Le mystère Jacques Chirac: un livre d’Arnaud Ardoin
Onze ans après avoir remis, en 2007, les clés de l’Elysée à Nicolas Sarkozy, l’ancien président Jacques Chirac continue à bénéficier de l’affection des Français et de ses amis dans le monde. Tout ou presque a déjà été dit sur son parcours de jeune bachelier en vadrouille aux Etats-Unis, son service militaire en Algérie, ses années à l’ENA, ses premiers pas de secrétaire d’Etat dans le gouvernement de Georges Pompidou, sous de Gaulle, en plein mai 68 et sa fulgurante carrière politique, en fondant le RPR, conquérant la mairie de Paris et Matignon, avant d’accéder à la magistrature suprême. Mais, on s’aperçoit en fait, à la lecture du livre que lui consacre Arnaud Ardoin sous le titre de Président la nuit vient de tomber. Le mystère Jacques Chirac, que beaucoup reste à découvrir.
Qui mieux que Daniel, ce fidèle compagnon de quarante ans, resté à ses côtés, parmi les très rares autorisés, jusqu’en juillet dernier pour nous introduire dans l’intimité de Chirac quand il était aux affaires, et à présent comme ancien président. Les révélations ne manquent pas. D’abord, un père autoritaire qui l’avait fortement marqué. Mais aussi un grand-père, sourcier, doté d’un don de guérisseur et de «chasseur de feu» qui lui avait transmis ces qualités. Il lui apprenait très jeune à marcher dans les champs en Corrèze pour détecter des sources d’eau, et à chasser le mal. Ces forces de l’esprit seront chez Jacques Chirac le grand passionné des arts premiers, un moteur interne de conquête et de survie. Tout est dans les mains. C’est son arme secrète.
Le Chirac intime, nous le découvrons avec des amis proches, en dehors des politiques. Mais à travers ses frénétiques conquêtes féminines, en exutoire, comblées en «cinq minutes, douches comprises», ou en liaisons passionnées qui peuvent se prolonger quelque temps avant que sa garde rapprochée ne l’éloigne. Comme cette journaliste qu’il emmènera avec lui à Tozeur en 1982 (voir les bonnes feuilles ci-après.)
A 85 ans, usé par la politique et frappé par la maladie, Chirac est aujourd’hui loin de cette vie intense, de cette séduction irrésistible. Comment passe-t-il ses journées et ses nuits ? Qui, avec sa fille Claude, s’occupe de lui ? Qu’est-ce qui pourrait encore l’intéresser ? Un livre en roman de vie, un témoignage exceptionnel.
‘’Président, la nuit vient de tomber ‘’
Le mystère Jacques Chirac
D’Arnaud Ardoin
Editions Le Cherche Midi, octobre 2017, 264 p. 19 €, 62 DT
Disponible chez Culturel
Bonnes feuilles
Quand Chirac allait en charmante compagnie à Tozeur
Une autre femme lui a retourné le cœur. Journaliste elle aussi, mais à l’AFP, elle est chargée de suivre la Ville de Paris dont Jacques Chirac est le maire. Elle s’appelle Élisabeth Friedrich. Il la couvre de cadeaux…Quand il l’appelle à l’agence pour lui conter fleurette, Jacques Chirac se fait passer pour «Monsieur Nicolas». Personne n’est dupe et les standardistes reconnaissent sa voix dès le premier appel. Cette histoire aurait dû rester secrète si des juges, qui enquêtaient sur les marchés truqués en Île-de-France, n’étaient pas tombés incidemment sur des voyages de Jacques Chirac payés en liquide à des proches, voire très, très proches. Élisabeth Friedrich fait partie des heureuses bénéficiaires. Plus de dix ans après cette liaison, un article de Libération de juillet 2001 dévoile une photo de Jacques Chirac en charmante compagnie. La femme sur le cliché est Élisabeth Friedrich. La photo fait scandale. Une nouvelle fois, Bernadette est humiliée publiquement. La séduisante journaliste partagera d’autres destinations.
Rome, Tozeur en Tunisie, l’île Maurice dans l’un des plus beaux palaces de l’archipel où le président a ses habitudes. Tozeur est une ville du Sud tunisien que Jacques Chirac connaît bien puisque, en 1982, il vient rendre visite au mage installé dans cette ville posée dans le désert. Le mage est un voyant dont la renommée court dans tout le Moyen-Orient et au-delà. De Brigitte Bardot à Alain Delon en passant par Valéry Giscard d’Estaing, tous sont venus écouter les prédictions de ce vieux sage.
Tozeur est l’endroit idéal pour s’isoler, loin de Paris, dans les bras d’Élisabeth. Sans cette affaire de billets d’avion payés en liquide dévoilée au grand jour, jusqu’où serait allée leur histoire? Personne ne peut le savoir. Ce qu’il n’avait pas eu le courage de faire avec Jacqueline, l’aurait-il trouvé cette fois-ci avec Élisabeth ? Le couple adultérin est obligé de rompre parce que cette histoire d’amour secrète vient de basculer dans un autre registre, celui des affaires qui vont faire la une des journaux…Il faut alors, comme on dit dans le jargon des services secrets, «débrancher» la maîtresse encombrante, et cette fois-ci Marie-France Garaud n’y est pour rien. Une parenthèse amoureuse et réactive se ferme. Jacques Chirac, une nouvelle fois, reprend sa route.
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