News - 28.09.2018
La dégradation de l’aménagement du territoire en Tunisie sous la loupe du Cercle Kheireddine
Quand il prend une question en charge, le Cercle Kheireddine le fait toujours avec le sérieux et la profondeur nécessaires. Ça sera sans doute le cas pour le thème « 50 ans d’aménagement du territoire en tunisie : équivoques passées, indécisions actuelles et enjeux futurs » qui sera mis en débat samedi 6 octobre 2018.
Les récentes inondations au Cap Bon ont mis à nu la faiblesse de notre approche de la spatialité, la fragilité de notre aménagement du territoire, avec en plus une infrastructure abandonnée, des abus en tous genres contre la nature et une usurpation du domaine public. La Tunisie avait pourtant, au début de l’indépendance, développé une vision d’avenir en la matière, mis en place des structures et des schémas directeurs appropriés, établi une réglementation précise et formé des cadres compétents. Tout un édifice bien ébranlé qui menace de s’écrouler aujourd’hui.
En acteurs significatifs à l’époque et témoins, mais aussi en conscience éveillée, Ahmed Smaoui, Taieb Houidi, et Mahmoud Ben Romdhane qui interviendront à cette occasion seront d’un apport enrichissant.
Argumentaire et programme de cette rencontre débat.
Argumentaire
Au lendemain des indépendances (1956-1962), la Tunisie a été l’un des pays qui ont le plus rapidement mené des actions concrètes prenant en compte les interrelations entre économie, société et territoire. Le rapport de l’UGTT (1956), le programme « perspectives décennales », puis le colloque de Zarzis avaient jeté les bases de la nécessité d’associer visions économiques et actions territoriales, afin d’entrainer l’ensemble de régions du pays dans le processus de développement.
Avec plus ou moins de succès, les années 60 ont posé les bases d’un développement régional à travers l’implantation de « pôles industriels régionaux », actions qui se sont avérées insuffisantes.
Prenant conscience du creusement des «inégalités territoriales», l’Etat a pris l’initiative de lancer le premier « Schéma National d’Aménagement du Territoire – SNAT » (1982-84), expression d’une réponse politique forte (et officielle), traduisant une préoccupation publique majeure quant à la nécessité de trouver des solutions pour conjurer les menaces de « déséquilibre régional » annoncées pour le début du siècle prochain.
Le choix simple (simpliste ?) était de savoir si on acceptait une concentration sur le littoral avec le risque d’aggraver les disparités, ou si on devait créer les conditions permettant une diffusion dans les régions des équipements, infrastructures et investissements privés, toujours à travers la promotion des villes intérieures.
En 1995 est signé le Traité d’association avec l’Union Européenne puis en 1998, la Zone de Libre Echange (Z.L.E). La période clé du second SNAT (ou SDATN) est donc 1995 qui marque un deuxième tournant libéral mais qui va bien au-delà du précédent, puisque cette fois le fil directeur n’est plus interne mais externe. Cette fois, il s’agit d’un SNAT à finalité opérative. Les aménageurs n’ont pas à définir l’option de développement du pays ; leur travail est d’assurer la traduction spatiale des options décidées par les autorités politiques.
En l’occurrence, la question posée était claire : Comment intégrer la Tunisie dans une zone de libre-échange avec l’Europe, tout en évitant la marginalisation des populations et des zones désavantagés ?
Mettant en valeur à la fois les conséquences de la politique économique sur le territoire, la Rencontre-débat, programmée par le Cercle Kheireddine, s’efforce de poser – tenter de répondre aux questions suivantes :
- Qu’a-t-on fait des instruments d’aménagement du territoire (les SNAT, les SRAT…) ? Pourquoi les nombreuses propositions qu’ils ont présentées n’ont-elles pas été suivies d’effets ? Les causes sont-elles liées à la gouvernance politique ? Au manque de moyens ? Aux difficultés de mise en œuvre, compte tenu du caractère transversal de l’aménagement du territoire ?
- Que faire pour rattraper les retards en évitant de confondre différences et déséquilibre ? Aller à l’encontre des logiques du marché ou opérer des compensations ? Comment assurer la cohésion sociale face à l’accélération des mutations économiques ?
A partir de ces éléments, cette Rencontre – Débat tentera de capitaliser les apports des conférenciers et du public afin de capitaliser les enseignements pour une vision réaliste du développement territorial au cours des décennies à venir.
samedi 06 Octobre 2018 à partir de 09 heures 30 au siège de l’UTICA (sis à la rue Ferjani Bel Haj Ammar, Cité El Khadhra, Tunis 1003),
Programme
09h00 – 09h30
Accueil et enregistrement des participants
09h30 – 09h45
« Allocation de bienvenue et Introduction de la Rencontre »
M. Ahmed Smaoui, Modérateur de la Rencontre – débat.
Membre du Cercle Kheireddine, Géographe – Urbaniste, Ancien Ministre du Tourisme, Transport et des Affaires sociales
09h45 – 10h30
« 50 ans d’Aménagement du territoire en Tunisie : Équivoques passées, indécisions actuelles, enjeux futurs »
Communication de M. Taieb Houidi, Géographe, Urbaniste, Directeur du Bureau d’études DIRASSET.
10h30 – 10h50
« Commentaires »
Intervention de M. Mahmoud Ben Romdhane, Professeur Emérite en Economie, Membre de l’Académie des Sciences, des Lettres et des Arts – Beit El Hikma, Ancien ministre du transport et des Affaires sociales.
10h50 – 12h20
« Débat avec les participants à la Rencontre »
12h20-12h30
« Synthèse de la Rencontre – débat »
Intervention de M. Ahmed Smaoui, modérateur de la Rencontre.
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