Sous le toit de l’Empire (Tome 2) de Leïla Témime Blili ou Les heures sombres de la Tunisie
Historienne, auteure et co-auteure de livres d’histoire, Leïla Témime Blili vient de publier le deuxième tome de son livre Sous le toit de l’Empire - Deys et Beys de Tunis. Du pouvoir militaire à la monarchie. Alors qu’en France, Louis XIV entamait son long règne dans une France à son apogée, la Tunisie passait sous la domination de l'empire ottoman, la puissance militaire montante de la méditerranée. Une période des plus sombres, mais aussi des plus violentes que celle qu'a connue notre pays au cours du XVIIe de 1666 à 1702. L’histoire de notre pays sera celle des mutineries, des assassinats, des luttes pour le pouvoir.
D’une plume alerte, et avec un grand luxe de détails (souvent inédits), l’auteure revient sur les principaux évènements qui ont surtout marqué les dynasties mouradite et husseinite jusqu’à 1922 (date de l’abolition du Califat en Turquie). Elle nous introduit dans les arcanes mystérieux des rivalités entre pachas, deys et beys, entre «renégats» et mamelouks. Il a fallu l’avènement de la dynastie husseinite en 1705 pour que le pays connaisse une période d’accalmie, d’ailleurs très vite interrompue par le soulèvement d’Ali Pacha contre son oncle Hussein Ben Ali. Elle éclaire d’un jour nouveau les relations complexes entre les Beys et la Sublime porte, le rôle joué par les différentes Mhalla dans la consolidation du pouvoir beylical, brosse les portraits des principaux acteurs de cette période : Les deux Hammouda Pacha, le Mouradite et le Husseinite, Othman Dey, Mourad III, Brahim Chérif, Hussein Ben Ali, Ahmed Bey, Sadok Bey, Mhamed Bey, Naceur Bey...et une certaine Lella Mbarka, la princesse aux trois beys qui a vécu au XVIIe siècle sous les Mouradites, deux siècles et demi avant Lella Kmar, lève le voile sur certains épisodes méconnus comme le complot de Adil Bey.
Le livre, bien écrit, se lit d’une traite, l’auteure ayant pris soin d’éviter le style abscons des ouvrages académiques. Spécialiste de l'histoire sociale et de la famille, deux domaines Mme Blili de par sa formation est bien placée pour nous éclairer sur des pans de notre histoire qui ont été sous analysés pour ne pas dire occultés par nos historiens. Il n'y a pas que les temps forts de notre histoire qui présentent un intérêt pour les Tunisiens, mais aussi la vie quotidienne des Tunisiens au cours des périodes révolus ou les biographies de certains personnages, le destin fabuleux de certaines familles qui peuvent être plus éclairantes que les intrigues de palais ou les guerres. Certains mamelouks comme Youssef Saheb Ettabaa sont de véritables personnages de roman qui mériteraient d'être mieux connus.
«Sous le toit de l’Empire» Deys et Beys de Tunis, du Pouvoir militaire à la monarchie 1666-1922 (Tome 2)
Leïla Témime Blili, 300 pages, Editions Script, Tunis janvier 2018.
Bonnes feuilles
Mbârka, la princesse aux trois beys
La Limbarqué dont parle le consul Béranger est de toute évidence une femme du nom de lilla Mbârka (la bienheureuse), fille de Sultân bin Monçir, le cheikh des Hnâncha, déjà allié aux Mouradîte 8. Avant d’épouser Brahîm al Chérîf, Mbârka a déjà été successivement unie à deux beys, Mouhamad et Mourâd III.
Son premier mariage a été conclu au moment où le père de Mbârka, brouillé avec Alger, cherche à s’allier à Mouhamad bey de Tunis à qui il donne sa fille en mariage. A la mort du bey, son successeur Romdhâne bey accorde Mbârka à Mourâd III. Ce dernier a donc épousé la veuve de son oncle dans une stratégie de captation de fortune et de puissance symbolique. La mort de Mourâd III libère de nouveau Mbârka qui est épousée par Brahîm al Chérîf9.
