Mohamed Larbi Bouguerra : Loin de Carthage, un autre festival est à la peine
Mme Miri Regev est la ministre de la Culture de Benyamin Netanyahou, le chef du gouvernement le plus à droite qu’Israël ait jamais eu.
Avant d’accéder à ce poste, Miri Regev était brigadier-général chargée de la censure dans l’armée israélienne. On voit donc que ses états de service la qualifiaient pleinement pour s’occuper de théâtre, de livres, de musique, de danse… En un mot comme en cent, c’est « the right woman in the right place » pour cette clique de racistes qui dirige aujourd’hui Israël.
Miri Regev s’est tout d’abord illustrée par la suppression de toute subvention au théâtre de Haïfa. Pourquoi ? Pour la simple raison que ce théâtre produit des œuvres en arabe !
Mais cette dame ne s’arrête pas là. Elle prive aussi de toute subvention les artistes qui refusent de se produire dans les colonies israéliennes illégales au regard du droit international.
Cette semaine, elle vient de disqualifier une pièce de théâtre « Prisonniers de l’occupation » présentée au festival d’Acre, parce qu’elle traite des prisonniers palestiniens. « Enough is enough », s’étrangle Son Excellence car elle trouve que les artistes israéliens s’intéressent trop à l’occupation.
Pour la ministre, Einat Weizman, l’auteure de cette pièce, « glorifie les terroristes » et est assimilée à « une tueuse de bébés ». Weizman déclare aux journaux qu’elle est fermement opposée à toute résistance violente. Début 2013, elle a exprimé son soutien au parti arabe de gauche Balad. A travers son théâtre, elle assure qu’elle cherche tout simplement à mettre en lumière une situation dans laquelle la censure, l’occupation, les arrestations nocturnes, la démolition de maisons et le contrôle continu des êtres humains sont considérés comme des actes « normaux et raisonnables ». « Je veux donner une voix aux personnes réduites au silence » à partir des lettres écrites par des Palestiniens en prison. « C’est une pièce humaine, à propos d’êtres humains, à propos de la vie derrière les barreaux. Elle traite de ce par quoi passent ces hommes et ces femmes qui endurent une cruauté sans fin ».
Einat Weizman, s’élèvant contre les dires de la ministre, affirme qu’elle ne traite pas avec des gens « ayant du sang sur les mains » et réplique : « Je m’élève contre cette expression. Est-ce qu’on dit que les soldats d’Israël ont du sang sur les mains ? Je suis absolument et fermement contre la résistance violente. Ce n’est ni moral ni efficace, à mon avis ».
A noter que Einat Weizman est l’auteure d’une autre pièce « Palestine, année zéro » qui traite des démolitions de maisons palestiniennes par l’armée israélienne. Cette pièce a été jouée au festival d’Acre puis à Tel Aviv et au théâtre Al Mayden de Haïfa. Mais à cause du gel des subventions au théâtre par la ministre de la Culture, la pièce n’est plus représentée. Elle est cependant inscrite au programme du festival de théâtre de Tokyo prévu en octobre 2017.
Démissions en série :
Suite aux décisions de Miri Regev et du comité de censure concernant « Prisonniers de l’occupation », interprétée par des comédiens israéliens, Avi Gibson Bar El, le directeur artistique du festival d’Acre, a présenté sa démission dimanche 2 juillet. Lui emboîtant le pas, Yosef Abu Warda, un membre du comité d’organisation artistique, a également démissionné. En outre, six des huit groupes qui devaient se produire ont annoncé qu’ils se retireraient du festival si la pièce de Weizman sur les prisonniers était interdite. Excédés, ces artistes déclarent : « la ville d’Acre n’a qu’à se payer un festival Miri Regev », cette femme qui parle des immigrants africains comme d’un cancer pour courir ensuite s’excuser auprès des malades.
De son côté, le scénariste Yehoshua Sobol, qui devait présenter sa pièce « Shkulim » à ce festival, assure que la pièce de Weizman avait été « disqualifiée sans que le comité de censure l’ait lue, ni même regardé son synopsis, mais s’est contenté de son titre pour l’interdire. »(CAPJPO-Europalestine).
Mohamed Larbi Bouguerra
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Mais quelle est en fait votre position par rapport au programme du festival de Carthage?Pour ou contre la venue de Boujnah?
Invitons Einet WEIZMAN et tous ses nombreux soutiens au Festival de Carthage. Le retentissement des injustices faites aux Palestiniens en serait plus fort et Carthage fera la preuve une fois de plus qu'il est le lieu où culture et tolérance sont indissociables. .