Boubaker Ben Kraiem: Pour pouvoir bâtir, il faut regarder, les réalités du moment, en face!
Le monde entier a salué la révolution du jasmin et admiré la manière dont elle a été menée et réussie : sans chef, sans programme et sans parti politique. Il a, aussi, espéré qu’elle soit le prélude au printemps arabe qui, malheureusement, n’aura pas lieu. Cependant, notre révolution a surpris le monde entier par sa spontanéité, par sa simplicité, par sa courte durée, et par le faible prix payé en martyrs et blessés quoique la perte d’un seul citoyen était de trop. Il est aussi, communément, admis que toute période post-révolution amène, avec elle, son lot de désordres, de revendications, de difficultés, de bouleversements et de chaos. Mais comme cette situation dure depuis sept ans, cela semble long, trop long même pour des citoyens, fatigués et déçus. Oui, trop long parce que le volet socioéconomique s'est complètement dégradé et la question devient une affaire de priorités. Il est clair qu'on ne peut plus continuer à palabrer et discutailler, à s'entre-déchirer pour des questions relativement subalternes alors que le bateau TUNISIE coule! Comment est-on arrivé là, c'est l'objet de ce qui suit :
1- Quel spectacle désolant !!
Je suis malheureux, dépité et davantage triste pour mon pays. En suivant, les 24 et 26 mars derniers, sur la chaîne nationale de la télévision tunisienne, la diffusion du déroulement de la séance de l’Assemblée des Représentants du Peuple réservée, à priori, au vote pour la prolongation ou non du mandat de l’Instance Vérité et Dignité, après avoir écouté les motifs de Mme la Présidente de proroger le mandat,nous avons eu droit, à un spectacle lamentable, qui ressemblait à tout, sauf à un débat parlementaire digne de ce nom. Si certains croient qu’en criant plus fort, on leur donnera raison, et si d’autres, pensent qu’en lançant des diatribes, des reproches etdes remontrances gratuites et malvenues envers leurs camarades, on les craindra et on les suivra, on est, vraiment, très mal servi. Et alors l’on se pose un tas de questions relatives quant à la mission dévolue à nos Députés et à la manière dont ils sont en train de se comporter sans se soucier, d’une part, de la présence d’observateurs et de médias tunisiens et étrangers, et du minimum de civilité, de scrupule et de correction qu’exige d’eux leur statut de Représentants de ce peuple qui les observe et de l’image qu’il donne de leur pays, d’autre part. Quand je revois comment s’est déroulée, le 23 mars, la séance d’audition du Chef du Gouvernement et la manière dont certains de nos respectables Députéslui adressaient la parole, je me demande dans quel pays sommes-nous et comment sommes–nous arrivés à autant d’incivilité, à autant d’insolence et de manque d’éducation ? Je m’attendais à ce que le Chef du Gouvernement quittât la salle en leur lançant « quand vous serez plus polis et plus corrects, je reviendrai » mais il ne l’a pas fait, par correction et surtout par éducation et c’est dommage !! Quand on ne respecte ni le rang social, ni les services rendus, ni la fonction, ni même pasl’âge, on ne peut s’attendre à rien de positif de pareils politiciens ou se proclamant comme tels.
Est-ce parce qu’on croit vivre une démocratie naissante qu’on se permet autant de dépassement et d’excès de paroles malvenues s’adressant à de hautes autorités telles que ministres, Chef de Gouvernement et Président de l’ARP ? Grâce à la télévision, nous avons la possibilité de vivre quelques séances de réunion du parlement de l’autre côté de la méditerranée et même si les remarques sont, parfois, acerbes et assez fortes, et les critiques virulentes, tout se passe dans le cadre du respect dû au rang des personnalités auditionnées. Je me demande pourquoi nous n’avons pas le sens de la mesure et comment on ne peut pas parler sans crier et sans perdre notre sang froid ? Certains, ne se contrôlant guère, nous donnent l’impression d’être en face plutôt de malades, de schizophrènes qui ne peuvent, en aucune manière, prétendre représenter le peuple tunisien. Faut-il lancer cette ignominie, de l’opprobre et de l’abjection pour être craint, respecté ou considéré ? Pauvres citoyens, ce sont, en principe, ces représentants qui sont sensés défendre votre cause pour vous permettre de remplir, aux moindres frais, votre couffin, de diminuer le chômage qui s’amplifie régulièrement, et de permettre à la jeunesse d’avoir confiance en un avenir prometteur et avoir, surtout, un certain créditdans son élite.
