News - 18.10.2012

La soif de liberté des journalistes tunisiens

La  mobilisation à laquelle la grève générale des journalistes a donné lieu ce mercredi, constituera certainement une ligne de rupture avec tout ce que la corporation a enduré pendant plus d’un demi-siècle. Son ampleur, notamment,  donnera sans nul doute à réfléchir à un gouvernement qui par ses tergiversations et ses maladresses s’est mis à dos toute une profession plus que jamais décidée à faire prévaloir ses droits. Tôt ou tard, il devra se faire une raison. Les temps sont révolus d'une presse aux ordres et du journaliste-porte-voix-du-pouvoir.

Il y aura désormais un avant et un après 17 octobre 2012. Certes, la révolution a permis d’enregistrer des avancées en matière de liberté d’expression. Mais, échaudée par les pratiques des années de plomb, la presse tunisienne entend donner un caractère irréversible à ses acquis, en obtenant les garanties juridiques nécessaires et, au besoin , leur "constitutionnalisation". Il n’est plus question de se contenter des libertés octroyées au gré des caprices du prince, d'ailleurs suivies généralement d'un retour du bâton. Pendant les 50 dernières années, ce secteur avait vécu, au mieux, sous le régime de la liberté surveillée, mais fut le plus souvent, bâillonné, persécuté, martyrisé même notamment pendant les années Ben Ali.

La conscience retrouvée et rompant définitivement avec l’indolence qui l’a marquée pendant longtemps, la presse est, aujourd’hui, décidée à jouer le rôle qui lui revient dans une Tunisie débarrassée enfin de la dictature. Elle réclame l’activation qui n'a que trop tardé des décrets 115 et 116 (on vient de l'apprendre, c'est chose faite, selon un communiqué du gouvernement rendu public mercredi) qui doit mettre la presse à l'abri des interférences du pouvoir exécutif, la réactivation de l’INRIC  qui avait fini par se saborder pour ne pas être confinée dans un rôle purement décoratif, la fin des parachutages de responsables comme à Dar Assabah et les autres institutions publiques. Des revendications qui comme l’a prouvé cette journée sont partagées par la grande majorité des journalistes et certainement par tous les Tunisiens. Car la liberté de la presse est la mère des libertés et à ce titre, elle est l'affaire de tous.
 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Mhamed Hassine Fantar - 18-10-2012 12:42

Je salue tous ceux qui, se réclamant des médias, ont exprimé dûment leur attachement à la liberté d'expression quelles qu' en soient les formes et quels qu'en soient les vecteurs et les secteurs. L'undion fait la force. Le 17 octobre 2012 restera dans la mémoire de la Nation et dans ses Annales.Cette journée prouve s'il faut encore une preuve, que, nonobstant les freins, la Révolution du 14 Janvier 2011 se réalise.Puis-je rappeler toutefois que s'il faut se battre pour la liberté, il est aussi nédessaire de se libérer, notamment de soi, du conventionnel de la tradition, etc, quitte à les reconsidérer après la libération de soi et de toutes les contraintes quelles qu'en soient les origines.Sans une véritable libération, la liberté restera fictive ou si l'on préfère, virtuelle. Et adopter le vocabulaire du Rugbi, tous les essais de Bourguiba doivent être transformés par la Révolution du 14 janvier 2011.Vive la presse libre et que les journalistes et les communicateurs réalient et célèbrent leur libération.

sihem - 18-10-2012 16:26

demontrez que vous enouragez la liberte d'expression. un exemple à méditer: l'épuration durant 3 ans des medias en France après la deuxième guerre mondiale la liberté se mérite surtout après une amnistie qui suivra l'épuration légale par les procès, l'exemple nous vient de la France après la deuxième guerre mondiale , il y'avait 10 mille condamnations à mort, comme Robert Brasillach*, rédacteur en chef du journal collaborationniste "Je suis partout". il a utilisé sa plume pour glorifier l'occupant allemand, d’où sa condamnation à mort pour trahison intellectuelle. nous ne souhaitons pas la même fin aux collabos de Ben Ali, mais nous posons une condition à la liberté des medias: une épuration à l'aide de procès pour découvrir les collabos qui doivent présenter leurs excuses pour jouir après d'une amnistie méritée et une réconciliation du tunisien avec son histoire et avec lui-même et sa presse. qu'on arrête ces phobies du niquab, des barbus, des salafistes, de la chariaa, qui ne font que détourner le tunisien de son objectif. *Un procès de l'épuration: Robert Brasillach de Charles Ambroises-Colin (263 pages)

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