Meurtre de Falikou Coulibaly : Les Tunisiens de Côte d’Ivoire, indignés, solidaires et refusent tout amalgame
Le crime crapuleux qui a coûté la vie au ressortissant ivoirien établi en Tunisie, Falikou Coulibaly, a provoqué une vive indignation de la part de la communauté tunisienne en Côte d’Ivoire. Dénonciation d’une criminalité inadmissible, solidarité avec la famille de la victime et aussi mise en garde « contre les amalgames qui pourraient résulter de ce fait divers inexcusable ». Dans un communiqué publié à Abidjan, « l’Association des Tunisiens en Côte d’Ivoire (aTunCI) appelle les autorités tunisiennes à renforcer les mécanismes de protection des étrangers, notamment d’Afrique subsaharienne, en Tunisie et à leur faciliter le recours à la loi en cas de discrimination ou de comportement raciste à leur endroit. »
Sous la signature de la présidente, Intissar Amri, on y lit :
« C’est avec beaucoup de consternation et d'incompréhension que nous avons appris le décès de M. Falikou Coulibaly, président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie (AIT), survenu le soir du dimanche 23 décembre 2018. L’attaque fatale à l’arme blanche a suivi un braquage qui a mal tourné. Nous nous félicitions de l’arrestation rapide des auteurs de ce crime crapuleux et de la fermeté du gouvernement à punir les responsables.
L’Association des Tunisiens en Côte d’Ivoire (aTunCI) condamne les violences à l’encontre des communautés d’étrangers en Tunisie, quelles que soient leurs origines ou leurs couleurs.
Bien que la mort de M. Coulibaly soit due à un crime crapuleux qui aurait pu viser n’importe quel Tunisien, elle a cristallisé un sentiment de malaise très présent chez la communauté ivoirienne de Tunisie et les autres communautés d’Afrique subsaharienne présentes dans notre pays.
Remettant en cause l’image d’Epinal présentant la Tunisie comme une terre d’accueil, nos frères d’Afrique subsaharienne qui ont manifesté calmement à Tunis ont tenu à faire part des manifestations de racisme larvé auxquelles ils sont confrontés quotidiennement en Tunisie, allant des quolibets dégradants jetés à leur encontre aux agressions verbales voire physiques dans les transports en commun ou dans les espaces publics. Certains font état de crachats à leur encontre, d’attouchements dans les transports au seul motif qu’ils sont noirs de peau, et cela très souvent dans l’indifférence générale, sans réaction de la part des témoins de ces scènes. Un drame exacerbé par le fait que ces victimes n’osent souvent pas porter plainte, et cela pour diverses raisons.
aTunCi condamne fermement toutes les manifestations racistes en Tunisie, en rappelant qu’elles tombent désormais sous le coup de la loi, après l’adoption, le 9 octobre 2018, du projet de loi relatif à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. aTunCi invite les autorités tunisiennes à mettre en place toutes les mesures à même de faciliter l’application de la loi et d’en faciliter l’accès à toutes les personnes de couleur, quel que soit leur statut en Tunisie.
Cette condamnation est d'autant plus ferme quand ces violences touchent les Ivoiriens qui nous accueillent dans leur pays avec paix et sérénité.
Mais tout en condamnant l’assassinat crapuleux de feu Falikou Coulibaly et les avanies quotidiennes dont se plaignent les communautés subsahariennes de Tunisie, aTunci met en garde contre les amalgames qui pourraient résulter de ce fait divers inexcusable : le crime qui a endeuillé la famille de feu Coulibaly aurait également pu frapper n’importe quel citoyen tunisien. La délinquance ne fait malheureusement pas de différence entre ses victimes.
aTunCi tient également à rappeler que les actes discriminatoires à l’endroit des communautés étrangères, pour être présents et réels, sont loin de refléter les sentiments de tous les Tunisiens. Ces comportements graves et condamnables ne peuvent en aucun cas éclipser l'hospitalité et l'ouverture du peuple tunisien. Un peuple qui a accueilli plus d'un million de réfugiés de toutes les nationalités et de toutes les couleurs en 2011 suite à la chute du régime libyen. Nos frères ivoiriens et subsahariens ont eu le droit de manifester librement au cœur de la capitale tunisienne soutenus pars plusieurs Tunisiens pour qu'ils puissent exprimer leur colère et leur indignation. Des membres de la famille ont été reçu dès le lendemain du crime par le ministre chargé des Droits de l'homme. Les médias tunisiens ont couvert largement l'événement sans censure ni tentative d'atténuation. L’affaire Coulibaly a également fait l’objet d’un Conseil des ministres. L'amitié entre les deux peuples date de l'époque des deux vieux sages Félix Houphouët-Boigny et Habib Bourguiba et n'a jamais été entachée par une quelconque animosité. aTunCi rappelle également que la Tunisie figure parmi les premiers pays au monde à avoir aboli l’esclavage, en 1848.
Enfin, tout en présentant ses sincères condoléances à la famille et aux proches de feu Falikou Coulibaly, dont elle salue profondément la mémoire, l’Association des Tunisiens en Côte d’Ivoire appelle les autorités tunisiennes à renforcer les mécanismes de protection des étrangers, notamment d’Afrique subsaharienne, en Tunisie et à leur faciliter le recours à la loi en cas de discrimination ou de comportement raciste à leur endroit. »
Le président de l'association des Ivoiriens de Tunisie tué lors d'un braquage à Dar Fadhal (Album Photos)
- Ecrire un commentaire
- Commenter