Blogs - 16.07.2010

Ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement

Sur les neuf décisions annoncées par le Président de la République dans son discours à l’occasion de la Journée du Savoir, trois concernent l’apprentissage des langues avec « la création d’un Centre national des langues, appelé à veiller à l’amélioration de la qualité des programmes et contenu de  la formation des enseignants des langues », « la mise au point d’un plan éducatif  pour la promotion de l’enseignement des langues au sein des institutions universitaires » et « la création d’un autre village des  langues appelé à fonctionner toute l’année. » C’est dire l’importance que l’Etat accorde désormais à ce dossier qui, faute d’avoir été traité par  le passé, constitue, aujourd’hui encore, le talon d’Achille de notre système éducatif.

A quoi  bon accumuler les connaissances si on ne parvenait  pas à les énoncer clairement  et sans recourir à un sabir incompréhensible, ni à les communiquer à nos élèves dans une langue intelligible, car le problème concerne autant les enseignants que les élèves ? A quoi servirait-il de collectionner les diplômes  si on n’arrivait même pas à rédiger correctement une demande d’emploi ?

On entend souvent dire que les Tunisiens sont doués  pour les langues. Ce fut, sans doute, vrai, il y a quelques décennies. Ce n’est plus le cas depuis qu’on a réduit à la portion congrue, la part des matières littéraires  dans les programmes des filières scientifiques notamment et négligé le recyclage des enseignants de langues. Aujourd’hui, les Tunisiens apprennent plusieurs langues comme  l’italien, l’allemand, l’anglais, l’espagnol,  le japonais et même le chinois, en plus de l’arabe et du français, mais n’en maîtrisent aucune. Une situation qui nous fait regretter le bon vieux temps où les Tunisiens, pour ne parler que deux  langues n’en étaient pas moins à l’aise dans l’une comme  dans l’autre parce qu’ils avaient été éduqués par leurs maîtres dans le respect de la langue qu’on leur avait enseignée. Ce qui n’excluait pas, il est vrai, parfois, quelques excès comme  la tendance à  privilégier la forme au détriment du fond. Nos aînés nous parlaient souvent des clameurs provoquées par les acteurs de théâtre dès qu’ils commettaient une faute de grammaire ou même de prononciation. Autres temps, autres mœurs.

Ce qui conçoit bien doit s’énoncer clairement. Cet axiome de Boileau est plus que jamais d’actualité. Le savoir se diversifiant et se complexifiant chaque jour davantage,  rien ne vaut une langue limpide et bien maîtrisée pour le véhiculer. Il faut espérer que les mesures annoncées y contribueront.
                                                                                                                                                               

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Hédi

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3 Commentaires
Les Commentaires
sadok driss - 15-08-2010 11:39

Le langage est le propre de l'homme,déclarait René Descartes.A cet égard,la référence à William James,philosophe et psychologue amé- ricain du XIXè Siècle et auteur de Principles of Psychology,publié en 1890,1200 pages,lorsqu'il disait que la sagesse ne consistait pas à tout connaître,mais à savoir quoi ignorer.L'apprentissage des langues devrait être conçu comme un moyen,plutôt qu'un fin en soi.Il s'agit d'un instrument indispensable pour l'insertion dans les divers mondes, voire intellectuel,scientifique et professionnel,ceci est dicté par la ré volution numérique,entre autres.Ce souci remonte à la nouvelle con ception du savoir et ses trois composantes intimement liées,voire le savoir,ou acquisitions de connaissances ou knowledge,le savoir faire ou processus de solution des problèmes de tout genre,et le savoir être ou savoir quoi faire,au sens large du terme.En une seule phrase éloquente de Mary Bowman,de l'Université de Chicago, Learning to learn is more important than learning to do.Ainsi,le rôle du langage est fondamental,comme le démontrait Jacques Mélèse, éminent penseur français,la communication et l'organisation sont deux concepts indissociables

A.Tekaia - 26-08-2010 17:15

Connaitre bcp de langues c'est bien, les maitriser c'est encore mieux ;les étudier à l'école c'est acquérir la base théorique et ensuite il faut la pratique:et c'est cela qui manque terriblement à nos enfants.les structures qui organisent ces stages à l'étranger (comme ils existes dans les pays développés) n'existent toujours pas chez nous ou peu et il faut que l'état intervient(en même temps que le citoyen) à ce niveau pour faciliter les paperasses,garantir le niveau et le sérieux de ces stages.d'un autre côté il faut trouver un moyen pédagogique ,entrainant et efficace pour habituer nos enfants à la lecture :c'est la clef pour réussir les langues en général.

sadok driss - 15-09-2010 13:31

Les Ecoles de Pensée Economique ont conçu leur propre interprétation du moteur de croissance économique,ainsi les mercantilistes ont opté pour le commerce,les physiocrates,pour l'agriculture,l'Ecole Classique a opté pour le marché,l'Ecole Néoclassique pour l'entrepreneur,les Fabiens,pour le gouvernement,les Stalinistes pour l'Industrialisation,et l'Université de Chicago pour l'éducation,voire l'Investissement dans le capital humain,comme la priorité des priorités,dans la plupart des pays en développement en Afrique et Asie du Sud Est.L'éducation ne constitue pas la solution,mais l'Instrument indispensable d etoutes les solutions,selon Jacques Ellul,philosophe et auteur français.Les relations intimes entre la formation et l'emploi requièrent la prise en considération de différentes variables explicatives,controllables et noncontrollables,voire socioculturelles.Toute comparaison ,entre pays ,en termes des performances enregistrées devrait être relativisée et non généralisées sachant que de nombreux risques à caractère de technologie ou de marché sont parfois omises entraînant des conclusions exagérées ou fallacieuses.Comme le disait Henri Guitton,éminent économiste et éditeur du Dalloz de Microéconomie et de Macroéconomie disait que la statistique travaille sur des erreurs sans être elle même une erreur.Finalement,le célèbre économètre hollandais et proche associé de Jan Tinbergen, Premier Lauréat du Prix Nobel en Economie,en 1969,a averti les experts de la Banque Mondiale,BIRD,entre autres,d'utiliser plutôt que croire les modèles,et en son propre langage,Models are to be used,not believed.

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