Edito: Jeux et enjeux
Le magique ne saurait occulter le tragique. Ces lumières flamboyantes et ces scènes féériques qui ont célébré l’ouverture des Jeux olympiques Paris 2024 ont offert au monde des moments joyeux d’un grand emballement. Le temps d’une rêverie, d’une trêve et d’une espérance, chacun a voulu y voir une planète apaisée et festive. La compétition est à la performance sportive. Le dépassement de soi est pour accéder au sacre sur le podium. Le spectacle est enchantant. C’est toute la magie des Jeux.
Mais, ailleurs, le tragique se perpétue. Le feu des armes continue d’embraser de nombreux pays, décimer des populations, et provoquer des catastrophes humaines d’une rare horreur. A Gaza, le nombre de morts, de blessés et de déplacés ne se compte plus. La famine est effrayante. Plus rien n’arrête l’armée israélienne dans son dessein dévastateur et macabre. Le massacre continu montre la complicité d’une large partie de la communauté internationale avec la puissance occupante.
Au Yémen, la guerre fratricide s’enlise. Au Soudan, la violence a atteint des sommets insoutenables. Dans d’autres pays de la région subsaharienne, des affrontements sanglants s’attisent entre factions rebelles et forces gouvernementales. Des groupes terroristes jihadistes multiplient leurs assauts, pillant des villages, volant, violant, tuant...
Le feu est incessant. Des milices locales et étrangères font la loi. La famine s’aggrave, les droits humains sont bafoués. Des camps de réfugiés sordides poussent çà et là. L’action des agences humanitaires est réduite, faute de moyens. Les promesses de financement sont très peu tenues. Mais, lorsqu’il s’agit d’armes, l’argent coule à flots !
Qui finance ces guerres, fournit les armes et les équipements, les achemine jusqu’aux champs de bataille, envoie des miliciens et paye les soldes, arrosant les «seigneurs» de la guerre? Par factions interposées, de grandes puissances laissent s’exercer des massacres inhumains, dans un bras de fer pour montrer leurs forces. Au mépris de populations affrontant la mort, dans le dénuement total. Un chaos à ciel ouvert.
L’émigration vers l’Europe devient alors un rêve, une survie, une délivrance. L’aventure n’est plus garantie. A chaque étape de longues traversées, surviennent des drames poignants.
Triste bilan d’une situation catastrophique, à de multiples dimensions. Une violence extrême sévissant dans de nombreux pays, une famine sans précédent, des camps de réfugiés surpeuplés, des flux migratoires massifs vers les pays de ‘’transit’’ et l’Europe qui se barricade.
Qui se soucie d’apporter de véritables solutions politiques, économiques et humanitaires à ces terres injustement occupées, à ces pays déconstruits et à ces populations en désarroi? L’Europe marque son ancrage centre-droit confirmé, et la montée d’une extrême droite radicalisée. Le prochain scrutin américain risque de ne rien changer aux fondamentaux de la politique étrangère des Etats-Unis. Le rééquilibrage des forces entre les grandes puissances tardera à s’affirmer. Les foyers de guerre seront loin d’être rapidement éteints.
L’urgence de la situation est pourtant d’une grande alerte. Des processus politiques sont à engager immédiatement. Des aides humanitaires sont à acheminer sans le moindre retard. Le respect des droits humanitaires et la protection des populations civiles constituent le premier devoir pour nous tous.
Aucune voix ne doit manquer pour interpeller sans cesse la conscience internationale, saisir les instances concernées, et agir auprès des grandes puissances. Gaza, illustration même d’un carnage sauvage impuni, inspire ce grand combat partout pour l’humain.
Sans cet attachement à l’humain, les valeurs olympiques célébrées ne seraient que des paillettes.
Taoufik Habaieb
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