Après Tataouine et le Kef, la contestation sociale s'étend à Kairouan
Tataouine, Le Kef, Kairouan: Le ras-le-bol qui monte des tréfonds de la Tunisie est peut-être le signe avant-coureur de cette deuxième révolution que certains appellent de leurs vœux depuis quelque temps. Grands perdants aux élections de 2014, ils tiennent leur revanche. Mais pour la majorité des Tunisiens, c’est un saut dans l’inconnu. Pour le gouvernement, isolé, mal soutenu par un parti qui n'est plus que l'ombre de lui-même, cette énième crise est peut-être la crise de trop.
Harcelé de toutes parts, ne sachant plus à quel saint se vouer, il doit parer au plus pressé, colmatant les brèches. Pratiquant une politique marquée par le «trop peu, trop tard», le gouvernement n’a pas pris, au surplus, suffisamment la mesure de la gravité de la situation. Ni les délégations ministérielles dépêchées sur place pour déminer le terrain, ni les mesures prises en conseil des ministres n’ont permis de calmer les esprits. En l’absence de l’Etat et des partis au pouvoir, les populations travaillées par l'opposition ne sont pas près de faire des concessions, s'estimant en position de force. Certes, les revendications de la population sont légitimes. Mais dans son interview au journal El Maghreb, le secrétaire général de l'Ugtt a parlé de ces bandes de contrebandiers qui ont mis à profit l'absence de l'Etat dans ces régions pour s'y substituer. Il n'est exclu qu'ils soient derrière cette contestation.
Il faut espérer que les esprits se calment, que la raison l'emporte, faute de quoi, il faut craindre l'effet contagion. Hormis les régions côtières, c'est toute la Tunisie profonde qui aspire à recueillir les dividendes de la révolution, sans rien voir venir.