News - 22.09.2019

Samir Lotfi Gharbi - Double fiction : Si j'étais Kaïs Saied (1/2)

Samir Lotfi Gharbi - Double fiction : Si j'étais Kaïs Saied (1/2)

Si j'étais Kaïs Saied...

Ils disent de moi que je suis un salafiste, un homme dangereux, un réac, un facho...

Ils ne me connaissent pas.

Je peux, si je suis élu Président de la République tunisienne, vous surprendre par ma modération (vous ne la connaissez pas encore), ma droiture (vous la connaissez déjà depuis 2011), ma capacité de travail (éplucher les dossiers, les apprendre par cœur, c’est mon métier depuis que je suis né), et ma volonté de dire le droit (la télé l’a prouvé à maintes reprises)...

Moi K.S. Président, je serai un réaliste : j'ai dit et je vous le redis que la Tunisie est gouvernée par sa géographie. Sa tête regarde vers le Nord, et ses pieds sont plongés dans le Sud. A l'Est, nous avons la mer ; et à l'Ouest, l'Algérie. Je dis et je redis que Président, je serai tenu par la « légalité internationale »…

Je tiendrai compte de toutes ses contraintes y compris celles des enjeux économiques. Les 4/5e de l'économie tunisienne se font avec le Nord.

Remettre en cause rien que ce dernier fait (par une rupture avec l’Union européenne), c'est mettre des centaines de milliers de Tunisiens dans la rue (3 fois plus que ce que nous avait fait subir Kaddafi en 1985). Cela, je ne le ferai donc pas, je ne suis pas si idiot que ça.

Je suis un patriote et je vous surprendrai par une action inédite : j'inviterai au Palais de Carthage, tous les citoyens tunisiens milliardaires (fortune supérieure à 1 milliard de dollars) et tous les millionnaires (fortune supérieure à 1 million de dollars jusqu’à 999 millions) tunisiens pour leur dire ceci en toute simplicité : qu'est-ce que vous donnez aujourd'hui à la Tunisie qui est en faillite ? Pour contribuer à son effort de « guerre suprême » (Al Jihad Al Akbar) : la lutte contre la pauvreté des Tunisiens et de leur pays (infrastructures).

Je vous demande (pour ne pas dire j'exige) une petite part de votre immense richesse (sur la bas de vos gains depuis vingt ans) que vous avez - honnêtement ou malhonnêtement – amassée sur le dos des Tunisiens (spéculation sur les prix, surévaluation des tarifs) et de l'Etat tunisien (évasion fiscale, sous-évaluation des revenus fiscaux locaux, abus de position monopolistique et d’entente anticoncurrentielle, contrebande, destruction du tissu industriel tunisien, en particulier les secteurs du plastique, de l’artisanat, du textile et de la papeterie, grâce à des importations massives de produits chinois ou turcs…

Si le Palais de Carthage n'est pas assez grand pour accueillir tout le monde en même temps (votre nombre est estimé à plus de 7 000 familles selon les traqueurs de la fortune dans le monde), je vous diviserai en plusieurs groupes. Soit selon un tirage au sort (redevenu à la mode lors de nos élections), soit plus convenablement ainsi : les gentils d'abord, les truands ensuite. Et gare à celui qui se défilera ou fuira à l'étranger.

Moi, Président de la République, j'appellerai un chat un chat, et je désignerai nommément les présents, les bienfaiteurs comme les malfaiteurs. Connaissant le droit (de la diffamation), je serai évidemment extrêmement précis et prudent (respect de la fameuse présomption d'innocence).

Je prendrai à témoin, le peuple : regardez-les, ceux-là vous pillent et pillent l'Etat, ceux-là sont réglo...

La Constitution ne m'empêche pas de m'adresser tous les jours aux Tunisiens (comme feu Habib Bourguiba du temps de sa gloire) pour les informer et les guider (j’ai en mémoire « Min Tawjihat Ar-raïs » Bourguiba). Je dirai librement ce qui va et ce qui ne va pas. En nommant les choses.

La Constitution m’autorise – vous ne le savez peut-être pas – à assister à TOUS les Conseils de ministres. Ce n'est pas moi qui vais décider certes, mais je vais écouter les ministres, donner des conseils… Et à la fin de chaque Conseil, je parlerai à la Télévision et à la Radio et sur ma page officielle de la Présidence.

Avec moi Président, le Gouvernement (qui louvoyait avant ces élections) et le Parlement (qui se croyait au-dessus des lois) n'ont qu'à bien se tenir. Je leur mènerai la vie dure : qu'ils travaillent comme il se doit. Sinon, le peuple sera, comme moi, au courant de leurs magouilles.

Personne ne pourra vous empêcher de venir crier haut et fort devant la Kasbah, au Bardo, à Carthage. Je dénoncerai tous les abus et leurs auteurs, j'applaudirai quand il le faut avec parcimonie, car, blague à part, nous sommes tous des élus du peuple, nous devons à ce peuple de travailler pour son intérêt dans son ensemble et non, comme jusqu'à présent, pour l'intérêt de telle ou telle officine ou pour remplir les poches de la famille et des amis.

Je dirai aux futurs députés ainsi qu’aux maires élus en 2018 : la récréation est terminée. Et l'impunité aussi. Basta.

Tel est mon programme. Votez pour moi, et vous ne vous tromperez pas. N’ayez aucune crainte. Je resterai indépendant de tous les partis légaux et clandestins.

La seule chose qui puisse arriver, c'est de me faire tout bonnement assassiner. Mais je n’ai pas peur de mourir en faisant mon devoir.
Partout dans le monde, les lobbies et les mafias ne reculent devant rien pour défendre leur bifteck : Farhat Hached (1952), Patrice Lumumba (1961), John F. Kennedy (1963), Che Guevara (1967), Thomas Sankara (1987), Mohamed Boudiaf (1992)... et j'en passe.

A suivre: Et si j'étais Nabil Karoui

S-L Gharbi

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