Mohamed Larbi Bouguerra: Une maire à Tunis…..une maire à Mexico !
Cette photo de groupe a levé toute ambiguïté.
Le gratin d’Ennahda entourait la nouvelle maire de notre capitale et le cheikh- en jebba sakrouda cette fois et non en costume cravate –arborait une mine moins renfrognée qu’à l’ordinaire. Victoire de la femme tunisienne cette élection avec 26 voix pour 60 conseillers municipaux? Oui, si la nouvelle maire et son parti se prononcent clairement pour la COLIBE.
Or, notre nouvelle maire affiche bien la couleur. Celle d’un parti constamment en rupture avec les idées de progrès et dont les ancêtres ont cloué au pilori Tahar Haddad. Elle, aujourd’hui, n’a pas d’opinion sur l’égalité de l’héritage !
Y a-t-il de quoi pavoiser quand les manœuvres politicardes et les calculs byzantins ont tenu le haut du pavé et révolté les Tunisiens lors de cette intronisation?
Y a-t-il de quoi pavoiser quand 27% seulement des inscrits ont consenti à exprimer leur voix le 6 mai ?
Pour bien des médias, la nouvelle maire de Tunis « adapte son discours selon les médias » et aurait de « multiples facettes ». Face aux tâches ardues qui l’attendent, le franc jeu et la coopération avec toute l’équipe sont vitales. Car qui peut croire que cette femme pourra arriver à nettoyer la ville de ses himalayas de déchets, à y améliorer la circulation, à la débarrasser d’une pollution aux particules fines et aux gaz toxiques, à y développer des activités culturelles et des espaces verts, à mobiliser les Tunisois au profit de leur cité…. sans l’apport d’une équipe unie autour d’une direction sans langue de bois, crédible et digne de confiance ? Faute de quoi, même le vénérable Sidi Mehrez en personne ne pourrait sortir sa bonne ville de l’ornière.
Faire de la nouvelle maire une icône ou un symbole est une preuve du retard de son parti. Les femmes, de par le monde, ont atteint depuis longtemps des postes élevés. C’est le cas de Sonia Ghandi en Inde, de Margaret Thatcher en Grande Bretagne, d’Annie Hidalgo et Valérie Pécresse en France- pour n’en citer que quelques- unes.
Ainsi, Claudia Sheinbaum, femme de gauche tout comme le nouveau président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, vient de remporter la mairie de Mexico, la capitale aux 20 millions d’habitants du Mexique, 15ème puissance mondiale. Cette ingénieure de 56 ans, spécialiste des problèmes climatiques, a été élue dimanche 1er juillet 2018 au suffrage direct à la tête de la municipalité. Tête de liste de la coalition de gauche « Ensemble nous ferons l’espoir », Claudia Sheinbaum a déclaré : « Nous avons transformé la peur en espérance, la haine en amour, le découragement en volonté, la frustration en confiance, et le vote, l’union et la volonté populaire en l’arme la plus puissante que nous avons. »
Prix Nobel de la Paix en 2007 avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Claudia Sheinbaum s’est prononcée pour la lutte contre la corruption et s’est engagée pour débarrasser la ville de « la pauvreté, de la violence et pour le développement au profit de tous» appelant ses administrés en ces termes : « C’est l’heure de la révolution des consciences et de la transformation pacifique. »
Mme Abderrahim, nous aussi, à Tunis, nous avons besoin d’une révolution des consciences, nous avons besoin d’espoir, nous avons besoin d’union et par-dessus tout, nous avons besoin de la clarté dans la parole et dans les actions.
Mohamed Larbi Bouguerra
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Amicalement nous vous souhaitons que votre maire de Tunis soit plus efficace que l'horrible chose dont Paris a hérité !