News - 22.04.2025

Histoire - Slaheddine Belaïd : L’opération américaine «Eagle claw» sur Téhéran en 1980 et la sourate ‘’Al Fil’’ (105) du Coran

Histoire - Slaheddine Belaïd : L’opération américaine «Eagle claw» sur Téhéran en 1980 et la sourate ‘’Al Fil’’ (105) du Coran

Par Slaheddine Belaïd – Ancien ministre. L’opération «Eagle claw» (en français serre d’aigle) ainsi nommée par référence à l’emblème des Etats Unis, a été montée par le Pentagone en avril 1980 pour tenter de libérer les 52 diplomates et civils américains retenus en otage à l’Ambassade US de Téhéran. Huit mois après le retour de l’Ayatollah Khomeini en Iran en février 1979, une foule d’étudiants iraniens estimée à 400 individus avait investi le bâtiment de l’Ambassade américaine soupçonnée d’abriter des agents de la CIA. Les négociations diplomatiques pour obtenir la libération des otages ayant échoué, le gouvernement américain a décidé de recourir à la force. 

L’opération devait se dérouler en deux nuits – les 24 et 25 avril 1980 – et utiliser trois bases temporaires établies sur le sol iranien:

- La première base, appelée Desert One, se situe dans une zone désertique à 300 km au Sud-Est de Téhéran; une piste pouvant permettre l’atterrissage d’avions Hercule C-130 y avait été balisée, au préalable, par un agent secret. Le 24 avril, 6 avions C-130 arrivent depuis la base américaine de l’île de Massirah située au large de la côte Est d’Oman ; les trois premiers ont à leur bord un commando de 120 hommes des forces spéciales avec leurs armes tandis que les trois derniers transportent le kérozène nécessaire à la suite des opérations. Cette armada d’avions C-130 devait être rejointe par 8 hélicoptères lourds décollant à vide du porte-avions USS Nimitz stationné dans le golfe Persique. Dès leur arrivée à Desert One, les hélicoptères devaient faire le plein de carburant et embarquer les 120 membres des forces spéciales pour les amener de nuit vers la base Desert Two située à 60 km de Téhéran.
- La troisième base est constituée d’un hangar situé à 15 km de Téhéran où sont stationnés les camions devant amener les membres du commando jusqu’à l’Ambassade américaine pour y donner l’assaut dans la nuit du 25 avril.

Une série d’incidents inattendus vont faire échouer complètement l’opération. Un premier hélicoptère, victime d’une panne technique, est forcé de se poser en plein désert ; il est abandonné sur place, son équipage étant récupéré par l’appareil suivant. Le système de navigation d’un deuxième hélico tombe en panne obligeant son pilote à faire demi-tour pour revenir vers l’USS Nimitz. Une violente tempête de sable ralentit le vol des six hélicos restants qui arrivent à Desert One avec une heure et demi de retard. Enfin, au moment où les appareils s’apprêtent à redécoller en direction de Desert Two, un troisième hélicoptère tombe en panne de système hydraulique. L’opération devient impossible à continuer. Les forces d’assaut sont débarquées des hélicos et embarquées dans les C-130 pour revenir à la base de Massirah tandis que les quatre hélicos encore en état doivent revenir à vide jusqu’au porte-avions USS Nimitz. Mais le pire est encore à venir.

Les rotors des hélicos provoquent un épais nuage de sable rendant la visibilité quasi nulle. En décollant, le premier hélico heurte un des C-130 qui prend feu immédiatement ; les hommes, dont certains sont atteints de brûlures plus ou moins graves sont rapidement évacués. Cinq d’entre eux laisseront leur vie dans ce crash en plus des trois membres d’équipage de l’hélico. L’explosion d’un stock de munitions qui se trouvait dans le C-130 en flammes va endommager trois autres hélicos les rendant inutilisables. Il ne restait plus au commando qu’à rentrer à la base de Massirah à bord des deux avions restés intacts et à abandonner sur place leurs morts, les hélicos et le C-130 détruit.   

Le fiasco de l’opération Eagle claw n’est pas sans rappeler l’échec de l’expédition punitive montée contre La Mecque par Abraha vers l’an 550 de notre ère. Ce général abyssin, devenu maître du royaume de Himyar (province occidentale de l’actuel Yémen), voulait venger la profanation d’une église de son royaume perpétrée par des caravaniers qoraïchites. Selon la tradition, il aurait mobilisé pour cela un groupe d’éléphants montés en appui à son corps de troupe. La déroute d’Abraha est décrite par le Coran dans la sourate 105 «Al Fil» (L’éléphant) où il est dit:

1. Ne sais-tu pas le sort que fit ton Seigneur aux gens de l’Eléphant ?
2. N’a-t-il pas déjoué leurs manœuvres,
3. Suscitant contre eux des oiseaux, par nuées,
4. Qui jetèrent sur eux des cailloux argileux ?
5. Il en fit un champ de blé saccagé.

Derrière le style imagé propre au texte saint, on peut imaginer le déroulement de la scène comme suit : en cours de route, la troupe d’Abraha a été prise dans une tempête d’une rare violence où le vent soulevait non seulement un nuage dense de sable mais également des petits cailloux arrachés au sol. Aveuglés par ces projectiles et pris de panique, les éléphants se sont alors rués dans tous les sens écrasant, au passage, les hommes de troupe.  

Slaheddine Belaïd


 

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