Les quatre inadmissibles de Caïd Essebsi : L’appareil sécuritaire, le camp de Regueb, l’Etat d’urgence et la catastrophe des nourrissons décédés (Vidéo et Photos)
Visiblement très remonté contre quatre faits majeurs qu’il considère importants pour la sécurité nationale, le président Béji Caïd Essebsi s’en est publiquement ouvert prenant les Tunisiens à témoin. Ouvrant la réunion du Conseil de Sécurité nationale (CSN), il a vivement déploré les atermoiements de l’ARP à examiner le projet de loi sur l’Etat d’urgence, le manque de diligence dans l’enquête sur l’appareil sécuritaire secret, l’absence de suivi dans le traitement de l’affaire du ‘’camp d’enfants’’ de Regueb et le décès de nourrissons. Quatre dossiers clefs dont il fait personnellement son affaire et pour lesquels il exige une suite utile et dans les plus brefs délais. Outre les membres de droit du CSN, la nouvelle ministre de la Santé, par intérim, Sonia Ben Cheikh, et le ministre auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec les institutions constitutionnelles, la société civile et les droits de l’homme, Mohamed Fadhel Mahfoudh, ont pris part à la réunion, et on saura pourquoi.
Le président de la République a révélé que ‘’ne voulant pas se mettre en violation de la constitution au sujet de l’Etat d’urgence, il a pris l’initiative d’en saisir par écrit «contrairement à mes habitudes», soulignera-t-il, le chef du Gouvernement et le président de l’ARP. Encore plus, il les a prévenus qu’il ne procèderait plus à l’avenir au prolongement de l’état d’urgence dont la date butoir arrivera à échéance le 4 avril prochain.
Evoquant la démission du ministre de la Santé, il a salué son acte, en homme imprégné du sens de l’Etat, et en a profité pour glisser : ‘’La continuité de l’Etat exige qu’il y ait ceux qui partent et ceux qui les relèvent. J’espère avoir été clair et je suis prêt à le répéter si nécessaire. Mais, je crois que c’est bien compris. Nous ne voulons pas que la Tunisie soit tributaire de personnes, quels qu’ils soient, chefs ou administrés.’’
En sept minutes, sur un ton ferme et décidé, comme l'a montré la vidéo mise en ligne par la Présidence, le président Caïd Essebsi a été très direct dans ses messages adressé au gouvernement et au parlement, ne se privant pas de lancer des fléchettes codées et répétant : « Si cela n’a pas été compris, nous devons le faire comprendre comme il se doit. »
Verbatim, traduction non-officielle.
Béji Caïd Essebsi :
Je souhaite de prime abord rappeler que la réunion du Conseil de sécurité nationale a suscité des interrogations nouvelles ou renouvelées de la part de certains, qu’il s’agisse d’hommes politiques ou d’hommes du pouvoir. Cette réunion était programmée pour la semaine dernière. Mais à la demande de M. le chef du gouvernement qui avait des engagements que nous comprenons, nous l’avons reportée à aujourd’hui.
Youssef Chahed :
On nous a prévenus juste la veille, alors qu’on aurait dû en être avertis deux semaines à l’avance.
Béji Caïd Essebsi:
La question n’est pas là ! Nous pouvons même le faire un mois avant.
Il y a un problème dans la compréhension du rôle des institutions.
Le ministre de la Santé publique nous l’avions invité auparavant lorsqu’il s’agissait de la pénurie des médicaments. Il s’était présenté - et qu’il en soir remercié - et exposé la situation.
La continuité de l’Etat exige qu’il y ait ceux qui partent et ceux qui en assurent la relève
Il y a une question inscrite à l’ordre du jour relative à l’Etat d’urgence. Et c’est pourquoi nous avons invité le bâtonnier (ndlr : Mohamed Fadhel Mahfoudh, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec les institutions constitutionnelles, la société civile et les droits de l’homme).
Un fait nouveau qui vient de survenir : le décès de ces anges nouveaux-nés.
Nous œuvrons pour faciliter le fonctionnement des rouages de l’Etat, quelles que soient nos propres idées. Je ne cesse de le rappeler, je m’appelle Béji Caïd Essebsi et j’ai mes propres idées. Ceux qui me connaissent le savent. Maintenant, je suis président de la République. Je n’ai pas à faire prévaloir mes idées, mais ce qui renforce l’Etat et rassemble ses rouages.
La sécurité nationale ne se limite pas aux questions de sécurité (police) et de défense. C’est un concept global.
Le fait nouveau enregistré ces jours-ci ne relève pas du ressort du ministre de la Santé publique. Je me dois, à cet égard, de le saluer avec considération pour avoir démissionné. C’est un acte qui émane d’une personne animée du sens de l’Etat. Il n’assume pas personnellement une responsabilité directe (dans ce qui s’est passé). Mais, il a estimé qu’il est de son devoir, au titre de la responsabilité publique de remettre sa démission. Ce faisant, il aura contribué à créer un climat positif qui atténue la tension. Nous le saluons.
La continuité de l’Etat exige qu’il y ait ceux qui partent et ceux qui en assure la relève. J’espère avoir été clair et je suis prêt à le répéter si nécessaire. Mais, je crois que c’est bien compris.
Nous ne voulons pas que la Tunisie soit tributaire de personnes, quels qu’ils soient, chefs ou administrés. Nous ne cessons de rappeler que nous avons un Etat qui remonte à 3000 ans. Les hommes passent, les gouvernements passent, mais l’Etat demeure. C’est notre mission que de le préserver comme s’y étaient employés nos prédécesseurs.
Il y a quelques questions que j’aimerais évoquer.
Etat d’urgence, ne comptez plus sur moi, l’ARP doit se prononcer
Appareil sécuritaire clandestin : Nous devons prendre position
Le camp de Regueb : On ne peut pas dire, ça y est, c’est pardonné et clôturé
Et ces anges nourrissons décédés
Le camp d'enfants de Regueb : On ne peut pas dire, ça y est c’est pardonné et clôturé, c'est beaucoup plus grave, déplore Caïd Essebsi
L’affaire de l’appareil sécuritaire clandestin doit être tirée au clair, exige Béji Caïd Essebsi
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