2- Quelle indifférence généralisée et quel égoïsme !!
Mais ce qui est encore davantage inquiétant, est le fait de se demander si notre classe politique, si nos organisations nationales ainsi que les associations de la société civile sont conscients de l’état dans lequel se trouve, aujourd’hui, notre pays qui, de mémoire d’homme, n’a jamais atteint une situation aussi critique au point de vue économique, financier ainsi que sociétal. Et c’est pourquoi, on devrait se poser, sérieusement, la question suivante : Aimons-nous, tous, sincèrement, ce pays ? Si oui, qu’attendons-nous pour participer, un tant soit peu, à son redressement ? Pourquoi l’objectif principal de l’opposition, durant toute cette période écoulée, demeure la chute du gouvernement en place ? Pourquoi les alliances d’aujourd’hui seront défaites le lendemain pour se reconstituer le surlendemain avec un tiers parti ? Est-ce cela la politique ? Pourquoi tant d’égoïsme de la part de ceux qui ont un emploi et qui présentent des revendications salariales souvent abusives alors que leurs proches etleurs concitoyens ayant le même diplôme qu’eux sont au chômage depuis des années ? Où est cette solidarité dont on parle souvent et qu’on oublie lorsqu’il s’agit de *l’égo* ? Comment une frange très importante de notre élite qui gagne, correctement, sa vie, ose, malgré la situation financière catastrophique de notre pays, présenter des demandes d’augmentations salariales, dans cette période aussi critique que vit notre pays ? Nous comprenons, maintenant, pourquoi un responsable syndical aurait dit, il y a quelques années,« comme actuellement l’Etat est faible, il faut réclamer et présenter le maximum de requêtes, de sollicitations, de demandes et de réclamations ». Voilà comment agissent les patriotes sincères, les nationalistes loyaux et les citoyens qui adorent leur pays et qui sont disposés à tout pour le défendre, le protéger et surtout ………le développer en démontrant qu’ils sontloin d’être égoïstes, individualistes ou indifférents.
3- Y-at-il un commandant à bord du navire?
Notre pays était, en janvier 2011, et malgré le nombre important de chômeurs, à l’aise du point de vue financier et économique. Il y avait, de surcroit, et en réserve bancaire, d’importantes sommes destinées aux générations futures. Le budget était équilibré et on n’avait pas besoin de se faire prêter, chaque année, d’importantes sommes pour en assurer l’équilibre. Mais comment se fait-il que toutes ces misères sont arrivées tout de suite après la révolution? Qui en est responsable ? Pourquoi on n’en parle jamais ? Qui a fait, en une année, augmenter,sérieusement, le budget de l’Etat sans s’assurer que les recettes pouvaient couvrir les dépenses ? Et pourquoi avons-nous multiplié presque par deux le budget de 2011 ? Tous nos malheurs financiers proviennent de là !! Et personne ne veut aller au fond des choses ou ne veut ouvrir le débat pour que chacun prenne ses responsabilités et assume les conséquences de ses décisions, alors qu’il tenait les commandes du navire !!
4- Nos grands problèmes et surtout l’évasion fiscale : les irréductibles auront-ils gain de cause?
