Décès d’Ali Ben Salem: le combattant atypique qui n’a jamais plié
Contre l’occupation française, puis le pouvoir personnel de Bourguiba et ensuite la dictature de Ben Ali, Ali Ben Salem qui vient de décéder à l’âge de 93 ans, s’était érigé en combattant. Irréductible. Les Tunisiens le découvriront le 9 décembre 2014, lorsque du haut du perchoir du palais du Bardo, il devait présider en tant que doyen d’âge, la première séance plénière de la première Assemblée des représentants du peuple, fraîchement élue. Tête de liste à Bizerte du parti Nidaa Tounes créé par Béji Caïd Essebssi, il était élu haut les mains fortes d’un parcours militant exceptionnel. Un grand symbole qui traverse l’histoire contemporaine de la Tunisie
Patriote-né, Ali Ben Salem n’hésitera guère à rejoindre dès 1952 le mouvement national armé. Au lendemain de l’indépendance, il s’opposera tôt à Bourguiba. Jallouli Fares intercèdera pour le sortir de prison. Il partira en Libye pour se mettra dans la clandestinité. La bataille de Bizerte, en juillet sa ville natale, le rappellera où il s’illustrera en première ligne par son courage et sa bravoure. A peine le cessez-le-feu conclu, Ali Ben Salem s’opposera de nouveau à Bourguiba, rejoignant Lazhar Cheraïti et ses co-équipiers. Condamné aux travaux forcés à perpétuité, il s’en acquittera au bout de dix ans d’un calvaire indescriptible.
A peine libéré en 1973, Ali Ben Salem reprendra le combat. Avec Saadeddine Zmerli et Mustapha Ben Jaafar, il s’engage dans la création de la ligue tunisienne des droits de l’homme et présidera la section de Bizerte. Avec d’autres militants, il co-fondera le conseil national pour les libertés en Tunisie et l’association de lutte contre la torture.
Dès les premières dérives du régime de Ben Ali, « Am Ali », comme tous l’appellent affectueusement, s’engagera de nouveau dans une opposition agissante. Il en payera le prix, en harcèlements, et fera l’objet de nombreux actes de violence. Il portera plainte pour tentative d’assassinat. Sans suite. Il sera placé en résidence surveillée.
Il aura fallu attendre 2011 pour qu’Ali Ben Salem commence à s’affranchir du joug de la répression dont il avait longuement souffert. En 2013, le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, lui décernera le Grand Cordon de l’Ordre de l’Indépendance. Quelques semaines après, Ali Ben Salem rejoignait Béji Caïd Essebsi mais finira par prendre ses distances de son parti.
Sincère, déterminé et irréductible, Ali Ben Salem aura incarné un patriotisme toujours agissant, d’une intégrité sans faille et d’une modestie légendaire. Une illustre figure tunisienne.
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