Il a obtenu le Comar d'or : Rafik Darragi explique pourquoi il a écrit «Jughurta : un contre-portrait»
Notre collaborateur et ami, si Rafik Darragi vient d'obtenir le prix Comar d'or du roman en langue française pour son roman, « Jughurta : un contre-portrait». Il nous explique pourquoi il l'a écrit.
Pour quelles raisons ai-je écrit cet ouvrage ? Ecrire, a-t-on dit, est un acte d’amour. Dans le roman historique, c’est surtout un engagement, dans la mesure où aujourd’hui, l’engagement est de mise. En effet, personne, en son âme et conscience, ne peut se dire aujourd’hui qu’il est neutre, qu’il n’a aucune sympathie, aucun penchant pour une cause quelconque. En frontispice, dans mon roman, Jugurtha : un contre-portrait, j’ai cité Polybe l’historien qui a vécu à l’époque de Jugurtha : «L’histoire est l’école où il y a le plus à profiter pour les mœurs, puisqu’elle seule nous met à portée, sans inquiétude et sans péril, de juger de ce que nous avons de meilleur à faire.»
En tant que pédagogue, titulaire de l’Ordre de l’Education, j’ai scrupuleusement suivi ce conseil dans tous mes romans historiques, y compris le dernier, Jugurtha: un contre-portrait.
Dans ce roman j’ai voulu réhabiliter ce personnage, car il a été malmené dans l’historiographie romaine et latine. Comme Vercingétorix ou Hannibal, Jugurtha a connu le succès, puis la défaite. C’est le lot des héros nationaux.Leurdéfaite, plus que leurs victoires, réveille souvent les consciences et devient, peu à peu, le symbole, voire le rôle fondateur du nationalisme.
D’où ces œuvres parues en Algérie sur Jugurtha aux titres qui en disent long sur le réveil du nationalisme algérien, comme L’éternel Jugurtha de Jean Amrouche en 1943 et surtout le Message de Jugurtha de Mohamed-Salah Chérif en 1946.Mais, contrairement aux autres rois numides, Jugurtha n’a laissé, malgré la longue biographie de Salluste, le BellumJugurthinum, aucune trace, aucune inscription, aucun écrit, même pas une pièce de monnaie à son effigie. Salluste est l’unique source sur la vie et la mort de Jugurtha.
Or tous les historiens reconnaissent que ces sources sont douteuses. En effet, Salluste avait longtemps vécu en Afrique latine, environ un demi-siècle après la mort de Jugurtha. Il avait été nommé gouverneur d’Afrique latine et il avait longuement voyagé en Numidie. Mais, malheureusement il n’a pas donné de dates ; sa chronologie reste obscure et même les lieux des diverses batailles restent flous, tellement flous que les historiens ne s’accordent pas sur les conceptions géographiques de l’Afrique antique.
C’est précisément ce flou qui m’a permis de laisser libre cours à mon imagination et d’écrire ce roman.Il vient d’obtenir le Comar d’Or. J’en suis, évidemment, très heureux et reconnaissant à mon éditeur, aux membres du jury et aux Assurances Comar. C’est grâce à cegénéreux mécène qui récompense depuis plusieurs années maintenant la production romanesque (arabe et française) en Tunisie, quenotre pays possède aujourd’hui des œuvres et des auteurs de référence.
Rafik Darragi
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Sincères félicitations camarade