News - 16.03.2019

Dr Mohamed Salah Ben Ammar : Limogeages ?

Dr Mohamed Salah Ben Ammar : Limogeages ?

Les annonces ont lieu généralement le vendredi soir. Un tel ministre, un autre gouverneur ou haut fonctionnaire a été limogé...L’effet d’annonce recherché est le plus important que le traitement du mal, la suite se dilue dans l’actualité. Chacun peut avoir une opinion très critique sur les actions d’un ministre ou haut responsable mais il n’est pas digne d’une démocratie de les traiter ainsi. Au mieux c’est l’immaturité au pire c’est de la manipulation. Je crains que ça ne soit les deux.

Cette façon de faire pose deux problèmes majeurs, le respect que l’État doit à ses serviteurs et le traitement en profondeur du problème.
De fait les drames de Kerkennah ou de la Rabta ont été médiatisés mais nous savons tous que d’autres drames se déroulent à bas bruit quotidiennement sans pour autant que cela ne suscite de réaction.

D’autres drames aussi graves n’ont pas eu le même traitement, je pense aux accidents de trains ou de bateau, à priori certains bénéficient d’une immunité ou d’une protection occulte ? Cette asymétrie ne fait que discréditer si besoin est, les soi-disant réactions prises à chaud.
J’approuve totalement l’idée que le premier responsable doit assumer les fautes de son département et partir en cas de graves incidents. Ce n’est pas à mon sens un sujet de débat.

Vous l’avez compris la manipulation médiatique sert à camoufler la réalité de la situation catastrophique dans l’enseignement, la santé, les transports ou ailleurs. Les mots chroniques de nos structures nécessitent une autre approche. Les coups de menton impressionnent mais leurs effets sont éphémères dans l’opinion publique car in fine ils traduisent une impuissance. L’impuissance d’agir en profondeur pour changer les choses.

L’idée populiste et dangereuse de faire croire que tous les hauts cadres sont des incompétents n’est pas acceptable. Leur demander d’assumer un passif de 30 ou 40 ans de laisser aller n’est pas réaliste. La valse des ministres et directeurs devient ridicule, elle prouve que les problèmes sont ailleurs. Je ne souhaite pas généraliser mais pour en avoir fréquentés quelques-uns, j’ai pu constater de visu qu’ils n’avaient plus de vie privée ni de jours de repos, c’est 16 heures de travail par jour. Beaucoup surtout les représentants de la société civile depuis 2011 n’ont plus la protection d’un parti ou autre. Un demandeur d’emploi peut accéder à leur bureau et même les agresser verbalement et/ou physiquement. Les visites de terrain sont une épreuve. La tentation de cogestion des syndicalistes n’est pas non plus une vue de l’esprit !

Servir la communauté dans des conditions difficiles est leur honneur, leur sacerdoce. Beaucoup pourraient avoir une brillante et riche carrière ailleurs, ils se sont engagés dans ces moments cruciaux pour notre pays par conviction. Alors les utiliser comme fusible pour camoufler les graves dysfonctionnements n’est pas digne. L’évaluation du rendement d’un responsable de haut niveau ne doit pas être une variable d’ajustement d’une politique défaillante, ce n’est ni intelligent ni éthique. C’est agir contre les intérêts de l’État car à la fin il ne restera que les opportunistes et les personnes de valeur n’accepteront plus de voir leur honneur trainé dans la boue lors du journal télévise de 20 heures un vendredi soir.

M.S.B
 

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5 Commentaires
Les Commentaires
Habib OFAKHRI - 16-03-2019 16:52

C'est une réaction à chaud...Personne n'a demandé à quiconque de sacrifier sa vie privée pour se consacrer à la vie publique. Tout comme on ne devient politicien ou syndicaliste par hasard... C'est un choix de vie et d'engagement.Dans le cas d'espèce , il faut assumer le poids de la charge et le fardeau de la responsabilité. La gestion d'un Etat n'est pas une affaire de gestion de personnes-aussi compétentes soient-elles et encore moins de copinage partisan.Il y est question de corrélation dialectique d'une structure disposant d'une autorite régalienne mise ( à priori ) au service d'une société...Plus ceux placés dans les rouages de l'administration publique servent le public, plus celui-ci adhère aux choix définis par la nommée administration et avec laquelle s'établit un rapport de symetrie et non d'asymetrie...Fort heureusement pour notre pays ,le choix rationnel de l'education bourguibienne a permis la formation d'un vivier de Tunisiens ayant encore la tête sur les épaules...Mais jusqu'à quand!?

Rachid Bouhamed - 16-03-2019 19:03

Très amusant, ce commentaire du Dr Ben Ammar ! Amusant, mais bien peu sensé : le samedi, les nominations de vendredi soir sont-elles effacées ? Il ne suffit pas de lever le lièvre, il faut aussi assurer la suite...

sassia ben haj abdallah - 17-03-2019 03:09

Les circonstances obligent ?les serviteurs de État doivent bien faire leur travail et ne traîne pas quand il y a une défaillance quelconque??? Quand on accepté une responsabilité de haut équilibre on doit ouvrir tous les dossiers ?? Et comprendre comment vont les choses pour éviter d être dépasser par les événements???il doit nommer même provisoirement deux ou trois personnes pour l aider à comprendre comment ças marche pour ne pas l enduir en erreurs ???? Le gouvernement ne peut pas faire autrement Y a déjà un secrétaire d État en prison?????

ridha - 17-03-2019 09:47

il n’est pas digne d’une démocratie de renvoyer un ministre ou un haut cadre même s'il est le premier responsable sinon il n'y aura que des responsables inactifs, il faut passer par des étapes

Mounir Zalila - 17-03-2019 22:51

La critique est aisée l'art est difficile!

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