Mbârka a donc «régné» sous Mouhamad bey (1686 -1696), sous Mourâd III (1699-1702) et sous Brahim al Chérif (1702-1705). C’est sous le règne de ce dernier qu’apparaît son talent de femme de pouvoir qui intervient dans les affaires politiques. Brahîm al Chérîf écarte Soliman le barbier qui était un renégat «des plus infâmes qu’il n’y ait jamais eu à Tunis», et fait piller sa maison 10. Il fit de même avec le percepteur juif, Abrahâm.
Sur une intervention de Mbârka, l’un et l’autre furent remis à leurs fonctions en payant de très fortes sommes d’argent, et Soliman le barbier devint même le Grand écrivain du bey.
L’union de Mbârka et de Brahîm al Chérîf fut suivie d’une naissance: pendant le mois de décembre 1703, alors que le bey était en campagne au Jrîd, Mbârka accoucha d’un fils 11. Grandes réjouissances et feux d’artifice sont alors organisés.
Bien qu’il soit dûment investi par la Sublime Porte, et cumulant les fonctions de pacha, de bey et de dey, Brahîm al Chérîf s’inscrit dans la continuité des règnes précédents, récupérant le harem mouradîte, montrant par là l’importance des alliances locales pour le maintien au pouvoir 12.
Cependant, ce rapprochement ne signifie pas «tunisification» du pouvoir, mais seulement appui sur certains groupes sociaux qui fournissent des soldats d’appoint ou protègent les frontières. Brahîm al Chérîf va creuser davantage le fossé entre Arabes et Turcs, en pourchassant les populations rurales, cherchant à les fixer afin qu’elles s’acquittent de leurs impôts, et à les appauvrir pour tuer toute velléité d’insoumission. A la moindre occasion, il confisque les bijoux des femmes, les chevaux et les dromadaires, leurs moyens de transport, répétant avec moquerie «toutes les bêtes aux cous tordus doivent revenir à Brahîm al Chérîf»13. Bienveillant à l’égard des citadins, il autorise les populations de Kairouan à reconstruire leur ville, en partie détruite sur ordre de Mourâd III. Cependant, pour calmer ses soldats turbulents et insatiables, il leur accorde de temps à autre la liberté de s’enrichir par les confiscations arbitraires exercées sur l’ensemble des sujets.
La révolte d’al ‘Âdil bey
Peu d’études ont été consacrées au personnage d’al ‘Âdil bey et à la sédition qu’il a provoquée en 1867 20.
Al ‘Âdil bey est le dernier des garçons de Houssayn bey II le prolifique, né en 1830-31. Quand son père meurt, c’est un petit enfant. Sa mère, une odalisque, est vivante lors de la révolte de son fils. Elevé dans le giron de son frère, Sâdaq, il épouse la fille d’un mamlouk qui a fait une carrière sûre mais sans relief, Bahrâm.
Rien dans le personnage de l’insurgé ne le prédisposait à une telle action. Sa correspondance privée donne à voir un homme torturé par le manque d’argent et permet de juger de sa situation financière déplorable. Dans une série de lettres adressées à Mustfa Khaznadâr, il se plaint du dénuement complet dans lequel il se trouve.
En 1856, il écrit : «Je suis dans le dénuement le plus total, au point que pour affronter les dépenses du ramadan, j’ai dû vendre deux bracelets. Depuis six jours, je n’ai pas fasit entrer à ma maison un morceau de viande. Les bouchers de Tunis ne veulent plus me vendre à crédit car, disent-ils, nous ne voulons pas être roulés comme le boucher du Bardo qui court toujours derrière son dû. Même le blé manque, j’achète donc de la semoule chez le juif car personne ne veut me vendre du blé à crédit. Il n’y a plus une goutte d’huile à la maison, et nous avons passé une nuit entière sans lumière. Les animaux sont restés six jours sans manger un grain d’orge»21.
