News - 28.09.2010

Taille des entreprises tunisiennes et internationalisation : les freins anthropologiques selon Hakim Karoui

L’évocation de la fusion de la STB et de la BH invite à réfléchir sur la taille actuelle des banques tunisiennes et l’impératif de leur restructuration. Dans son analyse, présentée mardi lors du séminaire organisé par Ineum Consulting, Hakim Karoui, directeur chez Rothschild & Cie Banque, présente des comparaisons utiles avec les banques marocaines, égyptiennes et, ce qu’on fait rarement, jordaniennes. La Jordanie étant, par sa taille et son économie, proche de la Tunisie. Le résultat est net : les banques tunisiennes alignent des dimensions très réduites qui les pénalisent.

Poursuivant son analyse sur huit grands groupes privés tunisiens, Hakim souligne leur caractère familial, concentrés sur quasiment les mêmes secteurs (agroalimentaire, industrie, services, etc.) et adossés à un large émiettement de petites entreprises, générant des marges confortables. La propriété est familiale, l’investissement est clos et la vie sociale se focalise, elle aussi sur la famille, avec souvent des mariages au sein de la famille. On y puise  certainement confort, sécurité et bonne marge. Pourquoi aller plus loin et chercher une internationalisation risquée ? Cet obstacle anthropologique freine sérieusement l’élan des groupes tunisiens.

Abordant les fusions, Hakim Karoui cite nombre de réussites dans la région, notamment celles réalisées au Maroc, se traduisant par une véritable expansion sur le continent africain et même en Europe. Juste quelques heures avant l’intervention de Hakim, le Groupe Attijari Bank (fruit de la fusion avec Wafa Bank)  a révélé ses derniers chiffres : un déploiement sur 22 pays, avec 1874 agences et 4.3 millions de clients, 1874 agences et 12.817 salariés. Le résultat net au 30 juin 2010 est en hausse de 16%, atteignant 2,3 milliards DH.

Interrogé, pour sa part, sur l’enjeu effectif de la fusion STB-BH, Charles Milhaud qui, à la tête du Groupe Caisse d’Epargne avait conduit nombre d’opérations similaires, s’est félicité de l’initiative tunisienne. « Elle vient à point nommé, a-t-il souligné. Elle doit se donner comme objectif, le challenge d’une grande ambition, celle de changer de dimension, en capitalisant sur les expériences et fusionnant un nouvel esprit de corps.»

Comment conduire cette restructuration et la réussir, le séminaire d’Ineum Consulting a permis de prendre connaissance du projet Moubadara promu par la BFPME et de passer en revue différentes expériences internationales. Tour à tour, Khalil Ammar (BFPME), Karim Hajjaji (Société Générale GIMS) et Chiheb Mahjoub, se sont joints à Charles Milhaud et Hakim Karoui pour partager leurs expériences et répondre aux questions d’une assistance fournie et attentive.

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5 Commentaires
Les Commentaires
Amor Ben Dhia - 28-09-2010 22:29

Les raisons "antropologiques" evoquees par Mr. Karoui sont toutes pertinentes et je dirai meme connues depuis longtemps. D'autres existent et mettront dans un avenir relativement proche maintes entreprises et groupes -surtout familiaux- assez peu innovants en difficulte d'exister sur un marche de plus en plus global. Pour la grande majorite la barriere d'entree et de concurrence n'est que financiere. Cela est un des talons d'Achille de ces groupes. On n'evoquera meme pas cette frenesie maladive de copier: tel fait dans des frigos, on fait des frigos et on specule; l'autre fait un hotel, on fait un hotel plus couteux; telle fait une pizzeria, mais la voisine fera une pizzeria plus vaste; X lance une chaine de distribution, Y fera une autre chaine de distribution qui vous vendra la meme chose, Une huilerie et voila des centaines d'huilerie qui poussent partout et dont beaucoup meurent tres vite, au poulailler repondent des milliers de poulaillers, la pisciculture et voila que la daurade sans saveur est a 12 D le Kg etc... A croire qu'on n'arrive qu'a copier... Cela depasse mon entendement...et je ne parlerai pas des cafes... Humblement Votre

ABH - 29-09-2010 08:55

Très intéressante analyse! On pourrait rajouter à ces problèmes ceux de la succession dans les entreprises familiales, véritable défi. A cet égard, les expériences internationales nous enseignent que très peu d'entreprises familiales survivent à la troisième génération, certaines de nos entreprises historiques y sont déjà ...