Ce qui est incompréhensible et davantage préoccupant et même angoissant, c’est que nos politiques, toutes tendances confondues, sensés gouverner le pays en admettant l’alternance, donnent l’impression qu’ils ne s’inquiètent, guère, de la situation dans laquelle se trouve le pays avec toutes les difficultés que vit la grande majorité de nos concitoyens, dont:
- la cherté des produits de première nécessité, essentiellement le couffin de la ménagère,
- le chômage qui se développe, jour après jour,
- la contrebande et le marché parallèle qui ruinent les finances du pays,
- l’évasion fiscale de certaines catégories sociales parmi les plus nanties qui, sous de faux et incompréhensibles prétextes, refusent, toujours, de payer les impôts sur la base de leur revenu réel. D’autres, plus malins, tels que sportifs de haut niveau, entraineurs et tant d’autres font la sourde oreille. Nos médecins et avocats nous ont présenté toutes les excuses possibles et imaginables, mais qui n’ont convaincu personne, pour ne pas payer leur impôt sur la base de leur revenu réel et non forfaitaire comme ils continuent à le faire. A l’occasion, ils se sont montrés extrêmement solidaires pour laisser, à deux reprises, sans suite, la décision du gouvernement. Comment ose-t-on, par la suite, invoquer, les principes d’égalité de tous devant la Loi, de solidarité, de… ?
- le non règlement des redevances fiscales par les nombreux métiers qui étaient sous-évalués, par le passé, mais qui se sont avérés parmi les plus juteux, tels que les pizzérias, les vendeurs de fruits secs, de casse-croutes, etc…..etc…,
5- Quel intérêt à défier l’Etat jusqu’à sa faillite?
Comment sommes-nous arriver,un jour,à voir une organisation composée de ceux que nous appelons toujours et encore*assiadna*qui continuent à narguer, à défier et à provoquer l’Etat à un moment très critique pour le pays et pour quelques motifs très discutables? Messieurs, yaassiadna, ouvrez les yeux, l’Etat c’est vous, c’est moi, c’est nous tous !! L’avez-vous oublié ? Même si l’Etat se trompe, même si l’Etat abuse, même si l’Etat semble, parfois, injuste, on ne peut le défier car s’il accepte vos conditions, quelles qu’elles soient, il perdra son Autorité et son Prestige et je suis sûr que vous ne l’admettrez pas car que l’on veuille ou non, l’Etat doit demeurer au- dessus de nous tous. Et je pense que, comme tous les tunisiens, vous voulez bâtir, un Etat fort qui nous protège, qui nous sert, qui aide les pauvres et les malheureux, qui développe le pays, qui répartit équitablement les richesses, qui s’occupe sérieusement des régions défavorisées, qui soit juste et équitable, qui veille sur la sécurité de ses citoyens, à la stricte application de la Loi et assure la défense de la patrie. Si quelqu’un n’est pas satisfait de la gestion de l’Etat et de la gouvernance des dirigeants, il y a les élections périodiques et il peut les sanctionner. C’est ainsi que les choses doivent être conduites.
6- Qui va défendre la patrie?
Comment se fait-il que notre élite, qu’elle soit politique, économique ou sociale, ne s’intéresse aux problèmes de défense de la patrie que très ponctuellement et d’une façon éphémère? Personne parmi les partis politiques, les organisations nationales ou les associations de la société civilen’a pensé, un jour, rappeler aux jeunes qu’ils sont redevables du service national, prescrit par la Constitution,tout autant que le paiement des impôts. Et quand il s’agit d’agir, de donner, de faire quelques sacrifices pour le pays, ne serait-ce que pour une courte période, personne n’est, malheureusement, présent pour le faire et très rares sont les jeunes qui se présentent suite à leur convocation pour le service national. Et pourtant, le pays est en guerre contre le terrorisme et la défense de la patrie est une mission sacrée !! Mais combien de responsables tunisiens y pensent ou le croient ?
7- Les syndicats font-ils l’effort nécessaire pour attirer les investisseurs ?
