Coronavirus: Bas les masques
Le coronavirus aura changé nos vies.
Le confinement vous fait peut-être ressentir certains symptômes (ruminations anxieuses, détresse, cauchemars, sentiment de perte de sens…), que d’autres subissent au quotidien depuis des années. Je veux parler des patients atteints de troubles mentaux.
Soyons plus concrets encore.
Ce confinement enlève tous les étayages et maquillages que l’on avait créés et nous met face à nous-même à nos conscience et inconscience.
Oui, nous sommes bien au tout début d’une catastrophe annoncée. Ces dernières années, les «postures» et les «impostures» sur la puissance de la technologie se sont multipliées: nous serions à l’ère de «l’homme augmenté»; l’homme qui vivra 1000 ans serait déjà né.
Prenons l’indice le plus flagrant : la pénurie de masques. Aujourd’hui, en 2020, nous avons dû soigner sans masque un virus respiratoire. En 2020, des milliers de femmes et d’hommes vont mourir d’un virus que rien ne semble arrêter. Le contraste est saisissant entre des fantasmes de toute puissance et la réalité implacable de la biologie. Le réveil est dramatique.
Sur les réseaux sociaux, nous voyons des personnes, chaque matin, publier, se muter en expert en tout : virologie, économie, bien-être. Nous reconnaissons les hystériques, les pervers narcissiques qui essayent de plaire à tout le monde. Cependant les besogneux ne sont jamais visibles, je parle du paramédical des internes des résidents et de tout le personnel hospitalier.
Sur les médias, ce n’est pas mieux. Les cris reprennent et les disputes aussi. Nous reprenons les mêmes et nous recommençons. Je serais, aussi, pour le confinement de certains présentateurs, de certaines chaines télévisées. Rien que leur vue me rend malade. Cette hypocrisie, ce changement d’idéologie. Ils sont tous blancs et n’ont jamais fait aucune erreur. Arrêtons cette mascarade. Nous en avons assez de cette hypocrisie ambiante. Certains animateurs et animatrices sont brillants mais trop peu nombreux.
Cultivez-vous comme l’a dit Raja Farhat. Vous avez l’opportunité d’avoir du temps à vous, du temps pour vous. Vous avez toutes les ressources, vous avez votre tête et votre intelligence. Essayez d’en faire quelque chose de productif, de créatif. Relisez vos classiques. Discutez avec vos enfants. Regardez des films, comme par exemple, parasite ou même le roi lion. Arrêtez de regarder les réseaux sociaux et de publier des fakes news.
Le pouvoir est à la blouse blanche aujourd’hui. Ils ont été tellement agressés, tellement humiliés, tellement utilisés. Aujourd’hui c’est eux qui auront à décider de la vie ou de la mort de certaines personnes.
Qui choisir?
Il ne faut pas croire que c’est la première fois que ce pouvoir leur revient. Dans les années 80, nous décidions de dialyser certains et d’en laisser mourir d’autres, faute de moyens. La médecine a toujours été une obligation de moyens et non de résultats.
Oui, la médecine a une déontologie (serment d’Hippocrate), une éthique et ce «primum non nocere» sont inscrit dans notre inconscient comme «la science sans conscience n’est que ruine de l’âme» Les médecins tunisiens sont bien formés et sont là pour aider tout le monde.
Cette pandémie nous a montré que, malgré toutes nos différences, nous sommes tous égaux face à la maladie, face à la mort.
En fait, nous ne savons pratiquement rien sur ce petit virus invisible, incontrôlable et surtout transformable. Son origine est discutable, son génome peut avoir muté et ses symptômes diffèrent.
Qu’en est-il en psychiatrie?
Maintenir isolé un patient fébrile qui ne comprend pas, du fait de ses troubles, la nécessité de cet isolement. Que faire? Le sédater? Tout en sachant que les traitements sédatifs aggravent la détresse respiratoire et accélèrent donc son décès.
Que les Tunisiens sachent que des soignants feront tout leur possible, pour les sauver mais vivront des dilemmes terribles. Ils le feront au risque de leur propre santé et de celle de leurs proches, en étant exposés malgré eux.
«Ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais, c'est peut-être la fin du commencement».
Rym Ghachem Attia
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