News - 15.04.2020

Coronavirus: pourquoi l'Allemagne réussit là où la France piétine

Coronavirus: pourquoi l'Allemagne réussit là où la France piétine

Lors de sa visite à l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille dirigé par le professeur Didier Raoult, le président Macron avait tenu à se faire présenter les membres de l’équipe de ce professeur. Quelle ne fut pas sa surprise quand il s’est aperçu  qu’elle était composée uniquement d'étrangers et notamment de Tunisiens.

Le cas de cet institut n'est pas isolé. Ils sont des centaines de médecins originaires des anciennes colonies françaises à s'installer en France chaque année.

En venant en France, leur mobile n’était pas tant de s’enrichir que de se réaliser, de parfaire leurs connaissances. Cest peut-être, ce qui les retient dans ce pays. Pour eux, il reste la référence absolue d'autant plus que leurs maitres y ont été formés. Malheureusement, la France ne leur a pas rendu la pareille.

Le président Macron avait parlé de guerre contre le coronavirus. A la guerre comme à la guerre. Corvéables et taillables à merci, tutoyant la mort à chaque minute dans les salles de réanimation, faute de matériel de protection, ils vont forcer l'admiration de leurs patrons, comme le professeur Mathias Wargon qui ne tarit pas d'éloges à  leur égard, et reconnait « que sans eux, il n'y aurait pas eu de service d'urgence à Saint Denis ».

Dans une lettre ouverte destinée au premier ministre français, lui et 12 médecins hospitalo-universitaires français témoignent :« En cette période de pandémie qui mobilise l'ensemble des forces et des compétences dans le pays pour y faire face, certains s'engagent avec abnégation dans les postes les plus exposés aux urgences et dans les services de réanimation. Parmi ceux-là, un grand nombre sont des médecins au statut précaire qui, avec leurs confrères, maintiennent le fonctionnement du service hospitalier dans la bourrasque et sauvent des vies dans des conditions difficiles matériellement, mais aussi périlleuses pour eux-mêmes. Un reportage récent à l'Hôpital Delafontaine à Saint-Denis démontrait clairement comment cet hôpital ne pouvait remplir sa mission sans eux, mais c'est également le cas de nombreux centres hospitaliers et de nombreux services.

« Ces médecins à diplôme étranger qui luttent au quotidien méritent la reconnaissance de la République pour leur engagement en première ligne alors que leur salaire est souvent dérisoire par rapport à ceux de leurs collègues, et qu'ils risquent de retourner à la précarité et à l'incertitude sur leur avenir en France une fois la crise surmontée.

Ils sont à nos côtés dans une période où tous les soignants risquent leur vie tous les jours au service de notre pays. Leur courage ne doit pas rester sans reconnaissance de la Nation. C'est pourquoi nous vous demandons, par souci de justice, d'engager immédiatement l'intégration pleine et entière dans le système de santé de tous ces praticiens afin que leur dévouement ne soit pas occulté, comme cela a pu être le cas dans certaines périodes de l'Histoire de notre pays. Ils pourront ainsi poursuivre leur mission au service des malades, une fois la pandémie passée, comme le font aujourd'hui tous les soignants ».

Il faut préciser que le médecin hospitalier français touche en moyenne 5800 euros par mois, alors que son confrère étranger perçoit en moyenne 1500 euros, soit le salaire d’un éboueur,tandis qu'une deuxième catégorie de médecins étrangers qui ont passé le contrôle de connaissance, un concours extrêmement dur, gagnent entre 2.000 et 2.600 euros.

L lettre ouverte au premier ministre ne suffira probablement pas à faire bouger les lignes, mais elle a le mérite de briser la conspiration du silence qui entoure le traitement peu enviable réservé aux médecins étrangers en France.

Les Français se demandent pourquoi l'Allemagne a mieux géré l'épidémie que leur pays. La compétence des médecins allemands , la méthode utilisée comme le dépistage systématique de la population et leur système de santé y sont certainement pour quelque chose, mais il est un élément  qui fait la différence entre les deux pays : L'Allemagne ne dévalorise pas ses médecins étrangers, ne les humilie pas, ne les discrimine pas, ne les utilise pas seulement pour des tâches subalternes, comme la France le fait, se privant ainsi de leurs services, les respecte, les chouchoute et les traite sur le même pied d'égalité avec ses médecins, ce qui lui a permis de mobiliser tout le personnel soignant dont elle dispose. Quand on sait que ces médecins étrangers représentent le quart  du personnel médical dans les deux pays, on comprend pourquoi l'Allemagne à mieux géré cette épidémie. 

 

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