News - 08.03.2020

Saied, Ghannouchi, Chahed, Fakhfakh, Moussi... Ce qu’en pensent les Tunisiens, des indicateurs si parlants

Ce qu’en pensent les Tunisiens: Ces indicateurs si parlants

Les enquêtes d’opinion ne servent qu’à réduire les facteurs d’incertitude, nous prévenaient déjà nos maîtres. Elles offrent cependant, sans prétendre à la véracité totale, des éclairages très utiles lorsqu’il s’agit d’explorer ce que les Tunisiens ont dans la tête. Ils voient juste ! C’est ce que nous apprend un sondage d’opinion conduit à la demande de l’International Republican Institute (IRI, du Parti républicain américain), par Elka Consulting, au lendemain des dernières élections, du 3 au 15 décembre 2019, et dont les principaux résultats viennent d’être révélés.

Ni tendres, ni complaisants, ni victimistes, ni exaltés, les Tunisiens jugent cash leur propre situation, leurs gouvernants, leurs institutions, expriment leurs souffrances, et leurs craintes tout comme leurs motifs de déception et d’espoir. Les indicateurs relevés méritent une lecture attentive.

La flambée des prix, le chômage et la corruption

Le problème majeur pour les Tunisiens n’est autre que celui de la cherté du coût de la vie, placée en toute première position avec 33% des opinions exprimées, suivie du chômage (28%) et la corruption (9%). Cette trilogie trouve son explication dans une forte défaillance économique, la conjoncture étant jugée très grave pour 70% des enquêtés. Ceux qui estiment la situation économique bonne ne sont que 1% seulement. L’impact sur les finances des ménages s’en ressent lourdement : négatif pour 32% des Tunisiens. Les dépenses les plus lourdement éprouvées sont celles relatives aux coûts de l’électricité (31%), l’alimentation (26%), les soins de santé (12%). Pas moins de 33% des enquêtés déclarent qu’ils ont des difficultés à nourrir leurs familles et 52% affirment qu’ils ne font que survivre.

La corruption intervient fortement dans cette mal-vie économique. Elle génère un impact négatif pour 76% des Tunisiens et s’exerce principalement dans les hôpitaux et autres établissements de santé (15%), la circulation (13%), l’administration (11%) et les affaires en justice (5%). Le meilleur moyen de l’éradiquer est sa dénonciation publique (37%) et une vaste campagne de sensibilisation et d’éducation (31%).

La perception des dirigeants

Le regard des Tunisiens posé sur le gouvernement, les ministres, le parlement, les diverses institutions, les partis politiques et les grandes organisations est sévère. Très sévère. « Ils ne font rien, déplorent-ils.

L’ARP ne fait rien face aux attentes du peuple, dénoncent 75% des enquêtés. Les partis politiques aussi (69%), ainsi que les ministres (62%). Leur jugement de l’action gouvernementale est en décroissance de très mauvais (41%) à mauvais (15%), contre bon (25%) et très bon (4% seulement). Ils reconnaissent cependant au gouvernement Youssef Chahed une «très bonne performance» en matière de lutte contre le terrorisme (34%) et «bonne» (31%). Il en va de même, mais avec des scores moindres pour la lutte anticorruption considérée comme «très bonne» pour 14% des opinions et «bonne» pour 27%.

La communication du gouvernement sur ses activités et ses projets est loin de recueillir la satisfaction des Tunisiens. Elle est jugée «très pauvre» (36%) et «pauvre (18%), contre 17% de «très bonne» et 22% de «bonne».

Quelle confiance faire ?

L’indicateur de confiance est lui aussi intéressant, tant dans les scores attribués que le classement des personnalités spontanément mentionnées. L’appréciation se lit comme suit :      

Rang Personnalité Très bonne  Bonne Total
1 Kaïs Saïed 62%  22%  84%
2 Nabil Karoui 17% 19%  36%
3 Mohamed Abbou 12%  21%  33%
4 Seifeddine Makhlouf  12%  18%  30%
5 Abir Moussi  9%  13%  22%
6 Youssef Chahed  7%  26%  33%
7 Rached Ghannouchi  5%  14%  19%

Si Kaïs Saïed vient de loin en tête de liste, le deuxième dans ce classement, Nabil Karoui, n’est qu’à 36% au total. Mohamed Abbou (33%), Youssef Chahed (32%) et Seif Eddine Makhlouf (30%) sont quasiment au coude à coude, alors qu’Abir Moussi est à 22% et Rached Ghannouchi à 19%.

Quant à la confiance accordée aux organisations et partis, elle met l’Ugtt en tête du classement, et reproduit presque le même classement attribué aux personnalités, avec un avantage cependant en faveur de Tahya Tounès et Ennahdha:        

Rang Parti / organisation Très bonne Bonne Total
1 Ugtt 16% 19% 35%
2 Qalb Tounes 11% 15% 26%
3 Etilaf Al Karama 10% 16% 26%
4 Tahya Tounès 9% 17% 26%
5 Ennahdha 8% 16% 24%
6 Echaab 7% 16% 23%
7 PDL 7% 15% 22%
8 Ettayar 6% 17% 23%

Un optimisme légitimé

Malgré une conjoncture économique difficile et son impact préjudiciable sur la situation personnelle et la vie du ménage, les Tunisiens restent optimistes à plus d’un titre. Près de la moitié (46%) considère en effet que l’année en cours (2020) serait meilleure quant à la conjoncture économique, et 39% estiment qu’elle le sera également pour leur propre situation financière.

Mais le grand motif de satisfaction et d’optimisme pour les Tunisiens, c’est l’importance de leur implication en politique et le poids de leur vote. Ils déclarent que voter leur donne une voix (54%) dans la prise de décision, pouvant influencer et changer ainsi le cours des choses (46%), considérant que leur implication dans l’action politique et le choix des élus est déterminante (76%).

Quand on les interroge sur les lieux de débats et de discussions politiques, les Tunisiens placent en premier lieu les cafés (41%), puis la maison (18%), le lieu de travail est relégué aux dernières positions et les enceintes des partis politiques ne sont pas mentionnées de manière significative.

Fiche technique

Enquête conduite du 3 au 15 décembre 2019 par Elka Consulting pour le compte de l’International Republican Institute, Center for Insights in Survey Research, dans les 24 gouvernorats en interview et en face-à-face, conduits en langue arabe auprès d’un échantillon représentatif de Tunisiens et de Tunisiennes âgés de 18 ans et plus, selon les données du Rgph-INS 2014, saisis directement sur tablette avec une application CAPI.



 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Rachid Benjemia - 08-03-2020 14:10

هذا الي يحبوا يوصلوه للشعب التونسي لاكن الحقيقة يعلمها الا الله ومنين جابوهم الناس الي عملوا بيهم الاحصائيات

NOUILI - 09-03-2020 09:26

Quand on adhère à un syndicat c'est qu'on en a pleinement confiance. l'UGTT doit donc s’interroger sur les 65% qui ne lui font pas confiance car elle est censée faire l'unanimité. ou presque. Quant à Etilaf El Karama, dont le fonds de commerce principal est l'Anti-UGTT, son taux de + en + élevé de confiance = crédibilité doit interpeller ...... l'UGTT.

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