Sa situation ne s’améliore pas dans les années qui suivent où sa correspondance avec le Ministre continue à évoquer les mêmes difficultés. Au mois de rjab 1281(1864), il rappelle que sa femme est arrivée à terme et qu’il n’a rien pour affronter les frais occasionnés par l’heureux événement, le premier dans sa maison. De fait, sa femme accouche d’une petite fille le mardi 25 rjab 1281. Il demande également une maison pour abriter sa famille, du blé pour ses provisions, de l’orge pour les animaux.
Sa relation épistolaire avec Mustfa Khaznadâr dénote de rapports assez proches, d’oncle à neveu. Avec lui, il peut parler librement de ses problèmes incessants d’argent :
«acceptes-tu, lui dit-il, de voir ton fils habiter dans une maison en ruine?» et il décrit l’état de l’appartement qui lui est octroyé, formé de deux pièces où il s’entasse avec femme, enfants et serviteurs. La paupérisation du prince qui exprime la grave crise traversée par le pays explique-t-elle le soulèvement et la fuite vers la montagne ?
Le déroulement de la fuite
L’alerte est donnée quand dans la nuit du 11 septembre 1867, al Âdil, parti à La Marsa chez sa mère, ne rentre pas au Bardo. Des recherches sont faites, elles confirment la rumeur de sa fuite au jbal Béja, chez les khmîr. C’est la consternation. Son frère ‘Ali, alors bey du camp, demande l’autorisation de diriger une mhalla vers le lieu de la sédition.
Une fois sur les lieux, il adresse à son frère installé dans la montagne une missive :
«Je suis étonné de te voir perdre la tête et, poussé par Satan, faire ce que tu as fait, nous divisant, nous qui sommes de la même chair et descendons du même père. Ce qui nous fait mal te fait mal et ce qui te fait mal nous fait mal. Si tu pouvais voir l’état de ta mère et de tes sœurs depuis que tu es parti, tu aurais pitié de leurs larmes !»22.
‘Ali bey va utiliser toutes les formes de conciliation avec son frère l’insurgé et les cheikhs de tribus, allant jusqu’à les remercier d’avoir reçu le prince, qui a agi sous le coup de la colère et l’instigation de Satan, et de ne l’avoir pas laissé errer dans les contrées désertiques 23.
Ahmad Zarrouk rejoint lui aussi la montagne avec une mhalla, il recueille auprès de ses espions des informations qu’il envoie sitôt au Bardo :
«Al ‘Âdil bey est dans la maison de Darrâgi. Celui-ci lui accorde la bay’a, suivi par d’autres hommes qui arrivent sur les lieux. Al ‘Adil leur explique la raison de son soulèvement. Que son frère Hamouda bey du camp, mort soudainement le 12 août 1863, a été assassiné, «qu’ils» ont essayé de tuer ‘Ali, bey du camp mais que celui-ci a détourné la boisson vers quelqu’un d’autre qui est mort tout de suite après avoir ingurgité le breuvage. Que son soulèvement a eu l’approbation de ses frères, et des hommes de la Capitale. Ses frères restés au Bardo lui ont fait leurs adieux et ont promis de se débarrasser de Sâdaq».
Ahmad Zarrouk s’émeut de ce qu’il apprend et se hâte d’envoyer les informations au bey, de peur que celui-ci ne soit empoisonné. Lui-même s’adresse aux ‘Amdoun leur expliquant que l’homme qu’ils veulent suivre « n’a ni tête, ni bonne organisation, ni force, ni argent, ni hommes, et que sa sédition est une fuite devant ses créanciers».
La situation d’al‘Âdil bey est conforme à la description qu’en a donnée Ahmad Zarrouk. En fait, il n’est pas le seul bey dans cette situation. Tous les princes sont maintenus dans l’indigence et mis sous tutelle du bey du trône. Sâdaq bey va même codifier cette tutelle, en édictant un texte précisant le statut des membres du baythoussayni. Seulement ce statut n’est plus assorti des avantages en nature, les awâïd qu’ils recevaient par le passé et qui leur permettaient de satisfaire leurs besoins essentiels.
