Opinions - 05.04.2024

Shedha Ben Amor : Le jeûne et les maladies rénales

Shedha Ben Amor : Le jeûne et les maladies rénales

Le jeûne du mois de Ramadan est un pilier de l’islam. Tout musulman en âge adulte doit pratiquer le jeûne du mois de ramadan. Cependant, il existe des dérogations à cette règle car le jeûne du Ramadan tel qu’il a été prescrit dans l’Islam ne concerne que les personnes en bonne santé.

Pratiqué correctement, il peut avoir de multiples effets bénéfiques sur la santé. Il permet de reposer l’appareil digestif, de régénérer la muqueuse intestinale, de détoxifier le corps, d’améliorer la sensibilité à l’insuline et donc d’améliorer les chiffres glycémiques, de baisser les chiffres tensionnels…

Par contre, un avis médical est souvent nécessaire, notamment pour les patients porteurs de maladies rénales. Dans cet article, on va s’intéresser à l’impact du jeûne sur un malade insuffisant rénal.

Maladie rénale et jeûne de ramadan

Chaque année, Le patient de néphrologie est confronté à la question du jeûne, à la possibilité de jeûner ou pas, aux adaptations à apporter au traitement médicamenteux.

Une consultation médicale préalable est nécessaire, et une décision médicale doit être prise au cas par cas. Le jeûne est contre indiqué pour les patients en insuffisance rénale aigue ou en décompensation de leurs insuffisance rénale chronique.

La durée de ce jeûne varie de 10 à 18 h en fonction du lieu géographique et de la saison à laquelle il se déroule. L’abstention de boire et la modification des horaires des prises médicamenteuses peuvent aggraver encore plus la situation et arriver à un point de non-retour.

En cas d’insuffisance rénale chronique légère à modérée, le jeûne est autorisé mais sous surveillance médicale étroite. En cas de décompensation ou de dégradation de la fonction rénale, le jeûne doit être interrompu et une prise en charge médicale urgente doit être mise en place.

Pour certaines maladies rénales héréditaires qui s’accompagnent d’une fuite urinaire importante d’eau et de sel nécessitant une compensation régulière de cette perte, le jeûne n’est pas recommandé.

En cas d’insuffisance rénale chronique sévère et chez les patients dialysés, il est recommandé de ne pas jeuner. Il s’agit le plus souvent de patients multitarés, polymédiqués avec des troubles hydro-électrolytiques important, et le jeûne peut être dangereux voir fatal.

Lithiase rénale et jeûne de ramadan

Lors du mois sacré de ramadan on assiste à des changements non négligeables notamment une baisse significative du volume urinaire par rapport à la même période en dehors de ce mois.

Il s’agit d’un facteur favorisant la survenue de coliques néphrétiques chez les patients porteurs de lithiases rénales.
Par conséquent et compte tenu de cette restriction hydrique évidente, il est recommandé aux personnes ayant des lithiases rénales ou sujettes au développement de calculs rénaux, de s’abstenir de jeûner.

Cette recommandation devient plus évidente lorsque le ramadan coïncide avec une saison chaude ou quand le sujet exerce une activité intense pouvant accélérer la perte hydrique.

Chez les sujets ayant des antécédents de lithiases rénales éliminées et qui tiennent à jeûner, il est conseillé de boire abondamment au cours de la nuit.

Une consultation médicale est toujours recommandée

Il est important de rappeler que chaque personne est unique, et ce qui peut être bénéfique pour une personne en bonne santé peut ne pas l'être pour quelqu'un avec des conditions de santé sous-jacentes, comme les maladies rénales. La consultation d'un professionnel de santé avant d'entreprendre des changements significatifs dans l'alimentation ou le mode de vie reste toujours la meilleure des approches.

Docteur Shedha Ben Amor
Néphrologue

 

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