Aussi, pourquoi les investisseurs étrangers ne courent pas nos rues comme toute démocratie naissante est en droit d’espérer et d’attendre?Bien sûr, lorsqu’ils apprennent que les syndicats se sentent, aujourd’hui, le vent en poupe puisqu’ils se permettent de toiser le Chef du gouvernement, de changer les ministres, de dévaloriser des PDG, de fixer des lignes rouges, de défier l’Etat, de mettre le Gouvernement sous pression,d’exiger qu’un ministre se ravise contre une décision d’Etat, que le gouvernement ne peut décider la privatisation de telle ou telle entreprise, même si elle se trouve, depuis de nombreuses années, en difficultés financières et qu’elle ne survit que grâce aux millions de dinars injectés, chaque année par l’Etat, cet argent qui serviraitmieux lesrégions défavorisées, les investisseurs, étrangers ou tunisiens,bien informés de tout ce qui se passe chez nous, se rebiffent. Alors que d’autres pays, très proches de nous, profitant de la situation assez floue qui prévaut chez nous depuis la révolution du 14 janvier, ont renforcé les encouragements financiers, diminué les charges et, surtout, limité les revendications salariales pour attirer les investisseurs, y compris ceux qui avaient délocalisé de chez nous ; ainsi, ils ont bien réussi à en attirer un grand nombre. D’ailleurs, en menaçant de faire des grèvesau titre de ladémonstration de force, la Centrale syndicale doit contrôler ses troupes car le peuple tunisien est à bout de nerfs et il est capable de se retourner contre elle.Nous ne souhaitons pas que nos syndicats perdent de leur crédit ou s’affaiblissent. Voilà pourquoi le rythme de l’investissement, chez nous, est loin d’être satisfaisant. Nos syndicats qui devraient encourager les investisseurs pour les attirer en vue de créer des emplois et de la richesse, condition sine qua none pour venir à bout ou diminuer, sensiblement, le chômage,se trompent quant à la stratégie qu’ils suivent et qui n’a, d’ailleurs, pas donné les résultats escomptés.
8- L’Etat doit être autoritaire, par la force de la Loi, toujours présent et anticipatif !
D’autre part, tous les gouvernements, post–révolution, sans exception, n’ont pas veillé à sauvegarder l’Autorité et le Prestige de l’Etat, et ont observé, dans l’exercice du pouvoir, un laxisme déroutant, à tel point que les actes de défiance (barrages routiers, arrêts du travail dans des centres et des unités stratégiques tels que le phosphate et le pétrole,etc…) étaient monnaie courante et que la violence autorisée par la Loi n’a jamais été utilisée. Ce comportement a accentué les difficultés financières que le pays traverse depuis 2012 et qui ne sont, malheureusement pas, près d’être aplanies.
La plupart de nos gouvernants n’ont pas d’expérience du pouvoir et commettent, quelques erreurs dont certaines, quoique bénignes, ont beaucoup d’importance et peuvent être mal interprétées par la population. A titre d’exemple, comment se fait-il que lors du retour, tout dernièrement, de l’étranger des sportifs paraplégiques ramenant quelques vingt médailles d’or, ils n’ont été accueillis par aucune autorité, à l’aéroport, même pas par un Directeur du ministère des Sports et de la Jeunesse ? L’accueil de ces jeunes par un responsable du ministère, et pourquoi pas par la Ministre, auraitpu avoir un effet remarquable sur le moral de ces sportifs de cette catégorie spéciale qui est plus sensible que les sportifs non atteintsd’inaptitude. Il n’y a pas si longtemps, pareils sportifs étaient accueillis, à l’aéroport, par le Président de la République en personne. Mr le Président Caïed Essebsi dont nous connaissons la sensibilité à ce propos, trouvera, certainement, et assez rapidement, l’occasion de les recevoir, de les féliciter et de les récompenser.
9- Dans les régions, qui sera le garant de l’appartenance à l’unité nationale, de l’application de la Loi et le responsable de la sécurité des biens et des personnes ?
