Opinions - 12.04.2011

On a oublié les objectifs de la révolution : les prémices du chaos ?

Mohamed Bouazizi (Allah Yarhamou) s’est immolé en revendiquant trois choses essentielles : du travail, du pain et de la dignité. La révolution si j’ai bien compris a démarré ainsi avec comme objectifs essentiels : de la dignité et des conditions de vie meilleures pour tous les tunisiens.
 
Actuellement, Notre économie est à genoux , en plein déclin et n’a jamais  été aussi fragile: des secteurs  clés sont touchés de plein fouet : LE TOURISME, le commerce ; le transport et les travaux publics. Cela se traduit par une augmentation du nombre de chômeurs et une accentuation  de la misère.
 
Les investisseurs étrangers nous quittent pour d’autres pays, des propriétaires d’usines ont mis la clé sous la porte, d’autres ont préféré fermer leurs sociétés car leur employés refusent de travailler et demandent des augmentations de salaires, des citoyens prennent  le bus en refusant de payer,  les centres commerciaux ont été  attaqués et pillés, des magasins du centre-ville qui payent leur impôts et patentes sont concurrencés par des vendeurs à la sauvette dont quelques uns proposent des objets volés et j’en passe.

N’oublions pas que Notre pays ne dispose pratiquement pas de ressources naturelles (mis à part le phosphate), notre unique ressource essentielle est le facteur travail : travail des hommes et des femmes de notre pays,  rétablissement progressif  de  la confiance avec les partenaires étrangers internationaux afin de les inciter à investir de nouveau en Tunisie  et créer ainsi des emplois. Ces partenaires ne reviendront que s’ils sentent que le pays est STABLE et  sécurisant.  C’est d’ailleurs cette image qu’on on a toujours donné à nos partenaires même sous le règne des ben Ali et Trabelsi et leur régime corrompu et occulte. Pourquoi ?  Tout simplement parce que la qualité du travail fourni par les Tunisiens correspondaient à leur attentes. Nous avons été et nous sommes toujours capables de fournir du bon travail , d’excellentes prestations de services et nous avons des hommes et des femmes, instruits, compétents et intègres qu’ils soient ouvriers, artisans, artistes cadres ou autres…des citoyens actifs et honnêtes.
 
Nous sommes donc sensés travailler  davantage ; car c’est par le travail que l’on soutiendra et sauvegardera la révolution.
 
En effet, en travaillant, en reprenant le travail, en redoublant d’efforts, en intégrant un nouveau travail si une opportunité s’offre à nous (à ce niveau, c’est au Gouvernement d’agir en conséquence), nous pouvons améliorer  la croissance économique et les fruits de cette croissance seront partagés  et répartis et nous porterons un autre regard sur la révolution, car actuellement cette dernière est à mon grand regret  en  train de tourner au vinaigre et  si cela continue on parlera de révolution avortée et cela  sera bien dommage : Grâce à la  révolution  , nous avons donné  l’exemple au Monde entier et Notre révolution s’est propagée dans un grand nombre de pays arabes : ce serait dommage de la perdre en route et d’entrer dans l’enfer du chaos.
 
Le chaos, c’est la confusion totale, le désordre général, l’abime, confusion et  débâcle.
 
Le chaos Tue l’économie. La mort de l'Economie , c’est la mort de la Révolution.
 
On s’est débarrassé des ben Ali , Trabelsi et de leurs sbires…23 ans de silence, d’humiliation, de dictature , l’occasion s’offre à nous de réaliser tellement de grandes choses, de transformations,  d’embellir notre pays par le travail, le labeur, les idées nouvelles et donc de bénéficier de salaires, d’un pouvoir d’achat plus important qui nous permet d’améliorer notre quotidien.
 
Actuellement, il semble que les choses se passent autrement : l’objectif économique est complètement oublié , mis sous le paillasson , on le camoufle en détournant l’attention sur des faux problèmes qui ne sauveront pas la pays   : port du voile, attaques verbales et physiques contre les non voilées, chasse aux putes, chasse aux alcoolos, aux artistes, aux homosexuels, pillages, braquages, vols…on est bien loin du souci économique, on est à des milliers de kilomètres de l’essence même de la révolution , la seule issue possible et la seule voie de sortie est la relance économique c’est elle qui  permettra à  NOTRE TUNISIE exsangue, affaiblie et souffrante   en ce moment de se redresser , de se relever, BELLE, FIÈRE , LIBRE et surtout AUTONOME économiquement. 

