Libye: de grands espoirs
De l’envoyé spécial de Leaders à Tripoli, T.H - Il faut y croire ! Une sortie du bout du tunnel en Libye dans six mois, à la faveur de la tenue le 24 décembre prochain des premières élections législatives libres et indépendantes ? Grandes puissances occidentales et sages libyens y œuvrent d’arrache-pied. L’entente interlibyenne n’est pas encore solidement scellée. La liesse populaire autour des nouvelles instances dirigeantes —le conseil des présidences et celui du gouvernement d’union nationale — n’est pas encore montée en puissance, et d’épineuses questions, aussi urgentes qu’importantes, restent à résoudre. Pourtant, un vent d’espoir se lève en Libye. Des délégations officielles de haut niveau se succèdent, des chancelleries rouvrent, des hommes d’affaires débarquent de tous les coins et des journalistes affluent. En pleine chaleur qui s’installe, le pays est en effervescence.
Tripoli a bien résisté aux aléas des épreuves successives, ponctués de combats à ses portes, il y a plus d’un an. Les services publics ont continué de fonctionner. Certes de nombreux édifices attendent un coup de peinture et de nombreux chantiers mis à l’arrêt sont à redémarrer, mais la vie continue. Avec les embouteillages sur les principaux axes, la flambée des prix et la course à la vaccination contre le Covid, comme partout ailleurs. La sécurité est renforcée : outre les agents de police habillés en blanc, des unités armées sont installées aux points névralgiques, et des dispositifs de filtrage sont en outre mis en place dans les hôtels et les lieux de pouvoir.
Trois évènements tunisiens viennent de marquer les grandes retrouvailles avec la Libye. Deux mois après la visite le 17 mars dernier à Tripoli du président Kaïs Saïed, c’est au tour du chef du gouvernement, Hichem Mechichi, de s’y rendre pour en assurer le suivi exécutif. Saïed était le premier chef d’Etat à se rendre auprès des nouveaux dirigeants libyens à peine installés. Il rencontrera à cette occasion le président du Conseil présidentiel, Mohamed Menfi, qui était accompagné de ses deux adjoints, Moussa Kouni et Abdallah Ellafi, et celui du gouvernement d’union nationale, Abdelhamid Dbaibah.
Sur le même élan, Mechichi devait traduire en actions concrètes le bon climat qui prévaut entre les deux pays. Accompagné de pas moins de neuf membres du gouvernement et de cinq conseillers, il s’entretiendra avec ces quatre principaux hauts dirigeants, s’attardant particulièrement avec Dbaibah. Les marques d’attention et d’hospitalité ne manqueront pas.
Mechichi devait rencontrer les deux vice-présidents Kouni et Ellafi au siège du commandement de la base navale de Tripoli (où avait débarqué pour la première fois Faiez Sarraj, arrivé de Sfax sur un bâtiment de la marine libyenne). Sans se faire annoncer, Dbaibah arrive. C’est la première fois qu’il se rend à la base navale. «Vous ne m’y avez jamais invité», plaisantera-t-il avec les deux vice-présidents, ravis de l’accueillir. Puis à la fin des entretiens, il proposera à Mechichi de l’accompagner à la Foire internationale de Tripoli pour inaugurer ensemble l’exposition tuniso-libyenne. Plus encore, il invitera son hôte tunisien à monter avec lui dans sa voiture personnelle, qu’il conduira lui-même. Des gestes simples, spontanés, qui viennent conférer une note toute particulière aux relations bilatérales.
L’exposition est un véritable moteur d’échanges économiques. C’est une première depuis 7 ans. En drainant à Tripoli plus de 1 000 opérateurs économiques, elle déclenchera une nouvelle dynamique tant espérée.
Au cœur de cette reprise, le retour de Tunisair en Libye. Pour la première fois depuis sept ans, après la suspension de tous les vols à partir de l’été 2014, la compagnie aérienne nationale a pris la gageure d’y opérer de nouveau. Sur Tripoli et Benghazi, avec tout un plan de redéploiement. Elle est la première compagnie étrangère à se poser à Tripoli depuis de longues années.
Eclairages dans ce dossier exclusif.
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