Abdelkader Maalej : Non au voile intégral
La circulaire émanant du Premier ministre et interdisant le port du nikab dans toutes les administrations publiques constitue bien sûr l’évènement du jour et un pas décisif et très positif sur le bon chemin quoiqu’accusant un certain retard. Mais comme le dit l’adage classique connu mieux vaut tard que jamais.
Il n’est pas dans mon intention de traiter de l’utilité politique et sociale de cette décision et de son efficacité en tant qu’un moyen de lutte contre le terrorisme qui nous frappe de temps en temps ; cela vas sans dire et ne fait l’ombre d’un doute. Mon propos s’adresse plutôt aux quelques voix heureusement rarissimes, qui s’élèvent contre la décision du Premier ministre prétextant fallacieusement qu’elle est contraire au droits de l’homme et qu’elle prohibe le port d’un habit convenable par la femme musulmane.
Possédant une assez bonne culture islamique puisque j’ai appris par cœur une grande partie du Coran et un grand nombre de hadiths du prophète, outre une bonne connaissance de la civilisation islamique depuis le temps de Mohamed que le salut soit sur lui, jusqu’à nos jours, je considère que je suis en mesure de parler dans mon topo du côté purement religieux de la question.
Tout d’abord, sans nier à la femme son droit de porter le voile normal alhijab, je peux affirmer que je n’ai pas rencontré tout au long du texte coranique un seul verset qui stipule que la femme musulmane doit porter le voile. Les deux seules fois où le terme est cité dans le Coran le mot signifie rideau une première fois lorsqu’un homme souhaite interroger l’une des femmes du prophète sur un pont donné et une seconde fois disposant que Dieu ne communique avec un être qu’à travers et par derrière un rideau. Ce qui est clairement édicté par le Coran c’est que la femme doit bien couvrir sa poitrine. En effet le verset 31 de la sourate Ennour (la lumière) dispose entre autres obligations:
وَقُلْ لِلْمُؤْمِنَاتِ يَغْضُضْنَ مِنْ أَبْصَارِهِنَّ وَيَحْفَظْنَ فُرُوجَهُنَّ وَلَا يُبْدِينَ زِينَتَهُنَّ إِلَّا مَا ظَهَرَ مِنْهَا ۖ وَلْيَضْرِبْنَ بِخُمُرِهِنَّ عَلَىٰ جُيُوبِهِنَّ ۖ وَلَا يُبْدِينَ زِينَتَهُنَّ إِلَّا لِبُعُولَتِهِنَّ أَوْ آبَائِهِنَّ أَوْ آبَاءِ بُعُولَتِهِنَّ أَوْ أَبْنَائِهِنَّ أَوْ أَبْنَاءِ بُعُولَتِهِنَّ أَوْ إِخْوَانِهِنَّ أَوْ بَنِي إِخْوَانِهِنَّ أَوْ بَنِي أَخَوَاتِهِنَّ أَوْ نِسَائِهِنَّ أَوْ مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُنَّ أَوِ التَّابِعِينَ غَيْرِ أُولِي الْإِرْبَةِ مِنَ الرِّجَالِ أَوِ الطِّفْلِ الَّذِينَ لَمْ يَظْهَرُوا عَلَىٰ عَوْرَاتِ النِّسَاءِ ۖ وَلَا يَضْرِبْنَ بِأَرْجُلِهِنَّ لِيُعْلَمَ مَا يُخْفِينَ مِنْ زِينَتِهِنَّ ۚ وَتُوبُوا إِلَى اللَّهِ جَمِيعًا أَيُّهَ الْمُؤْمِنُونَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ
Ci après la traduction – de Sadoq Mazigh- d’une large partie de ce long verset:
« Dis de même aux croyantes de baisser non moins pudiquement leur regard et de protéger leur vertu ; qu’elles ne fassent pas étalage de leurs parures hormis celles qu’on ne peut tenir cachées ; qu’elles rabattent leur voile sur poitrine et qu’elles veillent à ne pas étaler leurs ornements sauf devant leurs époux leurs pères , leurs fils leurs, beaux fils, leurs frères, leurs neveux, leurs esclaves des deux sexes, leurs serviteurs non suspects de désirs charnels les enfants non encore initiés au sexe …. » A cette injonction divine on peut ajouter les dires du prophète à Asma la sœur de sa femme Aicha entrée chez lui un jour en tenue légère : O Asma, la femme quant elle atteint l’âge de la puberté ne doit faire voir de son corps que ça et ça en montrant le visage et les mains. D’aucuns pensent que le visage inclut la tête, mais c’est là une interprétation rejetée par la majorité des jurisconsultes musulmans.
Ceci étant quelle a été la position de certains musulmans et non des moindres à l’égard du voile et du nikab ?
Commençons par le deuxième Calife Omar Ibnou Al Khattab. Dans le but de faire la distinction entre les femmes libres et les femmes esclaves dites jawaris, Omar ordonnait à ces dernières de ne pas porter le voile et de ne pas se couvrir la tête. Mais les jawaris ne sont elles pas des femmes ?
Par ailleurs le voile intégral est prohibé à la Mecque au moment du pèlerinage et toute femme qui le porte est sanctionnée par une amende à savoir un Hady c'est-à-dire égorger un mouton pour se purifier de l’infraction commise.
D’aucuns parmi les doctes les plus conservateurs de l’Islam reconnaissent que le nikab n’est ni obligatoire ni refusable et c’est à la femme concernée que revient la décision.
Enfin certains ulémas de l’université Al Azhar Acharif ont même décrété que le port du voile normal n’est pas obligatoire pour la femme musulmane. A notre humble avis cette position va dans le bon sens et par voie de conséquence nous ne pouvons que saluer la décision du Premier ministre et réclamer son extension à tout l’espace publique.
Abdelkader Maalej
Ecrivain et ancien communicateur
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