ils se croient dispensés d'avoir une morale» (1)

Ce petit pays qui, pendant des siècles, a fait preuve de grandeur  et de tolérance, ce peuple qui a payé  cher son indépendance et sa liberté pleure aujourd'hui ses martyrs: Chokri Belaid, Mohammed Brahmi, Lotfi Nagd, Mohamed Benmufti, nos huit valeureux  soldats dont les âges se situent entre 20 et 30 ans , et que je me fais un devoir de nommer: Nizar Mkachar, Yassine Hichri, Tarek Othmani,  Marouane El Machi,  Abdelmajid Kasmi, Hedi Messadi, Hassan Kassmi, Maher Ammar.  Tous lâchement assassinés  par des pseudo défenseurs d Allah.

Ce petit pays qui se voulait grand a été trahi par certains de ses propres enfants. Des enfants qui ont perdu la foi et ont craché sur les lois… Ils ont transformé notre pays en une vaste mare de sang où ils s'abreuvent  pour assouvir leur soif de violence. Des bêtes humaines lâchées à travers le pays, et qu'on les laisse faire. Ils ont tué nos  enfants, nos frères, nos amis, nos militants, nos soldats, nos policiers, et le massacre continue.

Le deuil qui s'est abattu sur notre pays suite à l'exécution de nos valeureux martyrs est très lourd à porter et la douleur qui en découle est impossible à éradiquer. Elle restera à jamais une blessure ouverte difficile  à colmater.

Depuis la prise du pouvoir par les islamistes  dans notre pays, toutes les lumières se sont éteintes,  et la joie de vivre, qui était l'apanage de notre peuple, a été remplacée par la peur de l obscurantisme et l'horreur de la mort.

La violence est devenue notre pain quotidien, et la terreur notre obsession.

Tous ceux qui élèvent la voix  contre ceux  qui ne sont plus des nôtres, ni moralement ni religieusement, se retrouvent  baignés dans leur sang, abattus sans aucune pitié ni état d'âme.

Pour la première fois de sa longue histoire, la Tunisie s est retrouvée divisée entre les bons et les méchants. Si le peuple tunisien est sorti  spontanément  par milliers dans toute la Tunisie, c'est pour hurler sa douleur, sa colère et sa soif de justice. Ils sont sortis par milliers pour honorer leurs martyrs et libérer le pays de ces intrus infidèles  venus pour semer la mort  et installer la décadence. Ils sont sortis par milliers pour dire NON aux divisions, NON à l'impunité, NON à toutes les formes de violence, et OUI  au changement et au retour à nos fondamentaux.

Depuis plus de 10 jours les Tunisiens battent le pavé de la place du Bardo sans relâche  avec un soutien de taille, constitué de dizaines de députés qui boycottent  l'assemblée constituante qui a perdu depuis longtemps  toute sa légitimité.

Aujourd'hui, le constat est sans appel: le parti islamiste Ennahdha est   responsable  du chaos qui s'est installé dans notre pays.

Le gouvernement Jbali puis  Larayedh, tous deux issus de ce parti, n'ont pas été à la hauteur de leur tâche  et ont lamentablement échoué dans leur mission de traiter les véritables problèmes et donner du répit   à ce peuple dans l attente de résultats  depuis le 14 janvier 2011. ils n'ont fait preuve d'aucune volonté réelle pour relancer l'économie, combattre le terrorisme et garantir ainsi la sécurité aux  Tunisiens.

Les membres de ce parti  ainsi que le gouvernement portent tous sans exception la responsabilité de ce qui arrive  au pays. Les uns en péchant par leur silence, les autres par leur  négligence. Ils sont tous restés sourds aux appels de l'opposition pour une solution de consensus et la mise en place d'un gouvernement de  crise composé de technocrates.

A l'assemblée constituante, les députés majoritaires issus de la troika ont installé, aussitôt  placés, un climat de suspicion et ont brillé par leur mauvaise foi et leur incompétence.

Une constitution qu'ils peinent à terminer par leur refus de faire appel aux experts, et en laissant  un juriste  médiocre, Habib  Khedr, faire la pluie plus que le beau temps. Le parti islamiste, même s'il fait aujourd'hui partie des deux plus grandes forces politique du pays , n'a encore que quelques années devant lui avant de se consumer comme une bougie de mauvaise qualité et peut-être laisserait il alors la  place a un "vrai" parti "musulman" modéré  rassembleur, et surtout républicain?

Si  Rached  Ghannouchi est le grand problème qui mine le pays, il est aussi  celui qui mènera  son parti à sa perte. L histoire le démontrera.

Les solutions proposées par l opposition au gouvernement actuel , aussi consensuelles qu'elles soient, seront rejetées par ceux qui gouvernent. Ils  n accepteront jamais de compromis : ils  y sont ils y restent. Pour eux, le peuple se limite à leurs partisans et ceux qui exécutent leurs ordres.

