Limogeage du président de la Télévision tunisienne : Elyès Gharbi paye la facture
Prévisible… dès le départ. Elyès Gharbi, président de l’Etablissement de la Télévision tunisienne a été relevé de ses fonctions. La non-diffusion jeudi dernier du journal télévisé à son heure fixe de 19 heures durant le ramadan n’est en fait que la goutte qui a fait déborder le vase. Il paye sur le champ la facture d’un laxisme débridé. La descente aux enfers de la télévision n’a fait que s’accélérer ces derniers mois et le grand reproche fait à Gharbi c’est de n’y avoir pas mis un frein. Mais, en était-il capable ? La course au choix de son successeur est lancée. L'avis conforme d'une HAICA en obsolescence juridique sera nécessaire. Une dame de fer de l'audovisuel semble tenir la corde pour accéder au poste. Combien y restera-t-elle, si elle est choisie. La même question, Leaders l'avait posée lors de l'intronisation d'Elyès Gharbi. Le sauvetage de l'audiovisuel public est ailleurs que dans de simples épuisements de PDG successifs.
En nommant Elyès Gharbi à ce poste, le 22 septembre dernier, Youssef Chahed qui procédait ainsi à la première désignation dans les médias publics, était persuadé de la compétence et du talent d’Elyès Gharbi. L’image du grand interviewer dont la dernière prestation, le 2 juin 2016, recueillant les propos du président Béji Caïd Essebsi, marquait l’amorce du largage d’Habib Essid et la mise sur orbite de ce qui deviendra l’Accord de Carthage. Mais, le talent du journaliste et son aura tant auprès de ses confrères que du public sont-ils suffisants pour faire de lui un grand patron de presse, encore plus à la tête du média public le plus massif, et en pleine tourmente ?
Erreur de casting ?
Erreur de casting que le choix d’Elyès Gharbi pour cette délicate mission à la tête d’un paquebot ivre ? Ne soyons pas injustes à son égard. C’est tout l’édifice qui est menacé d’implosion. Effectifs pléthoriques, indiscipline, absence de règles claires de gestion et de traitement équitable, multiplication des baronnies, toutes hégémoniques, clivages politiques, dérive financière, et surcoûts excessifs : les maux sont profonds et les dégâts catastrophiques. La maison du Nord Hilton est devenue ingouvernable au point que ni Elyès Gharbi ni tout autre président n'est en mesure de faire face à ces cyclones croisés. Quelle est son autorité réelle ? De quels moyens disposent-ils et comment saura-t-il imposer discipline, rigueur et retour de la créativité. A armes inégales, la Télévision tunisienne est en plus confrontée à la rude concurrence de chaînes privées, plus attractives, plus innovantes.
Une ferme volonté politique pour sauver ce qui reste...
Si les gouvernements successifs depuis la révolution ont esquivé le traitement de l’épineux dossier des médias publics, la Télévision en tête, Youssef Chahed ne peut aujourd’hui tarder à trancher. Au lieu de s’empresser, à chaque incident, de désigner un bouc émissaire ou à faire porter le chapeau au président de Watanya, puis de se précipiter à lui trouver un successeur, il va falloir s’attaquer à la racine du mal. Comme il vient d’en faire montre dans la lutte contre la malversation, le chef du gouvernement doit prendre le taureau par les cornes, désigner immédiatement une grosse pointure parmi les professionnels à poigne et à vision pour tenir la maison le temps qu’une consultation élargie et rapide jette les bases d’une grande réforme de l’audiovisuel public.
Le diagnostic est connu, les solutions aussi, ce sont les choix qui sont aujourd’hui à faire. Et une grande volonté politique partagée à affirmer. Faute de cette détermination, nous n’aurons qu’à nous résigner à la désignation d’autres Elyès Gharbi, et à leur limogeage quelques mois, voire quelques semaines après.
Taoufik Habaieb
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Il faut croire que toutes les personnes dans la société Tunisienne quand ils décroche job , ce n'est pas par leur savoir ou leur compétence, mais par le grésage des roulements , autrement dit par la corruption.Le premier Ministre faute de compétent, pour boucher le poste resté vacant avait mis la personne qui l'avait sous la main. Même celui qui possède un brun de savoir devient prétentieux et agit sans réfléchir.Nous avons toujours dit rappelez-vous, les quatre vingt dix pour cent du peuple Tunisienne sans des gens immature et agissent que pour se remplir les fouilles.Par ailleurs ces gens là ils ont vu le manque d'autorité dans le pays alors.....
on place un journaliste à la place d'un gestionnaire , à qui la faute? si on s amuse à limoger à la première faute, il n'y aura plus que des passifs
Merci Si Taoufik pour cette excellente analyse. vous avez parfaitement cerné le mal et surtout son origine. Malheureusement des "cyclones croisés" comme ceux qui sévissent sur la Télévision Tunisienne existent dans la majorité des administrations et autres établissements publiques. Nous souhaitons que Monsieur le Président du Gouvernement ailles jusqu'au bout en initiant les réformes qui s'imposent. Certes, la tâche est rude et nécessite un courage politique et une persévérance à toute épreuve. Alors bon courage et bon vent !
quand on a l'indécence de faire appel (de nouveau) à ghazi ganzoui pour présenter dimanche sports, ce seul fait à mettre à son actif justifie à lui seul le limogeage.