Ahmed Mahjoub: La com’passion
A 33 ans seulement, Ahmed Mahjoub avait pris la direction générale de la filiale tunisienne de l’agence-conseil en communication JWT (J. Walter Thompson). C’était en 2011. Son champ d’action est large: l’Afrique du Nord. Sa mission est de diriger les opérations, gérer les relations avec les clients, élaborer les stratégies, concevoir messages et créations, et produire les supports. Tout en contribuant à la notoriété de JWT et à sa bonne réputation.
Encore jeune pour assumer toutes ces responsabilités? Possible, mais la modestie de l’homme préfère lui faire dire que son parcours a été jalonné de coups de chance et de rencontres qui, bien que fortuites, lui ont permis de gravir les échelons du monde de la com’. Portrait.
Mon parcours a commencé par une prépa avortée au lycée Hoche de Versailles», dit Ahmed Mahjoub en souriant. S’il a toujours su qu’il voulait faire une classe préparatoire aux grandes écoles d’ingénieurs, l’ambiance austère propre à la prépa des lycées français a tôt fait (en 24 heures seulement) de le persuader qu’il fallait rentrer au bercail. «C’était la cantine peut-être !», ironise-t-il. Le jeune bachelier du lycée des Pères Blancs s’inscrit alors à l’Ipeit de Tunis qui l’orientera vers un diplôme d’ingénieur en télécom de la Sup’Com de Tunis.
Un certain 11 septembre 2001
Alors que les tours jumelles de New York s’effondraient sous le choc des deux avions projetés sur elles, Ahmed Mahjoub débarque à Paris pour suivre une formation en e-business au sein de l’Escp-EAP en partenariat avec l’Université d’Ottawa. «Une arrivée à Paris en trombe et pour le moins agitée», se souvient-il. Pourtant, cette malheureuse coïncidence n’a en rien constitué un mauvais présage pour l’expérience parisienne de l’ingénieur, qui réussit brillamment son cursus entre l’Escp et l’Université d’Ottawa. En revanche, c’est le krach boursier de la bulle Internet des années 2000 qui lui a mis des bâtons dans les roues pour trouver un job à Paris.
Des années Escp, Ahmed Mahjoub retient une période d’insouciance marquée par une vie d’étudiant riche en rencontres avec de jeunes étudiants issus du monde entier. «C’étaient les meilleures années de ma vie, se souvient-il. Avec mon groupe de copains, qui vivent aujourd’hui aux quatre coins du monde, nous continuons à nous voir en faisant à chaque fois en sorte que ce soit dans un coin du monde insolite !»
Retour à Tunis
En 2003, c’est à Tunis qu’il obtient un poste de directeur de ventes et d’ingénieur en informatique chez Siemens. «Durant cette expérience, j’ai notamment créé et construit des partenariats solides avec des acteurs internationaux comme Netapp, Oracle ou encore Microsoft, explique Ahmed Mahjoub. Ma mission consistait également à assurer la protection des données et la consolidation de l’infrastructure.» C’est également à Tunis qu’il rencontrera sa future femme, Sarah, architecte d’intérieur de qui il aura des jumeaux âgés aujourd’hui de trois ans et demi.
Cap sur Dubaï
En 2006, un camarade de promo de l’Escp l’appelle pour l’informer de la création d’une nouvelle structure de marketing digital établie à Dubaï. «La boîte, RMG Connect, était une filiale de JWT spécialisée dans le CRM et le marketing digital, précise-t-il. Responsable du département de gestion de comptes, je dirigeais activement les terrains locaux, régionaux et internationaux.» Deux ans plus tard, les premiers signes de la crise économique de 2008 commencent à se manifester. La période trouble s’accompagne de l’absorption de RMG par JWT et voit le jeune ingénieur devenir responsable du marketing digital dans la région du Moyen-Orient de l’un des plus gros clients de la boîte: HSBC.
Nouveau retour à Tunis
Vers la fin 2010, le directeur général de JWT Tunis exprime le souhait de quitter son poste. Ahmed Mahjoub était bien indiqué pour lui succéder. Sa connaissance du marché tunisien et de la culture marketing locale s’ajoute à ses atouts de manager innovant. L’Agence est alors déjà forte de cinq ans d’expérience gérant les budgets de grandes marques tunisiennes. «Nous conseillons les marques et exécutons leurs projets de communication en fonction de leurs objectifs, indique-t-il. On va des campagnes publicitaires jusqu’aux événements et le marketing sur le terrain: nous assurons ainsi un accompagnement total du client tout au long du processus de communication.» Parmi les budgets pris en charge par l’Agence figurent Vitalait, Lilas, VivoEnergy ou encore Monoprix, Géant et l’Ontt. «C’est également nous qui sommes derrière le dernier clip de Sabri Mosbah !», s’enthousiasme le chef de JWT Tunis en insistant sur la réputation de longévité de l’Agence, connue pour son maintien dans la durée de ses relations avec ses clients.
Esprit aventurier
Très attaché à sa famille, l’ingénieur de 39 ans raconte également avec fierté le parcours de son père, Mohamed Sahbi Mahjoub. Agronome, il a fondé Sadira, une entreprise agricole spécialisée dans les pépinières, mais aussi l’exploitation agricole. Sa réussite en Tunisie la conduira à s’implanter à l’étranger, notamment en Jordanie, et à opérer dans de nombreux autres pays arabes, particulièrement l’Arabie saoudite. Lauréat de nombre de prix prestigieux, Mohamed Sahbi Mahjoub sera proclamé Manager de l’Année 2016 par notre confrère L’Expert.
La réussite du père ne fait que galvaniser davantage l’enthousiasme du fils. Ahmed est partant pour relever tous les défis. «Si on me propose un poste à l’autre bout du monde? J’y vais bien sûr ! affirme-t-il. Ma femme, architecte d’intérieur, a la possibilité de s’adapter à tous les environnements. Mes enfants sont jeunes. Quant à moi, j’ai gardé de ma jeunesse une fibre aventurière!».
Nejiba Belkadi
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