  Mais la réalité  est  tout autre,  la majorité des  tunisiens avec ses hommes, ses femmes sa jeunesse continuent, par leurs manifestations massives dans tout le pays, à donner des leçons de courage et de vie . La démonstration  héroïque des Tunisiens, toutes couches sociales confondues, dans la soirée du 6 août  sortie  par dizaines de milliers au Bardo est la preuve  accablante pour le parti islamiste et ses partisans que le peuple n est pas de leur côté.

Et comme l'avenue  Habib Bourguiba  est devenue le symbole des rassemblements pour faire tomber la dictature de l ancien  régime, le Bardo sera  désormais  la place symbolique ou le destin de la Tunisie se jouera pour la deuxième fois depuis le 14janvier 2011 afin de faire rejaillir l espoir et la lumière .

(1) Amin Maalouf

Latifa  Moussa
 

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11 Commentaires
Les Commentaires
sihem - 07-08-2013 13:11

c'est la dictature de la minorité. c'est terminé l'opinion et le partis unique à 99 pour cent. maintenant on peut et on doit gouverner avec 49,99 contre. réveillez vous, surtout que votre le bardo est devenu une poubelle. comment vous voulez gouverner et vous n'avez pas de sens de l'organisation, ni de savoir faire, ni de citoyennetépour respecter le calme et la propreté. les trottoirs des riverrains sont devenus des posseoirs, et la darbouka à une heure du matin. quelle manière de célébrer la mort d'un martyr

Dr. Néjib BOURAOUI (Politologue) - 07-08-2013 15:15

Dissoudre l'ANC veut dire aussi démolir le dernier socle sur lequel repose la légitimité du pouvoir démocratique postrévolutionnaire en Tunisie ! En politique, il n’y a pas plus dangereux que le nihilisme et le vide! En plus, réclamer une politique consensuelle pour continuer à gérer les affaires de l’Etat par un comité anti-démocratiquement « rafistolé » et comparer la situation politique d'aujourd'hui avec celle de Janvier-Septembre 2011 relèverait d'un anachronisme ridicule et malsain! Aujourd'hui et en dépit de certains accidents de parcours graves et regrettables, l’infrastructure politique tunisienne est dotée d’organes constitutionnels (ANC et Gouvernement !) créés par le pouvoir des urnes et constitués par la volonté démocratique de notre peuple. L’ANC, malgré les tiraillements politiques et les retards cumulés dans l’exécution de ses tâches, s’apprête aujourd’hui à finaliser la première constitution démocratique de la Tunisie de tous les temps ! En outre, le nouveau comité d’organisation des élections est aussi presque complètement constitué et sa finalisation nécessite encore une ou deux réunions au sein de l’ANC! Dans cette perspective, la position claire et sage de l’UTICA et de l’UGTT contre la dissolution de l’ANC a déplu remarquablement à certains partis de l’opposition qui souhaiteraient gouverner la Tunisie par le pouvoir de la rue et de la politique du « lèves-toi que je m'y mette », optant ainsi pour la voie de l’affrontement, l’anarchie et la guerre civile qui ne feraient que mettre en péril nos biens et nos acquis et le présent et l’avenir de nos enfants! Cependant, cette analyse de la situation politique actuelle en Tunisie n’aspire en aucun cas à cacher l’échec cuisant du gouvernement de la Troika dans la gestion des affaires de l’Etat. Mises à part quelques rares exceptions, l’équipe gouvernementale actuelle s’est avérée inexpérimentée et mériterait, de ce fait, d’être remerciée et remplacée par des technocrates désignés sur des critères de compétence, mais pas sur des critères d’allégeance partisane ! Lesdits technocrates doivent jouir de la confiance de tous les partis politiques (y compris d’Ennahdha !) pour relever les défis de la clôture rapide de la période de transition, ainsi que les grands défis de la sécurité de notre territoire et de l’organisation des prochaines élections nationales dans la neutralité, la transparente et l’équité … !

Touhami Bennour - 07-08-2013 17:21

Un people peut se tromper, ca arrive partout, Abou Greib, Guantanamo, vous avez vous même cité le colonialisme( qui vient du pays de la Lumière), et j´en passe. Je partage votre indignation et colère, mais" hitler" à que je sache n´est pas un Khalif. En Somme le peuple veut la démocratie, sans quoi il n ya pas de salut. Cést de ca qu´il s´agit. Si vous avez une meilleure recette je veux bien. Quant à la joie de vivre qu´on attribue aux Tunisiens, moi je ne l´ai pas vu´, même si j´en ai entendu parlé.D´aucuns ont dit que le Tunisien a soif de la liberté. de la dignité et de la justice.c ´est quoi la démocratie? c´est le partage des pouvoirs. l´alternance du pouvoir et des elections libres et transparente. il faut ajouter les droits de l´homme etc...Ce n´est pas une question facile. mais la démocratie comme "Churchill" a dit, c ést le pire des systèmes à l´exclusion de tous les autres. Le pays et en transition, d´un système politique corrompu et arbitraire à un système où regnerait les slogans de la Révolution. Il n`ya pas de route royale pour aller vers la démocratie.Faut-il au moins se souvenir de ca.