Nos vaillants constitutionnalistes ont, aussi, omis ou ont voulu oublier de spécifier, dans le texte de la Constitution, le garant de l’unité du pays dans chacune des régions qui composent la Tunisie, ainsi que le responsable de la sécurité des biens et des personnes dans les gouvernorats, et de l’application de la Loi dans ces régions, fonctions attribuées auparavant au Gouverneur. Il y a lieu de préciser que la fonction de *Gouverneur*, le représentant de l’Etat et du Gouvernement dans la région, n’a pas été citée une seule fois dans la Constitution. En agissant ainsi, les Constitutionnalistes ont-ils voulu faire le procès du Gouverneur ? Et pourtant, il a été le garant et de l’Unité du pays, et de la Sécurité des biens et des personnes et le promoteur du développement de sa région et y a bien réussi.
10-La révision de la Constitution s’impose !!
Nous devons tirer les enseignements de ces sept dernières années pour réformer nos textes, nos lois et même notre Constitution. Nous avons tous remarqué que souvent, elle est un frein beaucoup plus qu’un outil de travail qui permet de prendre des initiatives rapides, qui peut répondre du tic au tac à certains évènements et qui effrite le pouvoir entre plusieurs autorités.
Je pense que le système politique actuel, tel qu’il a été conçu, a montré ces limites :la répartition des rôles politiques n’est pas assez claire, est marquée par l’éparpillement des pouvoirs, est fondée sur les consensus qui nécessitent, à chaque fois, des négociations et des calculs politiques qui surpassent l’intérêt général du pays donc une perte de temps qui serait au détriment de l’efficacité. Le système politique actuel doit être réformé pour permettre au pouvoir exécutif de prendre des décisions, de gérer les institutions de l’Etat, avec la mise en place des outils et procédures de contrôle pour garantir la démocratie, les libertés, une presse libre, et un environnement politique et associatif pluriel.
11- La décentralisation nécessite une certaine pédagogie et de la progressivité !
Quant au pouvoir local et à la décentralisation prévue dans le projet du Code des
Collectivités locales, personne ne peut en prévoir ni les résultats ni les difficultés que nous allons rencontrer. Et ne crions pas vite victoire parce que ce n’est pas une mince affaire. Théoriquement, c’est quelque chose de remarquable mais sommes –nous sûrs que nos concitoyens, ou du moins, la majorité d’entre eux a atteint un degré de maturité politique, culturelle, sociale et matérielle lui permettant d’être à la hauteur et d’accepter cette politique participative ainsi que l’obligation de payer, sans y être forcé, les impôts municipaux ? Aussi, l’Etat est appelé par la Constitution, à subvenir, financièrement, aux besoins, même partiels, des municipalités et nous savons tous que le payeur est, généralement, le contrôleur. Or, la constitution ne prévoit pas cette mesure importante de contrôle des deniers de l’Etat, cette mesure assurée actuellement par le gouverneur de la région. Comme la décentralisation n’est pas une affaire banale, il est à souhaiter que cela se passe par étapes en vue d’éviter toutes les surprises désagréables. Comme l’efficacité prime, notre peuple, dans sa globalité n’a pas encore atteint le niveau politique, économique et surtout culturel nécessaire pour s’impliquer davantage dans les affaires de sa municipalité et de sa région. Pour y parvenir, la sagesse recommande la progressivité.
12 -Ne plus nous laisser épingler comme des bleus !!