Ibn Abi Dhiaf émet un autre avis. Il considère que les listes civiles octroyées aux princes sont largement suffisantes, mais que les princes ont appris à dépenser dans des choses inutiles, dans le luxe, et qu’ils veulent ressembler à leur frère, le bey du trône 24. Souffrant de manque d’argent, les princes proposèrent même d’être nommés gouverneurs de provinces. La proposition choque l’entourage du bey qui y voit les prémices du vieillissement de la dynastie, puisque ses membres ne respectent plus leur propre statut qui leur interdit d’exercer un métier.
La crise du pays dans les années soixante se répercute sur le palais qui n’assure plus à ses membres les besoins vitaux. Cela suffit-il à alimenter une sédition venant du palais ? Dans quelle mesure l’idée du complot de sérail contre Sâdaq est-elle valide ?
Quels sont les protagonistes du soulèvement ?
Dans sa déposition, le bey séditieux cite les principaux comploteurs. En premier lieu le général Rachîd, chef des forces armées de Sousse, Monastir et Kairouan: il devait confier à un de ses subalternes la tâche de soulever l’armée du Sahel et la Garde du Bardo, tandis que lui-même ira rejoindre le prince dans la montagne, par voie de mer en débarquant à Tabarka.
Deuxième accusé, le général Houssîne, en Europe au moment du soulèvement pour régler des affaires d’Etat, est «chargé d’envoyer les lettres», probablement de s’occuper de l’aspect diplomatique.
Ismaîl al Sonni serait le troisième homme du complot. Il doit rester dans la Capitale pour soulever la population en s’aidant de Mrâd, âgha des Zwâwa et de Houssîne, âghadu bayt al mâl. Le premier, Mrâd, fut général de brigade et gouverneur de Sfax, qu’il quitta pendant l’insurrection de 1864. Quant au âgha du bayt al mâl, c’est Houssîne bin Ahmad wirdiâne Bâchi, fils de mamlouk.
A part le général Houssîne, les quatre hommes cités dans les aveux d’al ‘Âdil ont été mis à l’écart bien avant l’insurrection, depuis l’été 1865, et interdits de visite au palais. Bin Dhiaf lui-même, pourtant familier du sérail, n’en connaît pas la raison 25.
A côté de ces hommes, al ‘Âdil cite d’autres noms. En premier lieu, Mahmoud al Jallouli, notable citadin appartenant à une famille du makhzan, lui-même caïd, qui aurait rassuré al ‘Âdil quant au soutien de la tribu des Ryâh, tribu makhzénienne, acquise à leur cause par le soutien de l’un de ses cheikhs, Hâj Miftâh. Mahmoud al Jallouli a même ramené à la montagne deux hommes, un Français et un Anglais, qui seraient prêts à faire ce que le prince leur demanderait 26.
Un individu du nom de Kristou dit avoir vu en rêve le saint sidi Bilhassen qui soutient le soulèvement d’al ‘Âdil. Il sera chargé de soulever l’armée hanéfite (nom donné à l’ancienne armée turque), et d’amener un canon.
Parmi les hommes impliqués dans la fuite au jbal ‘Amdoun, les documents nomment :
Hmîda bin Ismaîl Sohlobji, Hamda bin Chalbi Caïd al Sman, Saïd bin Saïd al Sfâxi appartenant au corps des dhabtia (police municipale), Sâdaq Damergi, le fils de Gâra Hamda Châwich, krârsi (conducteur de carrosse), Hamda bin ‘Ali bin Çâlah al ‘alwi, machâchou (suivant) et coiffeur, ‘Abdallah bin Zâid al Trabilsi, wakîl al Marsa, et Rachîd al Mamlouk.
Une fois le soulèvement réussi, les insurgés distribueraient les fonctions ainsi : Rachîd, Wazîr ; Ahmad al Filâli, Bâch Kâtib ; Sohlobji: Caïd ; Mahmoud al Jallouli, sans fonction, mais demande qu’on lui embrasse la main deux fois par semaine. Ce sera là la seule forme de reconnaissance qu’il souhaite pour avoir débarrassé le pays de Sâdaq bey.
