Après Tataouine et le Kef, la contestation sociale s'étend à Kairouan
Tataouine, Le Kef, Kairouan: Le ras-le-bol qui monte des tréfonds de la Tunisie est peut-être le signe avant-coureur de cette deuxième révolution que certains appellent de leurs vœux depuis quelque temps. Grands perdants aux élections de 2014, ils tiennent leur revanche. Mais pour la majorité des Tunisiens, c’est un saut dans l’inconnu. Pour le gouvernement, isolé, mal soutenu par un parti qui n'est plus que l'ombre de lui-même, cette énième crise est peut-être la crise de trop.
Harcelé de toutes parts, ne sachant plus à quel saint se vouer, il doit parer au plus pressé, colmatant les brèches. Pratiquant une politique marquée par le «trop peu, trop tard», le gouvernement n’a pas pris, au surplus, suffisamment la mesure de la gravité de la situation. Ni les délégations ministérielles dépêchées sur place pour déminer le terrain, ni les mesures prises en conseil des ministres n’ont permis de calmer les esprits. En l’absence de l’Etat et des partis au pouvoir, les populations travaillées par l'opposition ne sont pas près de faire des concessions, s'estimant en position de force. Certes, les revendications de la population sont légitimes. Mais dans son interview au journal El Maghreb, le secrétaire général de l'Ugtt a parlé de ces bandes de contrebandiers qui ont mis à profit l'absence de l'Etat dans ces régions pour s'y substituer. Il n'est exclu qu'ils soient derrière cette contestation.
Il faut espérer que les esprits se calment, que la raison l'emporte, faute de quoi, il faut craindre l'effet contagion. Hormis les régions côtières, c'est toute la Tunisie profonde qui aspire à recueillir les dividendes de la révolution, sans rien voir venir.
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Ce qui se passe chez nous, n’est autre qu’une guerre ouverte entre le capital humain et le capital financier. Un dialogue est indispensable afin d’éviter la rupture qui sera en faveur du financier qui par tous les droits du monde peut transférer ses fonds et ses équipements n'importe où sur la planète (faute de quoi ce sont tous les tunisiens qui payeront la facture). Les régions en quête d’investisseurs doivent procéder avec plus de prudence et d’intelligence, car à force de protéger des dizaines ou centaines d’emplois, ils risquent de faire perdre des milliers à d'autres innocents Tunisiens. Ce que nous sommes en train de voir est une bagarre entre des prétendus au pouvoir sur la société tunisienne, à savoir le capital financier, les structures ouvrières et l’administration publique tiraillée entre les deux et avec peu de moyens financiers et humains capables de résoudre les divers problèmes qui lui sont posés. Les perdants sont les vrais honnêtes travailleurs qui luttent en travaillant dans les pires conditions temporelles et matérielles pour assurer leur survie à l'intérieur des tempêtes naturelles et artificielles. De toutes les façons nous ne pouvons avancer qu’en vainquant la haine et la mentalité de banditisme et d'anarchie irresponsable. Chacune des parties à sa logique. L’entente et le respect mutuel sont essentiels pour arrêter les pertes à tous les énergétiques Tunisiens déjà souffrants.
Que veulent au fait ces manifestants? Plusieurs d'entr'eux veulent un emploi dans la fonction publique, car on a un salaire fixe, des primes, des rappels..; sans trop travailler, on vient au travail quand on veut, on le quitte quand on veut, on a droit à un congé annuel, on peut présenter un certificat de maladie fictif à son supérieur hiérarchique tout en percevant son salaire. Voilà pourquoi la fonction publique fait rêver beaucoup de jeunes. Allez leur parler de travail dans le bâtiment, l'agriculture (deux secteurs qui manquent cruellement de main d’œuvre), ils refuseront. Allez leur parler de fonder des petits projets que l'état encourage avec des micro et des petits crédits, ils se moqueront de vous...