Mohamed Fadhel Khelil: Il était sourire, il était intelligence
A 73 ans, Mohamed Fadhel Khelil est parti trop tôt. Le gouverneur, le P.D.G., l’ambassadeur, le ministre, l’époux, le père, le parent et l’ami a été furtivement ravi aux siens, ô combien nombreux, ici et là. Dès le premier instant de votre première rencontre, il vous conquiert par un charme naturel, exceptionnel. Démineur de crises, relationniste par excellence et habile négociateur, il savait gagner la confiance de ses interlocuteurs, qu’ils soient d’humbles citoyens au fin fond de la Tunisie, syndicalistes, diplomates ou chefs d’Etat.
• Né en 1944
• Ingénieur agronome
• Première affectation, en 1968 -1969 au Kef
• A 25 ans, chef de cabinet du Dr Dhaoui Hnablia, ministre de l’Agriculture
• Directeur de la Coopération internationale au ministère de l’Agriculture
• Gouverneur:
- au Kef, 1981-1982
- à Jendouba, 1987-1988)
- à Sfax, 1988-1990
• P.D.G. de la Compagnie des phosphates de Gafsa, 1982-1986
• Ministre des Affaires sociales, 1992-1996
• Ambassadeur à :
- Damas, 1990-1992
- Vienne, 1996-1998
- Alger, 1998-2007
• P.D.G. au sein du Groupe Ben Yedder, 2007-2017.
L’amour a toujours été son moteur : l’amour de ses parents, de ses frères et sœurs, de son épouse, de ses enfants, de ses amis et celui de tous ceux qui l’ont approché. Au sein d’une famille unie et soudée, il apprit les belles valeurs qu’il a transmises par la suite à ses enfants: l’honneur, l’humilité, la rigueur, l’intégrité et la droiture. Sa scolarité fut exemplaire aussi bien du point de vue réussite que du point de vue comportement. Au travail, il a relevé tous les défis, rien ni personne ne pouvait entraver son chemin pour réussir ses missions. Marié en 1967 avec le grand amour de sa vie Zohra, il a vogué de réussite personnelle en bonheur familial. Malgré les chagrins et malheurs ressentis par le décès de Si Hassen Belkhoja, son mentor, de son compagnon de route Hamed Boughzela, de ses parents et, récemment, son petit-fils Yacine. Fadhel savait cependant en faire le deuil et surmonter ses peines.
Dans toutes les fonctions assumées, il aura été aux postes les plus sensibles, en Tunisie comme à l’étranger ! Mohamed Fadhel Khelil traitait chaque dossier avec perspicacité, se traçait un objectif et s’efforçait de l’atteindre. Et il y réussissait souvent. Laissant le souvenir d’un homme des missions délicates, il s’en était toujours acquitté avec intelligence et compétence. A Damas, sa mission n’était guère de tout repos. A Vienne, où il couvrait également l’Aiea, l’Onudi et d’autres organisations des Nations unies, il était aussi à l’aise dans la diplomatie bilatérale que multilatérale. A Alger, il était comme un poisson dans l’eau. Le président Bouteflika le tenait en haute considération. A Gafsa, sa ville d’origine, Tunis, Sfax et encore au Kef et à Jendouba, ses villes d’adoption, il avait toujours été l’ami proche de tous. Homme de consensus, son nom avait été cité au lendemain de la révolution pour la Kasbah.
Mohamed Fadhel Khelil aura été surtout des valeurs, une compétence et un grand sourire encore plus égayé par un regard bleu. Allah yerhamou.
Témoignages
Aïssa Baccouche, ancien secrétaire général de l’Uget, ancien maire de l’Ariana: «Fadhel Khelil, le bel homme (d’Etat). Le port altier, le corps agile, le regard bleu, bref un bel homme. Pour nous, ses amis de soixante ans, il en était l’archétype. Fadhel Khelil, qui vient de nous quitter à soixante-treize printemps, le premier jour de l’été agraire 2017, fut mon camarade de classe (promotion d’entrée en 1957) au collège Sadiki. Après une éclipse de quelques années, nous nous retrouvâmes en compagnie d’autres camarades autour d’un dîner, une fois l’an. Nous nous arrangeâmes, des années plus tard, quand Fadhel était en poste à l’étranger, pour nous réunir en fonction de son agenda. Certains d’entre nous sont déjà partis : Hichem Gribaa, Noureddine Ressaissi, Hédi Grioui. Il avait l’art de nouer rapidement un nombre insaisissable de connaissances qu’il convertissait pour la plupart en solides amitiés.»
Mourad Guellaty, expert-comptable: «C’était un homme d’écoute et d’appréciation des situations sociales et humaines et un homme de décision, qui ne reculait jamais devant l’appel de la tâche et du devoir... Sa vivacité et la rectitude de son raisonnement, empreintes du recul nécessaire, faisaient merveille. ‘’L’homme ordinaire est exigeant avec les autres. L’homme exceptionnel est exigeant avec lui-même’’, disait Marc Aurèle.»
Ridha Grira, ancien ministre: «J’ai connu en lui la personnification même du grand commis de l’Etat dans les moments les plus difficiles qu’a traversés le pays durant la période où il occupait le portefeuille des Affaires sociales…»
Hédi Aït Khalifa, manager: «Affable, serviable, grand travailleur, Fadhel nous a quittés exactement comme il était dans la vie : rapidement, discrètement et toujours pressé, il avait toujours un service à rendre…»
Rejeb Hajji, universitaire: «Il était un très bon vivant, appréciait les bonnes choses, aimait s’entourer de sa famille et de ses amis, il s’appliquait dans tout ce qu’il entreprenait, il avait la particularité de répandre une ondée de bonheur, de gaieté, de bien-être là où il passait et surtout il faisait l’unanimité autour de lui, aucune personne n’a un jour dit une médisance le concernant...».
- Ecrire un commentaire
- Commenter
C'était le vrai homme d'Etat, efficace et très généreux. Il a laissé de grandes et très bonnes empreintes durant tout son parcours politique jalonné de succés. Il était très affable.Tous ceux qui l'ont connu et côtoyé, l'admirent et l'apprécient à sa juste valeur. C'est l'ami de qualité et sans reproches. Paix à son âme.