Mohamed Adel Chehida - Calvaire des tunisiens à l’étranger: entre bureaucratie et abandon
Alors que nos politiciens se débattent depuis le mois d’octobre pour pouvoir guider le pays et le diriger, alors que certains élus se permettent de traiter les binationaux de « ramassis », je m’interroge sur le ressenti d’une mère qui aux termes d’un séjour au pays a laissé son fils bloqué à l’aéroport de Tunis Carthage un 08 janvier 2020. Cette triste histoire d’un enfant mineur est celle de tous les enfants de tunisiens nés à l’étranger. Elle illustre à quel point une grande partie de la communauté tunisienne à l’étranger est abandonnée. Comme elle ignore les lois en vigueur et ne les prend pas assez en considération, comme c’est le cas en Italie pour ce cas précis.
M.K est né en 2003 en Italie de parents tunisiens régulièrement établis en Italie. Il n’a pas la nationalité Italienne car il ne peut pas bénéficier du droit au ius soli, il devra attendre l’âge de 18 ans pour en faire la demande. Il accompagne sa mère lors des vacances de fin de l’année au pays car sa grand-mère paternelle est morte. Il ne prend avec lui que le reçu postal de sa demande renouvellement de sa carte de séjour. Les parents n’étaient pas inquiets car il est inscrit aussi sur leurs permis de séjour. A ce stade je vous rappelle que le gouvernement italien à émis l’année dernière un décret appelé « décret-loi Salvini sécurité et immigration 04/10/2018 G.U 03/12/2018 » rendant plus difficiles les conditions d’entrée des immigrés en Italie.
A son retour en Italie cet adolescent se retrouve bloqué à l’aéroport Tunis-Carthage par le personnel local d’Alitalia. Il est obligé de rester en Tunisie alors que sa maman totalement désemparée prend l’avion.
Qui à tort et qui a raison ? Et si les officiers d’Alitalia avaient été plus compréhensifs, ont-ils fait de l’excès de zèle ? Ce n’est pas le propos.
Ce qui importe à mon sens, c’est de lancer un appel aux concitoyens tunisiens en Italie et à l’étranger en général pour prendre plus au sérieux la bureaucratie.
L’année dernière, des membres de familles ont failli ne pas accompagner leur père décède pour cette raison, parce que leurs passeports étaient périmés. Il est inacceptable de rester sans carte d’identité ou de ne pas avoir ses papiers en règle surtout avec les caisses de prévoyance sociale, n’attendez pas la retraite, vous risquez de vous retrouver avec une montagnes de documents à exhiber pour retrouver vos droits…Heureusement, sur ce plan, il faut le reconnaitre, il y a un début de collaboration entre la Tunisie et l’Italie au niveau syndical, c’est aussi le cas pour les échanges bancaires à travers les postes.
L’Europe se trompe en voulant fermer hermétiquement ses frontières. Le besoin migratoire de l’être humain est une seconde nature, les italiens le savent plus que tous les autres. Je ne traiterai pas ici de la faiblesse de nos politiciens en matière de négociations et défense de l’intérêt de ses concitoyens, il y aurait de quoi écrire un livre. Je dis qu’il faut renforcer les services sociaux de nos représentations à l’étranger, le profil de nos compatriotes à l’étranger surtout en Italie l’impose.
J’insiste simplement sur l’importance du respect de la bureaucratie et de la nécessité de maintenir d’une étroite collaboration entre le monde civil et les autorités consulaires tunisiennes qui doivent en attendant des jours meilleurs redoubler d’effort.
A qui la faute ? M.K est né en Italie, il est encore mineur, sera-t-il obligé de rater son année scolaire ? Aura-t-il un jour le sentiment d’être perdu entre La Tunisie le pays de ses parents et l’Italie le pays où il a grandi ? Après l’intervention de ce député de l’ARP sur les binationaux qui constituent 10% de la population tunisienne est à l’étranger, je ne peux qu’être pessimiste sur l’avenir de nos enfants nés à l’étranger. Si rien n’est fait, ils auront beaucoup de mal à se reconnaitre dans notre culture, notre langue, notre pays.
M.A Chehida
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