Avec une écrasante majorité, Kais Saied donné président de la République : les premières grandes décisions qui l’attendent (Album photos)
En recueillant quasiment deux fois et demie de voix (entre 72 et 76%) par rapport à son adversaire, Kais Saied remporte haut les mains, avec une large majorité, le second tour de l’élection présidentielle en Tunisie, face à Nabil Karoui, selon différentes estmations à la sortie des urnes. Ce score inédit par rapport à 2014, marque nettement l’élargissement significatif de la base électorale que le nouveau président a su constituer et renforcer, sans que beaucoup ne s'en aperçoivent. Si à l’origine, son réservoir électoral était formé de jeunes, instruits, identitaires et anti-corruption, ce cœur de cible a le plus bénéficié de tous les ralliements, depuis le premier tour des élections, le 15 septrembre dernier, s’étendant à une grande majorité des conservateurs et les anti-malversation et corruption.
A peine remis en liberté après 46 jours de détention préventive, son compétiteur Nabil Karoui n’a eux droit qu’à deux jours de campagne électorale. Il n’a pu ajouter à son électorat construit autour de la pauvreté et de la précarité que de faibles segments anti-islamistes.
La date de l’investiture en clef de réponse immédiate : Qui au Bardo ? Qui à la Kasbah ?
Pour cet enseignant universitaire, sans engagement politique précédent dans aucun parti, qui a créé la grande surprise des élections en Tunisie, le plus dur ne fait que commencer. Porté au palais de Carthage par un élan populaire jeune et enthousiaste qui ne s’appuie sur aucun mouvement organisé et n’aligne pas autour de lui des figures connues, il aura à trancher dans les tous prochains jours une série de questions qui détermineront le démarrage de son mandat.
La première est sans doute, protocolaire, mais non dénuée de significations : la date de son investiture par l’Assemblée des Représentants du Peuple. Ceux qui s’y empressent, à dessein, comptent sur un épuisement rapide des recours en contestation qui pourraient être introduits par Nabil Karoui, en première instance et, si nécessaire, en appel. Ils tablent ainsi sur la dernière semaine de ce mois d’octobre. En hâtant cette investiture, il s’agit pour eux de sceller rapidement et fortement les alliances devant décider de l’attribution de la présidence de l’ARP et de celle du gouvernement, afin d’engager les concertations nécessaires à même de former la nouvelle coalition au pouvoir. On prête à Ennahdha sa détermination à porter son leader Rached Ghannouchi au perchoir du Bardo, tout en laissant les options ouvertes quant à la Kasbah, avec la possibilité d’y accepter une personnalité indépendante, connue pour ses compétences.
L’équipe à Carthage
La deuxième question immédiate qui se posera à Kais Saied porte sur la composition de son staff rapproché qui l’accompagnera à Carthage. Compte-t-il maintenir, à quelques noms près, l’équipe actuelle qui compose le cabinet présidentiel, en lui adjoignant deux ou trois conseillers, ou y apporter de profonds changements ? L’institution présidentielle, devant assurer la continuité de l’Etat fonctionne en machine bien huilée, où tout est synchronisé en métronome. Cette option si elle est prise ne peut que faciliter la passation.
Et Ennahdha ?
Mais, ces questions d’intendance, aussi significatives qu’elles soient, ne sauraient cacher les grands choix politiques de gouvernement de Kais Saied, plus particulièrement ses relations avec Ennahdha. Selon ses proches sa lecture des attentes de ses électeurs lui confirme que la ligne de clivage n’est pas celle de l’islamisme mais de la malversation et de la corruption. La plupart des maux dont souffre la Tunisie provient du captage des richesses et de l’occupation des positions avantageuses, à chaque changement de régime, par une minorité peu scrupuleuse qui s’approprie tout, s’érige au dessus de la loi, et ne s’acquitte d’aucun devoir à l’égard de l’Etat et de la nation. C’est ce pillage systématique, à l’abri de la justice et attisant corruption et malversation, qui plombe l’économie, aggrave les écarts sociaux, et défavorise davantage les populations déjà précaires. Toute son action devra se concentrer sur le bannissement de cette impunité, la restauration de l’équité et la lutte contre la pauvreté. Kais Said compte en faire son crédo et son marqueur.
Défense et Affaires étrangères
Dès les premiers pourparlers pour la formation du futur gouvernement, le nouveau chef de l’Etat aura, comme l’y autorise la Constitution, le droit de désigner en concertation avec le chef du gouvernement, les ministres de la Défense nationale et des Affaires étrangères. Leur choix sera suivi de très près notamment par la communauté internationale, en raison de la sensibilité particulière de ces deux départements et les compétences exigées de leurs titulaires. Kais Saied aura sans doute le choix entre maintenir les titulaires actuels de ces deux postes, Abdelkarim Zbidi et Khemaies Jihnaoui (s’ils souhaitent rempiler), pour envoyer un message rassurant de continuité, ou procéder à de nouvelles nominations.
Bref, le nouveau président de la République entrera immédiatement dans le vif. Mais, il se déclare bien préparé pour s’y atteler, dès le premier jour de son accession à Carthage.
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