News - 02.05.2017

Lecture libre de l’étude strategique et prospective «Tunisie 2025»

Lecture libre de l’etude strategique et prospective «Tunisie 2025»

Les Tunisiens ont désormais une étude prospective sur le développement du pays. Une partie de l’étude est disponible en ligne à la disposition des curieux en quête d’une lecture sérieuse, loin des discussions de salons animés dans les plateaux télévisés en compagnie des politiciens de tout bord sans autre but pour les animateurs que de voir leur audimat accroitre démesurément.
Cette étude, rédigée en langue française et consignée dans un document électronique de 152 pages par  les soins de l’ITES, a été publiée durant la dernière semaine du mois d’avril 2017. Elle devait sortir en janvier 2017 comme l’atteste la copie, mais fidèle à la citation de Talleyrand  qui figure en Fatiha de l’œuvre  elle s’annonce urgente.  Le document est  le fruit du travail d’une pléiade   d’experts tunisiens qui méritent le respect et la considération. En somme, l’œuvre est belle à ravir. C’est la nouvelle Tunisie qui commence à travailler et prendre de la peine. Elle a aussi  le grand mérite d’exister. Très soucieuse de respecter  la méthode de la prospection stratégique dans la partie dévoilée de l’étude, elle parait néanmoins informelle du moment que les deux premières parties du processus d’analyse n’aient pas été dévoilées au public. Le doute qu’on ressent est  dans la conclusion de l’étude qui parait très  ambitieuse jusqu’à tomber dans l’extravagance. La Tunisie un pays émergent dans moins de dix ans c’est un rêve, une chimère.

Loin de faire un procès du rapport, comme ferait une critique sceptique et destructrice, il s’agit de présenter une observation qui a pour fin de discerner ce que l’étude prospective peut nous présenter comme souhait et ce que le zèle ou le  rêve peut nous concevoir de vaines espérances lorsqu’on surestime nos capacités et les dynamiques du système.  D’autre part, cet avis s’inscrit dans le cadre de l’enrichissement recommandé par les auteurs du rapport et  comme il  n’émane pas d’un expert il  ne suscitera pas de  réaction intéressante.

Dans le rapport, l’ambition dépasse toutes les attentes, les espérances  et les rêves du citoyen ordinaire. Il y a là un phénomène qui est loin d’être unique dans nos prévisions, nos études et notre planification, la subjectivité, et qui n’en atteint pas moins  ici de telles dimensions qu’il  est en mesure de susciter le scepticisme. Si le rapport était destiné pour le programme d’une campagne électorale, il sera sans aucun doute applaudi et accepté parce que très impressionnant. Mais lorsque l’étude provient d’une pléiade d’experts, le doute commence à s’installer. A moins que la prophétie de Tom Nicols ne soit avérée lorsqu’il publia «The Death of Expertise», on est loin de reconnaitre une analyse objective ou réaliste. Ou bien  les standards utilisés ne sont pas les mêmes utilisés par les institutions mondiales.

La Tunisie en 2025: Un Etat anticipatif. Un Etat en paix et en sécurité : Proactif? C’est trop dire. Pré-actif  serait plus réaliste. Plutôt que demander aux leaders tunisiens d’agir pour provoquer le changement souhaitable à l’horizon 2025, il serait plus réaliste  de les inviter à mettre les bouchées doubles pour se préparer à ce changement anticipé. La Tunisie se doit de mettre en œuvre des Réformes dans tous les domaines et surtout  dans le secteur de la Sécurité qui selon l’étude a bien fonctionné en 2016. La réforme des institutions est la Réquisit de toute action future. Analyser l’avenir  et ses incertitudes nécessite l’intégration de Réquisits, ce qu’on appelle dans le jargon militaire des Présuppositions. Ce dernier concept doit être Réalisable dans le temps déterminé de son intégration dans l’analyse. Ceci  revient à dire que pour réaliser l’objectif de Tunisie 2025, toutes les réformes nécessaires seront mises en œuvre à partir de 2020. Ce qui est loin d’être le cas, car jusqu’à ce jour aucune réforme n’a été amorcée. Mais si on poursuit une autre alternative plus réaliste on dira qu’en 2025 la Tunisie sera préparée à une anticipation pour être  Proactive à l’horizon 2035 à titre d’exemple.

La Tunisie en 2025 : Pays Emergent ? C’est aussi  un projet chimérique.  Pré- émergent serait largement accepté. Sans les réformes structurelles, tous les experts savent qu’il ne sera pas possible de développer le pays. Un pays Emergent ?   Suivant quels standards ? Si c’est de l’informel qu’on prête à nos jugements  comme on a coutume de le faire, ou avec l’illusion chère à nos traditions, pourquoi ne pas souhaiter un pays développé en 2025 ? On demandera beaucoup pour recevoir la moitié comme le feraient nos commerçants  qui exercent dans le secteur de l’informel. Limiter la réussite d’un pays émergent au seul indicateur du taux du PIB (taux de 5.6%) c’est aussi procéder à une sorte du jugement informel. La définition de pays émergent s’élargit au niveau de vie, aux structures économiques et sociales, à la bonne gouvernance et surtout à la valeur des institutions de l’éducation et de la formation professionnelle. Serions-nous capable de nous aligner sur ces standards en si peu de temps?

La Tunisie en 2025 : un pays Réconcilié avec lui-même ? Possible. Un contrat social accepté et signé après d’ âpres négociations  avec les syndicats,  et après  une lassitude des mouvements de contestation et des revendications idéologiques,  pousserait les acteurs à enterrer la hache de guerre et à se réconcilier. Il ne dépend que de la société et d’elle-même sans l’intervention étrangère pour satisfaire cet objectif. Pour cette raison, il constitue un objectif réalisable dans l’horizon de 2025.

Mohamed Nafti

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