Quant au bey évincé et ses frères, ils seraient envoyés en exil. Si le soulèvement ne réussit pas, les instigateurs s’enfuiraient par mer.
Les événements tels qu’ils sont rapportés relèvent du complot de palais, où sont impliqués des princes évincés et des mamlouks écartés, avec la complicité de notables citadins.
Al ‘Âdil bey est-il un personnage d’envergure, capable de soulever une région ? De toute évidence non. Il est de la veine des beys que nous rencontrerons tout au long des XIX è et XX è siècles, des jouisseurs désargentés, mis à l’écart du pouvoir. Le soulèvement d’al ‘Âdil a bénéficié du soutien de milieux qui n’ont pas participé à l’insurrection de 1864, c’est-à-dire le palais lui-même, des citadins et les milieux turcs. Si l’hypothèse est valide, elle montrerait le profond isolement dans lequel se trouvait Sâdaq bey dans cette sombre période des années 1864-70. Et de fait, Sâdaq bey se désintéressera de son peuple et même du pouvoir, s’isolant de plus en plus dans son palais 27.
Le personnage semble avoir été rapidement usé par les années de pouvoir pour lequel il avait montré de grandes dispositions du temps où il était bey du camp.
La correspondance de Sâdaq «bey des amhâl» laisse voir un homme dynamique, menant à bien les affaires qui lui sont confiées, contrôlant strictement les hommes sous son commandement. Cette figure disparaît rapidement, pour faire place à un bey solitaire, photographié dans son balcon du palais de la Kasbah, assis, boursouflé, le regard vide 28.
Quant à Al ‘Âdil, il est emprisonné quelque temps, et probablement empoisonné dans son lieu de détention, le 5 novembre 1867. Tous les complices seront exécutés, quelques- uns sur le lieu même de la sédition, les autres au Bardo.
Les deux principales victimes du soulèvement sont Ismaïl al Sonni et Rachîd Kâhia.
Les réformes et les nouvelles institutions n’ont pas réussi à transformer la nature du pouvoir houssaynîte. Les ministres demeurent des hommes-liges, entretenant une stricte relation verticale avec le souverain.Leur extranéité demeure une condition de leur pouvoir politique. Le despotisme et le patrimonialisme amènent le bey à s’entourer d’esclaves et de tisser avec eux des liens politiques et familiaux. La servilité de la classe politique est essentielle pour le pouvoir beylical car elle permet au souverain d’exercer sans limites son absolutisme. Elle l’autorise en outre à récupérer les biens du serviteur quand la fortune accumulée dépasse les limites admises. Le bey, en tant que maître, hérite ses esclaves, de sorte que les biens circulent dans la sphère du pouvoir par voie d’héritage, mais aussi par les confiscations. Il serait faux d’imputer la ruine des caisses de l’Etat au seul enrichissement des mamlouks dont les biens sont constamment menacés : les plus grandes escroqueries furent l’œuvre de natifs du pays, Mahmoud bin Ayyâd et Nassîm Chammâma.
Dans sa chronique, Ibn Abi Dhiaf dénonce l’absolutisme comme cause de tous les maux. Il ne cristallise jamais les problèmes autour d’un personnage, mais accuse le système politique, l’absence de shoura (consultation) comme cause des dérives de l’Etat. L’historiographie coloniale, au contraire, n’a fait que stigmatiser les seuls mamlouks et leur mauvaise influence sur les beys 29.
Les thèmes de la manipulation, de l’empire exercé par un favori sur le souverain, ne sont pertinents que quand on les associe à la question du lieu où s’exerce le pouvoir, dans la proximité immédiate du prince, à l’intérieur de la sphère privée. On s’attendait à ce que les réformes initiées à l’époque du long règne d’Ahmad bey réussissent à soustraire le politique de l’emprise du privé. Cela ne se réalisa pas complètement.
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Toutes mes félicitations bien chère Leila pour cette aussi belle d'édifiante publication.