Aussi, assez d’entêtement pour ne pas faire appel aux compétences dont le pays est pourvu dans tous les domaines. Nous tournons en rond depuis sept ans et nous n’avançons pas. Et pourtant, nous avons été, bel et bien sanctionnés, suite à notre obstination, à notre vanité et à notre complexe et je donnerai comme preuve, les décisions du Gafi(Groupe d’action financière) et le vote du parlement européen du 7 février dernier nous classant, ô ironie du sort, parmi *les Etats non coopératifs en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme*, ce qui n’est ni vrai, ni exact. Si certaines de nos compétences spécialisées dans ce domaine qui ont, derrière eux, des années et des années d’expérience avec ces organismes internationaux et ces exercices de gymnastique financière aussi compliqués qu’enchevêtrés, ont été mis à contribution, notre pays, le pays du Grandissime Bourguiba, l’exemple et le modèle, il n’y a pas si longtemps, ne serait pas aussi déconsidéré et mis dans la même sac que certains pays que, par respect et par pudeur, je ne nommerai pas, mais qui étaient, très loin derrière nous. Ce qui nous est arrivé, est certainement de notre faute, car les responsables de ces questions n’auraient pas été, tout simplement, à la hauteur. Et nous le regrettons parce que nous aurions pu l’évitercar nous ne le méritons pas du tout. Mettons de côté notre orgueil, notre amour-propre, notre vanité et regardons les choses en face. Il n’y a pas de honte à faire appel aux aptitudes connues et reconnues sachant qu’aucun patriote sincère ne ménagera ses efforts pour se mettre à la disposition de son pays, ce pays qui lui a, dans un passé récent, tant donné.
13-Les solutions radicales à nos grandes difficultés financières !!
Aussi, gouverner, c’est être courageux, c’est oser, c’est prévoir, c’est assumer, c’est prendre des risques, c’est appliquer la Loi dans toute sa rigueur, avec équité pour tous, sans laxisme, sans calcul, sans recherche de clientèle, en utilisant, à chaque fois que de besoin, le bâton et la carotte.
La plupart de nos problèmes proviennent de nos difficultés économiques et de nos déficits financiers.D’ailleurs, tant qu’on n’allègera pas la fonction publique de cent à cent cinquante mille personnels, ces effectifs qui sont la cause de tous nos problèmes, nous continuerons à patauger, à solliciter, chaque fin d’année et durant très longtemps encore, les uns et les autres, pour trouver des crédits nous permettant de boucler le budget.
De même, le pouvoir exécutif doit faire preuve de plus de pédagogie et surtout de plus de communications. Le peuple doit être, régulièrement, informé des difficultés que traverse notre pays et sur les prises de position, parfois inacceptables, de certaines organisations ou entreprises comme la STAM qui, faisant fi de l’intérêt national, se met en grève alors que plus de vingt bateaux sont en rade, en attente du déchargement de leurs containers. Et on s’obstine, encore, à ne pas laisser créer d’autres sociétés concurrentes, signe d’efficacité et de rapidité, donc de gain d’argent. D’ailleurs,on ne comprend pas comment on accepte de ne pas vouloir gagner ou économiser des milliards, en multipliant les opérateurs, alors que nos finances sont dans l’état où elles sont d’une part et d’autre part que l’engagement de la STAM quant au rendement quotidien n’a pas été, du tout, respectébien que dans les autres ports, où la concurrence existe, le rendement est satisfaisant.Aussi, avoir, toujours,le peuple comme témoin et soutien, en l’informant de temps à autre, mais régulièrement, de pareils actions et évènements,ne peut que renforcerl’action du gouvernement.Cependant, continuer à ne pas faire preuve d’autorité, comme c’est le cas, depuis sept ans, va conduire le pays à davantage de difficultés pour ne pas dire autre chose.
D’autres points importants n’ont pas été soulevés tels que l’envoi de nos jeunes gens et même de nos jeunes filles combattre dans les foyers du terrorisme pour savoir (qui leur a fait le lavage de cerveau ? qui les a recrutés ? qui les a convaincus ? qui les a formés ?qui les a payés ?), le changement de comportement de la jeunesse (l’agressivité, la paresse d’où leurs demandes d’être embauchés, essentiellement, par les sociétés de l’environnement qui les paient sans rien faire ou même pour certains , en exerçant un autre emploi), etc..,etc.…
Mon Dieu, aidez et protégez la Tunisie Eternelle, l’héritière de Carthage, elle en a grandement besoin parce qu’elle ne mérite pas tout ce qui lui arrive!
Boubaker Ben Kraiem
Col.(r), ancien Sous-Chef d’Etat-Major de l’Armée de Terre.
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