Ce que les Tunisiens de Guinée demandent le plus
Conakry – De l’envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. Difficile de dire combien sont-ils au juste ? L’absence d’une ambassade de Tunisie à Conakry, ou du moins d’une annexe consulaire rend difficile le recensement des Tunisiens résidant en Guinée. Les diverses estimations portent à croire qu’ils seraient près de 80 personnes. Point d’aventuriers, tous des diplômés de l’enseignement supérieur, oeuvrant principalement dans le secteur privé, avec quelques experts auprès du gouvernement et d’organisations internationales. Mais aussi, deux femmes pionnières.
Donia et Essia,
La première, Donia Ktari Ghedamsi, qui aligne près de 30 ans de Guinée. Arrivée avec son époux (aujourd’hui décédé) cette enseignante commence par ouvrir un jardin d’enfants, puis une école primaire, puis un lycée secondaire. Ses deux enfants, Mehdi et Amine Ghedamsi, qui ont eu leur bac à Conakry et poursuivi leurs études universitaires en France, sont revenus à ses côtés pour développer d’autres affaires. Ils sont aujourd’hui à la tête d’une agence de communication, Bleu Citron Africa qui rayonne sur toute l’Afrique de l’Ouest, gérant les budgets de très grandes marques internationales. Leur filiale en Tunisie, Citron Bleu est leader sur le segment du street-marketing.
La deuxième femme tunisienne pionnière est Essia Matoussi. Cette originaire de Mjez El Beb, issue d’une famille d’émigrés à Paris, détient aujourd’hui un grand hôtel, Les Roches, et tout un groupe d’entreprises notamment dans le secteur des BTP. Partie en vacances en Guinée auprès d’une amie, en 1984, elle en a eu le coup de foudre. Du coup, elle laisse tout à Paris et s’installe à Conakry… Une saga commence.
Sucess stories
Ali, Imed, Houssem, Sami, Mohamed, Bassem, Ghassen, Slim et les autres ont tous en commun une passion pour ce pays d’accueil qui leur réserve considération et offre opportunités d’affaires. Ils sont dans le commerce international, la construction de ports, aéroports, stades et routes, l’agriculture, l’exportation du poisson, la distribution des pièces de rechange, l’ingénierie et autres secteurs. Ils sont là, pour certains, depuis 2 ou 3 ans, pour d’autres beaucoup plus. Ali Derbali était venu en 2006 en tant qu’expert de la BADEA. Après la fin de sa mission, il est revenu servir auprès du Gouvernement.
Les écouter parler, comme l’ont fait les ministres Zied Ladhari et Anis Ghedira, c’est découvrir de vraies success stories. Mais, aussi, découvrir la triste réalité du manque d’appui diplomatique et consulaire. «La plus précieuse ressource de la Tunisie, dira l’un d’eux, c’est les Tunisiens. Mais, que fait-on pour leur apporter la considération et le soutien dont ils ont besoin, lorsqu’ils sont dans des contrées lointaines?»
Aux anges de voir Tunisair ouvrir une liaison directe, ils souhaitent bénéficier de tarifs avantageux ce dont Ali Miaoui, directeur général commercial a pris bonne note. Reste la grande question consulaire. C’est en effet l’ambassade de Tunisie à Dakar qui couvre la Guinée. Le nombre réduit des effectifs et les restrictions budgétaires n’ont pas semble-t-il favorisé l’envoi de missions consulaires régulières à Conakry. Du coup, pour renouveler leurs passeports, les ressortissants tunisiens doivent se rendre dans la capitale du Sénégal avec tous les frais que cela leur occasionne. La situation devient plus critique en cas de décès, de détresse, d’urgence, lorsque quelqu’un perd son passeport et doit obtenir un laisser passer…
Pour le moment, c’est souvent sur l’amabilité des uns et des autres que fonctionne la solidarité entre compatriotes.
Les ministres Ladhari et Ghedira, mais aussi les députés, Jamila Jksisksi, Sabrine Goubantini et Nizar Lamami, l’y encouragent fortement. «Essayez de créer une association de Tunisiens en Guinée, dans le respect des lois du pays », recommandent-ils d’une même voix. « Mais entre temps, nos aviserons les parties concernées de vos doléances.»
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