Samy - 07-08-2013 17:37

Merci pour cette belle page et votre plume engagée pour la vraie Tunisie celle de la tolérance de la beauté et de l intelligence Aucune barbe aussi ardue soit elle ne la défigurera On ne revient pas sur des siècles d histoire et on ne détruit pas une culture bâtie par des siècles d histoire en dérobant la révolution faite par le peuple et non pas pas les illumines proclamés Même l Égypte beaucoup plus traditionaliste que nous l a compris

BELVAUX LUCIEN - 07-08-2013 18:36

J'APPROUVE TOTALEMENT le contenu de cet excellent article et de cette superbe mise au point. C'est vrai qu'étant étranger je n'ai pas à m'immiscer dans la politique d'un Etat qui n'est pas le mien mais vous comprendrez que les Démocrates du monde et les amoureux de la Tunisie ne peuvent pas rester insensibles devant la situation catastrophique dans laquelle se retrouvent nos amis tunisiens et la violence dont ils sont victimes quotidiennement. La SOLIDARITE INTERNATIONALE N'EST PAS UN VAIN MOT ET NOUS DESIRONS LE PROUVER A NOS AMIS TUNISIENS.VOTRE COMBAT POUR LA DEMOCRATIE ET SES VALEURS DE LIBERTE, D'EGALITE et DE FRATERNITE est AUSSI LE NOTRE ET C'EST NOTRE DEVOIR DE VOUS AIDER A LE REMPORTER. VIVE LA TUNISIE DEMOCRATIQUE ET LAÏQUE. SEULE LA LAÏCITE VOUS ASSURERA LA LIBERTE DE PRATIQUER LIBREMENT LA RELIGION DE VOTRE CHOIX CONFORMEMENT A LA CONVENTION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME.

Candide - 07-08-2013 18:49

Latifa ! Vos paroles me donnent des frissons. Je n'ais pas encore entendu un seul homme politique faire le constat de la déchéance des Nahdahouis comme vous l'avez fait. Votre courage, que beaucoup d'autres n'ont pas, n'a pas d'égal actuellement en Tunisie. Vous me faites penser à Jeanne d'Arc qui a chassé les anglais hors de France. Je ne vous souhaite pas le même destin que celui que les religieux, encore eux, lui ont infligé. Par contre, j’espère que votre discours sera entendu jusque dans les plus petits villages des coins les plus reculés de la Tunisie. Que Dieu veille sur vous.

mhamed Hassine Fantar - 08-08-2013 00:08

La nuit du 6 août 2013 restera dans la mémoire collective comme la nuit décisive pour la construction de la démocratie au pays de Carthag, de Kairouan, de Mahdia et de Tunis.Quelle chance de l'avoir vécu en témoin oculaire!

Cousin phenicieng - 08-08-2013 03:15

Bravo Latifa bien dit: J ajouterai en appui a ton article que Voltaire qui etait agnostic tenait a ce que sont jardinier soit croyant, juste pour ne pas le voler, mais on ne donne pas a un jardinier le pouvoir de gerer sa demeure. Gannouchi c est comme le jardinier de voltaire, il n est pas un gestionnaire et n a pas a me dire comment m abiller, manger ou boire La fonction de l etat etant de preserver la vie, la propriete et le bonheur des citoyens ( t. Jefferson) c est ce que nos dirigants des autres pays arabes doivent comprendre Cousin phenicien

Kamel - 08-08-2013 10:34

Excellent article qui résume l'impasse dans lequel ces irresponsables et cette secte de comploteurs menés par le grand gourou ghanouchi ont menés le pays ! Le mal qu'ils ont fait a ce pays leur sera a jamais reproché et les poursuivra a jamais !

candide - 08-08-2013 20:03

Leaders, vous êtes vraiment des rigolos, pour publier le même commentaire de ce Dr. Néjib BOURAOUI (Politologue) 2013-08-07 15:15:40 , quelque soit le sujet de l'article. il ne faut pas être trop futé. J'ai eu l'occasion d'en parler en donnant plus de précision, mais vous n'avez pas publié mes propos. Libre à vous, je m'en moque. Il fut une époque où j'aimais bien lire vos articles et les commenter pour le bien de la Tunisie. Depuis un an, ce n'est plus le cas. La Tunisie a changé, mais votre éditorialiste aussi, soyez en certain. Je ne sais pas qui sélectionne les commentaires, mais laissez moi vous dire qu'un grand nombre de ceux qui sont publiés, sont creux et sans aucun intérêt. Il fallait que quelqu'un le dise, c'est fait.

Ahmed Kassar - 09-08-2013 17:08

Leila, vraiment bravo pour ce bel article qui m'a beaucoup soulagé , exactement ce que j'avais l'intention d'écrire, mais tu as tout dit. Malgrès l'appel et les sit-in du peuple, Rached Ghannouchi et dérivés s’en-foutent pa mal de la gueule de tout le monde Nous prions tous ensemble pour que le segneur épargnera notre pays de cette bande.Nous restons toujours à l'attente d'une réaction courageuse des intellectuels tunisiens.

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