News - 08.08.2022

François Hollande plaide pour une relance du partenariat avec le Maghreb

François Hollande plaide pour une relance du partenariat avec le Maghreb

« Le moment est-il venu, face aux bouleversements qui secouent le monde, de relancer notre partenariat avec l’ensemble du Maghreb, de mettre sur la table tous les sujets qui pourraient nous éloigner et de consolider ce qui nous rassemble pour nous faire franchir une nouvelle étape. Rapidement. » C’est ce qu’écrit l’ancien président français, François Hollande dans une tribune publiée ce lundi au journal Le Figaro. Plaidant pour une relance du partenariat avec le Maghreb, il estime aussi que : « une véritable politique méditerranéenne s’impose pour faire face aux enjeux d’avenir. »

Le président Hollande évoque de nombreux enjeux communs, comme les questions énergétiques, le réchauffement climatique, l’impact de la guerre en Ukraine et la nécessité de rendre espoir aux jeunes. Au sujet de la Tunisie, il ajoute : « Je mesure aussi les efforts des Tunisiens, qui subissent encore aujourd’hui les conséquences du désordre libyen en accueillant des exilés. ».

François Hollande estime que « La France et l’Europe doivent comprendre que c’est maintenant que se joue une politique méditerranéenne faite d’investissements mutuellement avantageux, d’innovations écologiques, de partenariats multiples en matière de santé, de formation et de recherche, et enfin de solidarité politique dans le respect des orientations de chacun. » Avant de mettre en garde: « Sinon, ces pays amis finiront par regarder ailleurs et considérer l’Europe indifférente aux enjeux d’un continent qui comptera plus de 2 milliards d’habitants en 2050. » Il « regrette d’autant plus la décision des autorités françaises de réduire drastiquement le nombre de visas qui étaient jusque-là accordés à des personnes si liées à notre culture et à notre pays. Cette méthode blesse inutilement sans être efficace dans le contrôle de l’immigration clandestine. »

Texte intégral

La France a avec le Maghreb une relation forcément exceptionnelle. Elle mêle l’histoire, dont il nous appartient d’en faire un sujet de vérité assumée et non de perpétuel affrontement, la géographie, car la Méditerranée nous unit y compris dans ses drames, et les échanges multiples nés des courants migratoires qui ont façonné notre propre pays et qui lient nos sociétés bien au-delà de la langue.

Je me garderai d’oublier les intérêts stratégiques car nous sommes animés les uns comme les autres par la même volonté d’assurer librement nos choix par rapport à toutes les influences extérieures et de lutter contre le terrorisme islamiste qui nous a fait tant de mal.

Nous avons espéré dans les printemps arabes, ils n’ont pas été traduits par tous de la même façon, mais l’idée de pluralisme a fait son chemin. Il est irréversible. Au moment où les bouleversements internationaux et notamment la guerre en Ukraine se répercutent implacablement sur l’économie mondiale, provoquant une hausse générale des prix qui pèsent sur le niveau de vie des populations des deux côtés de la Méditerranée, nous avons plus que jamais besoin d’approfondir cette relation et de lui redonner tout son sens, celui de la solidarité et de l’action.

C’est le message que le roi du Maroc a entendu faire passer lors de son discours du trône du 30 juillet dernier. Je le partage, je l’ai rappelé autant de fois que je me suis rendu en Algérie, au Maroc et en Tunisie : notre sort est commun.

Il l’est sur les questions énergétiques avec le rôle majeur de l’Algérie qui garantit par sa sagesse le bon approvisionnement du marché. Il l’est sur les questions de sécurité et de lutte contre les trafics de toutes sortes. Il l’est encore davantage sur le développement économique qui est la condition indispensable pour que la jeunesse du Maghreb garde l’espoir dans son destin sans aller chercher une fuite illusoire dans la migration.

Il l’est sur la lutte contre le réchauffement climatique et donc la désertification qui gagne chaque jour du terrain. Je n’oublie pas que la COP de Paris, considérée à juste titre comme historique, a été suivie par celle de Marrakech, dite COP de l’action grâce à l’implication du roi Mohammed VI. Il l’est sur la stabilité de l’Afrique de l’Ouest et le Sahel en général. Je sais l’implication du président Tebboune pour faire enfin respecter les accords d’Alger et je salue sa demande effectuée auprès des dirigeants maliens pour un retour dans les meilleurs délais à la légalité.

Je mesure aussi les efforts des Tunisiens, qui subissent encore aujourd’hui les conséquences du désordre libyen en accueillant des exilés. L’Afrique tout entière a besoin d’un Maghreb prospère et fort pour accompagner les mutations que la succession des crises sanitaire, sécuritaire et écologique exige, sans oublier celle qui frappe en silence de nombreuses familles du continent confrontées à l’insuffisance alimentaire.

La France et l’Europe doivent comprendre que c’est maintenant que se joue une politique méditerranéenne faite d’investissements mutuellement avantageux, d’innovations écologiques, de partenariats multiples en matière de santé, de formation et de recherche, et enfin de solidarité politique dans le respect des orientations de chacun.

De la capacité du Maghreb dans sa diversité à forger un modèle de développement original dépendra beaucoup la possibilité pour l’Afrique de surmonter les chocs qui la menacent.

Sinon, ces pays amis finiront par regarder ailleurs et considérer l’Europe indifférente aux enjeux d’un continent qui comptera plus de 2 milliards d’habitants en 2050.

Aussi peut-on encore davantage déplorer les divisions autour du Sahara occidental, qui sont un frein aux échanges entre deux grandes nations légitimement fières de ce qu’elles sont et qui aspirent au fond d’elles-mêmes à travailler pour le bien commun.

La France doit montrer sa disponibilité. Elle a pu avoir, y compris sous mon mandat, des divergences de vues ou des différences d’appréciation avec les États du Maghreb, mais elle a toujours su les surmonter car, sur l’essentiel, nous nous retrouvons toujours.

Dans ce contexte, je regrette d’autant plus la décision des autorités françaises de réduire drastiquement le nombre de visas qui étaient jusque-là accordés à des personnes si liées à notre culture et à notre pays. Cette méthode blesse inutilement sans être efficace dans le contrôle de l’immigration clandestine.

Aussi le moment est-il venu, face aux bouleversements qui secouent le monde, de relancer notre partenariat avec l’ensemble du Maghreb, de mettre sur la table tous les sujets qui pourraient nous éloigner et de consolider ce qui nous rassemble pour nous faire franchir une nouvelle étape. Rapidement.


 

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