Jaouida Ghileb Tnani: L’illustre diplomate
Il y a 40 jours, une grande diplomate nous quittait. Jaouida Ghileb épouse Tnani voit le jour à la rue du Pacha, rue principale tunisoise, un 29 décembre 1927. Issue d’une famille beldie de notables et d’érudits, petite-fille du Cheikh Médina et gouverneur de Tunis, Si Sadok Ghileb, et du grand notaire et savant en droit musulman Si M’hamed Ghileb, elle perd son père à l’âge de 11 ans et grandit avec une mère qui lui insuffle sans cesse la nécessité de réussir ses études et, contrairement aux règles de la bourgeoisie tunisoise, de ne jamais dépendre d’un mari ou d’un frère.
Comme ses sœurs aînées, elle fréquente le lycée Armand-Fallières, en dehors des remparts de la médina, apprenant le français, le latin et l’algèbre aux côtés d’amies juives et européennes. Après avoir décroché son baccalauréat, elle décide d’aller poursuivre des études supérieures en France sur les traces de sa sœur Hassiba Ghileb, de 11 ans son aînée, qui deviendra en 1950 la première femme pédiatre tunisienne. Licenciée avec brio de l’Université de droit à Aix-en-Provence, elle rêve de participer à la construction de la Tunisie fraîchement indépendante.
Jaouida Ghileb épouse Tnani débute sa carrière en 1959 à la Direction générale du plan comme administrateur du gouvernement. Elle y poursuit sa carrière pendant cinq années dans ce qui deviendra le ministère du Plan et des Finances. En 1964, sur proposition d’Habib Bourguiba Jr, elle décide d’intégrer le ministère des Affaires étrangères comme chef de division de la coopération multilatérale. Elle assume plusieurs fonctions, dont celle de chef de division des Nations unies, membre du cabinet du ministre des Affaires étrangères entre 1976 et 1980. Pour gravir les échelons, elle dut se battre face à des hommes qui étaient peu enclins à reconnaître le mérite des femmes et à leur confier des postes de responsabilité. Elle accède, avec la reconnaissance de M. Hassane Belkhodja, alors ministre des Affaires étrangères, à la direction des organisations et conférences internationales, siégeant en chef de délégation aux Nations unies et imposant avec éloquence les positions politiques de la Tunisie.
Jaouida Tnani achève sa carrière avec le rang de directeur général et la distinction de l’Ordre de la République. Après sa retraite, elle dirige pendant deux années le bureau du Haut-Commissariat pour les réfugiés (Unhcr) en Tunisie avant de se consacrer pleinement à sa famille. Elle était l’épouse de Chadli Tnani, grand commis de l’Etat tunisien, avec lequel elle a eu trois enfants.
Jaouida Tnani est décédée le 19 janvier 2018.
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