News - 20.10.2020

Habib Mellakh: Après les journalistes, le terrorisme islamiste cible les enseignants

Habib Mellakh: Après les journalistes, le terrorisme islamiste cible les enseignants

Par Habib Mellakh - L’Association Tunisienne de Défense des Valeurs Universitaires (ATDVU) a appris avec une  grande consternation et une affliction profonde l’assassinat et la décapitation  par un terroriste islamiste du professeur français, Samuel Paty. Tout en rendant un grand hommage à la victime de l’abominable attentat, elle s’associe à la douleur de ses proches, de ses collègues français et de tous ceux qui, de par le monde, ont condamné le crime barbare à l’origine de la mort atroce d’un enseignant qui rentrait chez lui après avoir accompli sa noble mission d’éducateur.

Les premiers éléments de l’enquête révèlent la convergence entre une campagne médiatique hostile à l’enseignant assassiné, les menées des activistes islamistes de second plan et la radicalisation du jeune qui a commis le meurtre.  De la sorte, le contenu de l’enseignement dispensé par Samuel Paty n’était qu’un prétexte pour exprimer, par un acte sanguinaire, le refus de l’éducation à la liberté de penser, le rejet de la liberté de croyance et de conscience, de la liberté de création artistique ainsi que le mépris de l’opinion et de la vie d’autrui. Le professeur d’Histoire-Géographie, en charge de l’Enseignement Moral et Civique est tombé à Conflans-Sainte-Honorine parce qu’il était porteur de valeurs essentielles transmises par l’Ecole au grand dam de ceux qui en sont les ennemis farouches, prêts à tout pour mettre fin à leur diffusion.

Après la liberté de création artistique attaquée en France en janvier 2015 avec l’assassinat des «journalistes caricaturistes» de Charlie Hebdo,  c’est au tour de la liberté académique, incarnée aujourd’hui par Paty, d’être visée. C’est celle-là même qui a été la cible des islamistes en Tunisie, pendant la crise du Niqab, à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba en 2011-2012 et c’est sa violation qui a entraîné, en août 2015, la décapitation publique de l’archéologue syrien,  Khaled Assaad accusé d’idolâtrie  pour avoir veillé pendant plus de 50 ans sur un site archéologique antique faisant partie du Patrimoine culturel mondial. Il s’agit de la même liberté qui est menacée, quotidiennement, en Orient comme en Occident, dans les salles de classe de tous niveaux et dans les lieux où se déroulent la recherche et la création artistique non agréées par les esprits étriqués et les fanatiques  endoctrinés,  fermés à la culture, à la science et à l’art, comme au Palais El Abdellia, en Tunisie en juin 2012 à l’occasion du Printemps des arts. En France, comme partout dans le monde, des idéologues, des bailleurs de fonds et des propagandistes font le lit des zélés qui n’hésitent pas à s’attaquer à la libre-pensée, allant jusqu’à faire couler le sang des innocents.

Seule une internationale des femmes et des hommes libres  sera à même de barrer la route à cette internationale du terrorisme islamiste et de faire en sorte que ces obscurantistes sanguinaires  ‘’ne passeront pas’’. Pour cela, il faudra frapper vite et fort avec la force de la loi, toute la loi et rien que la loi tous les coupables où qu’ils soient,  sans être dupes de leur double langage et en prenant soin d’éviter tout amalgame. Mais le seul recours à la loi sera insuffisant et  il est impérieux de ne pas oublier le rôle vital de l’Ecole dans la transmission des valeurs universelles. C’est pour cela que l’assassinat de Samuel Paty touche particulièrement tous les enseignants de toutes les disciplines, dans tous les pays, qui doivent continuer à accomplir leur mission.

L’ATDVU, qui n’a cessé depuis sa création  de défendre les libertés académiques, toutes les libertés et les droits humains,  s’associe à tous les intellectuels, toutes les organisations non gouvernementales et à toutes les associations, qui en Tunisie et de par le monde, ont vivement condamné l’assassinat crapuleux de Samuel Paty. Elle lance  un vibrant appel pour que l’Ecole, première citadelle des Républiques ne sombre pas dans les ténèbres, ce qui risque de dilapider les acquis engrangés grâce aux luttes menées pour faire valoir la vocation de l’institution scolaire en tant qu’étendard de la liberté d’enseignement, vecteur de développement de l’esprit critique et comme rempart contre le fanatisme et l’obscurantisme.

Habib Mellakh
Président de l’Association tunisienne de défense des valeurs universitaires

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