Dorra Ben Amri
Professeur d'Economie, Paris

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4 Commentaires
Les Commentaires
salah amri - 12-04-2011 16:39

Entièrement d'accord sur le fond, suf que la chute de l'article qui détonne avec le reste. Le port du voile, les attaques, la chasse aux artistes etc ont partie liée avec le reste.

KAOUACHE tarek - 13-04-2011 17:31

"Mohamed Bouazizi (Allah Yarhamou) s’est immolé en revendiquant trois choses essentielles : du travail, du pain et de la dignité". Il vous l'a dit ?

slim - 13-04-2011 19:57

permettez moi d'approuver votre anlyse qui est quand meme optimiste car en fait ce que nous avons vécu est un soulèvement de régions marginalisées dans un pays sous développés d'ou le chaos qui s'en est suivi et se poursuit ;pour le phosphate ,non seulement la production est arretée (greve et matériel mis hors d'usage par les ouvriers),les machés sont perdus et ilfaut payer les pénalités quand à la valeur travail du tunisien je pense que vous vous tromper en conclusion la démocratie nos est tombée desuus prématurément ce fut une tuile qui nous a conduit en réa il faut un bon médecin

AbdelHamid HANAFI - 13-04-2011 23:47

Pour faire suite à l'opinion de Dorra Ben Amri, professeur d'Économie à Paris, je voudrais ajouter mon point de vue. Avant l'acte héroïque du martyr Mohamed Bouazizi en revendiquant trois choses essentielles : du travail, du pain et de la dignité, la cocotte minute était déjà prête à exploser au visage de Ben Ali pour toutes sortes d'injustices. Donc, au moment fort de la révolution, il fallait s'attendre à toutes sortes de revendications nobles : liberté, démocratie, égalité, justice... et pas seulement du travail, du pain et de la dignité. Et, c'est tellement logique, mais on s'attendait certainement pas au chaos en Tunisie. Certes que tous les tunisiens ou presque veulent participer à la construction de cette nouvelle Tunisie libre et fière, mais malheureusement, il y a d'irresponsables qui profitent de cette précarité de transition pour demander la lune, sans oublier ces criminels qui font justice eux même ou qu'ils provoquent le chaos et l'anarchie. Dans certains cas, ils sont pires que le gang Ben Ali et Trabelsi et devront être jugés comme des traîtres de la nation. Il ne faut pas oublier que la démocratie rime avec responsabilité et si cet ingrédient n'est pas associé, c'est la dictature et pire encore, car au lieu d'avoir le règne d'un seul dictateur, on va avoir des milliers. Nous les tunisiens avons subi toutes sortes d'injustices durant vingt-trois ans, alors, si on était capable de patienter durant une telle longue période, ça veut dire qu'on est capable de patienter durant cette courte période de transition vers la vraie démocratie, la liberté, la dignité et la prospérité. Donc, je m'adresse à mes chers compatriotes, surtout à ceux qui exagèrent dans leurs revendications, que ce n'est pas le moment des grèves, des set-in irresponsables et des actes illégaux. Vous êtes suffisamment intelligents pour comprendre que le chaos paralyse notre économie qui est déjà faible, fait fuir les touristes et les investisseurs et certainement n'attire pas des nouveaux. Une chose est sûre, les investisseurs ne viennent pas en Tunisie pour les beaux yeux des tunisiens, mais le plus tôt pour faire de l'argent. Dans certains cas, ils viennent aussi par attachement à la Tunisie, et s'ils sont capables de créer des nouveaux emplois dans des conditions dignes, ils sont les bienvenus. Dans son opinion, le professeur d'Économie Dorra Ben Amri analyse très bien l'économie tunisienne, ainsi que la situation sociale actuelle, et ça donne à réfléchir très sérieusement, et surtout à réveiller ceux qui dorment encore ou qui font semblant de dormir. Il ne s'agit pas ici de dramatiser ou de faire peur, mais c'est la triste réalité. Donc, tous ensemble nous pourrons faire de notre Tunisie bien aimée, un pays prospère. Vive la Tunisie libre, démocratique et tolérante. AbdelHamid HANAFI Artiste et ingénieur Parmi ses anciennes activités : - Président-fondateur d'Alliance Canada-Tunisie - Président-éditeur et directeur général de la revue «Sans Frontières»

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