Imed Trabelsi : controverse autour d'une audition publique
Que Le témoignage télévisé d’Imed Trabelsi, figure emblèmatique du système mafieux de Ben Ali, diffusé vendredi soir dans le cadre des auditions publiques de l’Ivd ait fait le buzz, c’était attendu, mais qu’il ait fait avancer la cause de justice transitionnelle, comme le prétendent certains dirigeants de cette instance, il est permis d'en douter. On s’attendait à des révélations fracassantes, il y en a eu certes quelques unes, mais on a eu, surtout, droit à des confirmations : la vente d’alcool, l’importation de bananes, la complicité de l'administration (notamment la douane), celle de certains ministres, l’affaire du yacht volé qui appartenait à un proche de Jacques Chirac, l’ascendant pris par Sakhr Matri, tout cela était de notoriété publique. Mais ce dont on ne se doutait pas, c'est de l'ampleur du phénomène : les familles Trabelsi et Ben Ali ont mis pendant une quinzaine d'années l'économie tunisienne en coupe réglée.
Le témoignage d'Imad Trabelsi a duré un peu plus d'une heure, soit la moitié de l'enregistrement dont disposait l'Ivd. Mais on nous promet d'autres révélations dans l'avenir. En tout cas, cela a suffi pour parasiter l'initiative présidentielle de réconciliation. Pour le ministre de l'Emploi, chargé des négociations avec les protestataires, Imed Hammami, c'était le but recherché. Il accusé des partis d'être derrière les protestations pour empêcher la tenue des élections municipales et empêcher le parachèvement de la mise en place des instances constitutionnelles et critiqué le fait « qu'un symbole de la corruption distribue des certifcats de probité aux uns et taxe d'autres de corrompus». Quant au chargé du contentieux de l'Etat, il s'est interrogé sur la légalité de l'audition publique d'Imed Trabelsi : il existe des prélables à cette procédure, soutient-il, notamment une demande écrite de réconciliation et d'arbitrage de la part de Trabelsi. Ce qui n'a pa été fait.
- Ecrire un commentaire
- Commenter