Nautisme en Tunisie : De l'or bleu à celui qui sait le recueillir
De l’or bleu azur coule caresser langoureusement le sable fin de la plage, irriguer les grottes, baigner les criques. Inégalable mer Méditerranée, don de la nature à la Tunisie, depuis l’aube des temps. Qu’elle tempête de ses vagues, qu’elle s’apaise de son eau cristalline qui laisse voir sa luxuriante flore et ses magnifiques coraux et poissons, au clair de lune ou sous le soleil rayonnant, elle est unique. Ses couleurs sont captivantes, son odeur est enivrante, son iode est une prescription. Platon ne disait-il pas que l’eau de mer lave l’âme de tous ses maux. Mais aussi épure l’esprit, recharge l’énergie.
Sacrée Tunisie qui ne cesse de nous surprendre par la richesse de son patrimoine maritime, dans sa beauté et sa variété. Sur plus de 1 300 km, de Tabarka au nord, à Ras Jedir au sud, les côtes sont exceptionnelles. Au large immédiat, pas moins de 60 îles et îlots s’égrènent en pépites. Si Kerkennah et Djerba sont habitées, La Galite, Le Galiton, Fratelli, Cani, Pilau, Plane, Zembra, Kuriat, et autres Knaiess, pour ne citer que celles-ci, restent encore à explorer. Ces criques, grottes et aiguilles, ces phares qui les surplombent, ces ports de pêche, de plaisance ou mixtes et ces plages constituent autant de richesses dont les Tunisiens ne tirent pas encore meilleur profit.
En dehors de la pêche et des baignades, la Tunisie, pays maritime par essence, de vocation et d’avenir, semble tourner le dos à la mer. Renonçant à profiter de son site exceptionnel au cœur de la Méditerranée, carrefour de civilisations ancestrales, délaissant le commerce maritime qui avait pourtant fait des siècles durant sa richesse, abandonnant son tourisme à la dérive, la Tunisie tourne le dos à la mer. Quel gâchis!
Tous à bord!
Le nautisme en est la meilleure illustration. Du wind surf à la navigation de plaisance, de la simple planche à voile, pédalo, petit zodiac, hors-bords et menues embarcations aux somptueux yachts, des clubs de plongée aux bases nautiques, les Tunisiens s’en tiennent au strict minimum. Comme si le nautisme était réservé aux autres, les quelques privilégiés parmi les plus nantis ou les étrangers fortunés.
Communion avec la nature, passion de la mer, ressourcement et sport, le nautisme est aussi tout un écosystème bénéfique. Gisement d’emplois, source de revenus pour de nombreux secteurs, de la construction navale et la réparation aux prestations pour les plaisanciers qui dépensent de 16 à 19 fois plus qu’un simple touriste ordinaire, pourvoyeur de recettes fiscales et créateur de valeur ajoutée, il demeure plombé par nombre de boulets qui l’accablent.
On navigue à vue
Vieille et lourde réglementation, forte taxation, atonie de tout marketing et promotion, manque d’incitations d’investissement, incohérence de la politique gouvernementale éparpillée entre plusieurs ministères et organismes, absence d’une gouvernance unifiée et effective: on navigue à vue.
Avec huit ports de plaisance d’une capacité totale de 3 226 anneaux, on ne compte que moins de 2 500 bateaux de plaisance amarrés près des quais. Pour la plupart, ils appartiennent à des étrangers ou à des Tunisiens non résidents. Imaginez toute la marge qui s’offre. Résolue à prendre le dossier en main et rattraper le temps perdu, la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Selma Elloumi, s’y trouve exhortée par la Fédération tunisienne des activités du tourisme nautiques (Ftant). Bien que toute naissante sous la férule de Chakib Nouira, elle compte des vétérans, grands passionnés de la mer.
Alors que la Tunisie reprend conscience de sa dimension maritime et s’apprête à organiser, début octobre prochain, le 1er Forum international de la mer, en consécration de la Saison Bleue, Leaders ouvre le dossier du nautisme. Notre passion de la mer ne date pas d’aujourd’hui. Le premier article publié par l’auteur de ces lignes remonte à il y a plus de 47 ans, consacré aux îles Kerkennah et paru dans le quotidien La Presse en juin 1970… Mais sans aller aussi loin, nos séries de reportages sur les îles tunisiennes, les phares et balises, Kélibia, El Haouaria et autres paradis balnéaires publiés sur Leaders témoignent de notre amour du large. Le livre Iles de Tunisie, phares et balises, oiseaux de Tunisie, édité par Leaders en 2016, réunit des textes de référence.
Dans cette Tunisie maritime, que d’opportunités à saisir, que de potentialités à capitaliser. De l’or bleu qui coule, à qui sait le recueillir…
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