svenson - 29-09-2010 11:03

Si Amor, c'est le commentaire le plus pertinent que j'ai pu lire depuis des années sur le monde des affaires en tunisie; vos exemples sont édifiants. Maintenant l'entrepreneuriat en tunisie consiste à ouvrir un sallon de thé ou une pizzaria pour subtiliser 4, 5 voire 12 dinars au petit salarié et s'enrichir vite. ce secteur doit être lourdement taxé, il n'en crée pas de la valeur ajoutée, pire il détruit le pouvoir d'achat du consommateur et crée de l'inflation entre prix à la production et prix à la consommation. une pizza de 12 Dt qui coute 2 Dt crée une marge de 10 DT dont seulement 0,400 DT vont dans le budget de l'état sous forme de droit de consommation et tout aut type d'impot en considerant le taux d'evasion fiscale generlament admis, à peine 2 DT pour rémunérer l'emploi et les caisses sociales et le reste dans les poches du cafetier qui s'en servira pour epargner dans l'immobilier un secteur illiquide qui n'ajoute rien à l'investissement productif créateur d'emploi et qui pire encore se trouve lui aussi pris dans une spirale inflationniste infernale. ainsi le systeme economique ne profite guere de cette activité puisque au finale seulement 2 DT de valeur ajoutée sont comptées dans notre PIB Pour rejoindre hakim karoui, je dirais qu'on a raté des opportunités de croissance sur le marché africain que malheureusement il nous est maintenant difficile de les saisir à nouveau. savez que nous étions les champions du tourisme en afrique; Et oui et cela pendant des décennies e malgré ca notre savoir faire n'a pas pu être exporté parceque les driss, fourati, khchin, miled ont eu une vision étriquée ou un manque de courage pour aller s'installer dans des pays africains; les marges engendrées en local etaient suffisamment confortables. aut facteur non moins déterminant pour revenir à l'etat des lieu que vous dressez du sect bancaire, nos banques ne peuvent pas accompagner les investisseurs etrangers a cause de leurs ressources limitées et leur expertise deffailante dans l'appréciation des risques politique, crédit et change pour ce genre de projet; trosieime facteur le controle de change fait qu'on peut pas réinvestir facilement ses recettes en devises dans des projets d'investissement à l'étranger. Alors on a raté l'aubaine. Maintenant les champions de 'internationalisation sont les marocains qui se concentrent sur la finance et les TIC. Ce qu'il faut faire c créer des mastodontes de groupes bancaires privées saines.

MAHER . Z - 29-09-2010 15:51

Je suis parfaitement d’accord avec vos analyses et celles de monsieur Karoui qui a souligné l’aspect familial de la structure de propriété de nos groupes privés. Néanmoins, je pense que pour internationaliser une société ou un groupe il faut d’abord que l’état encadre cette externalisation. En effet, il doit y avoir des études macroéconomiques, des encouragements et un encadrement de l’état pour permettre à telle ou telle entreprise d’acquérir ou de s’installer dans des marchés étrangers, comme c’est le cas pour les sociétés des pays voisins (Italie, France, Espagne, etc….). Autre limite, est celle de la convertibilité du dinas tunisien, je pense que tant que le dinar n’est pas à 100% convertible, il n’y aura pas de multinationales tunisiennes. Il s’agit d’un manque à gagner terrible pour notre économie, pour notre bourse ainsi que pour les opportunités de mondialisation et de join-ventures entre nos sociétés et des groupes étrangers. Il faut que les CEPEX, API, BANQUE CENTRALE, etc…….pensent sérieusement à cette question, sinon notre économie stagnera et sera une économie réceptive, passive et dépendante même des autres économies africaines dans les 20 prochaines années. Agissons maintenant avant que ca soit trop tard !!!

ibtissem - 03-10-2010 09:51

et encore une fois l entreprise tunsienne ! et les comparaisons qui n ont aucun sens ! prenons le cas du maroc ou l omnium nord africain est dans toutes les affaires ou presque et releve de la couronne donc n ont de compte a rendre a personne ou presque ; oser nous comparer a la jordanie me derange vu l histoire de ce pays a qui je souhaite la pérénité , j ai lu dans les commentaires des remarques desobligeantes sur les peres du tourisme et aussi des remarques sur le copier coller , tout en vouant u enorme respect a ceux qui sont a lorigine des 100000lits TUNISIENS, pour ce qui esst ducopiage je vois que certains rient jaunes et sont devenus la deuxieme puissance du monde , je le dis le repete et le pense on ne peut aller plus vite que la musique et il faut laisser le temps au temps et pour un pays qui na que 50 ans et qui assure l autosatisfaction de ses besoins vitaux laissons lui le temps d apprendre a voir en dehors du cercle familial qui s est elargi depuis vu les mariages "mixxtes" je veux dire interregionaux que l université a permis de developper

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