Rendons hommage aux pionniers de l’hydraulique tunisienne!
Le barrage de Sidi Salem sur la Medjerda est la plus grande retenue du pays et la pièce maîtresse du dispositif Pden (Plan directeur des eaux du nord). Sa surface de réservoir est de 4 300 ha. A sa mise en eau en 1982, sa capacité de 550 millions de m3 a été portée en 2000 à 750 millions de m3. Avec la sécheresse qui prévaut, il ne contient plus qu’un peu plus de 192 millions de m3. L’an dernier, à la même période, il accusait un volume de 451 millions de m3. Sa centrale hydroélectrique a une puissance de 20 MW. Le barrage de Sidi Salem se situe dans le droit fil de la doctrine de ces experts tunisiens auteurs des «Perspectives décennales de développement 1962-1971» qui ont réalisé un travail remarquable (Nebhana, Sidi Saad…).
Réalistes, ils voyaient loin ces admirables et sages pionniers qui écrivaient alors : «La rareté et l’irrégularité des précipitations obligent la Tunisie à employer tous les moyens pour accroître au maximum ses capacités de rétention d’eau de surface et d’exploitation des eaux souterraines». C’est grâce à leur vision, à leur perception des enjeux posée par la problématique eau et par les disparités hydrauliques interrégionales que la capacité de mobilisation des barrages tunisiens- en temps normal- est de 400 millions de m3. Cet excellent modèle a peut-être atteint ses limites.
Aujourd’hui, le pays, en «stress hydrique», est appelé à tenir compte non seulement de l’eau bleue (des cours d’eau et des aquifères) mais aussi de l’eau verte de l’agriculture pluviale – qui fournit l’essentiel de l’alimentation du Tunisien- ainsi que du recyclage des eaux usées et de l’eau grise en respectant les règles en vigueur. Sans oublier l’eau virtuelle contenue dans les céréales importées - soit près de 35% de l’eau consommée en Tunisie.
Mohamed Larbi Bouguerra
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C'est une excellente ébauche d'article ou d'étude mettant en relief les efforts accomplis par nos hydrauliciens. Je ne me souviens que de Si Lassad Ben Osman et de Si Ameur Horchani : nul doute que ceux-là n'aient marché sur les pas de pionniers tout autant remarquables, et qu'ils aient ouvert la voie à de brillants disciples. Une mesure de simple justice aurait consisté à rappeler leurs noms...
La Tunisie a une longue tradition "hydraulicienne".J'ai personnellement connu de nombreux ingénieurs hydrauliciens de haut vol qui ont forgé la réputation d'excellence des services de l'hydraulique du Ministère de l'Agriculture depuis l'indépendance. Sans remonter à des des périodes plus anciennes, du temps du Protectorat, déjà, des équipements d'importance commençaient à être réalisés : on peut citer le Barrage El Kebir(gouvernera de Zaghouan), le Barrage de Ben Metir dont les travaux qui ont commencé après la seconde guerre mondiale ont été réalisés par l'entreprise Campenon Bernard et supervisés,du côté de la Direction Générale des Travaux Publics par Arnaud de Montmarin( polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées). Les ingénieurs tunisiens ont continué l'œuvre par la suite. Je citerai Robert Samama tunisien de confession israélite ( brillant centralien et d'un patriotisme au delà de tout ce qu'on peut décrire ), Si Lassaad Ben Osman évidemment( diplômé de l'Ecole des Mines de Paris), Si Moncef Mouelhi, Si Ameur Horchani, Si Taieb Ben Ghanem. Si Fethi Gana, SiTahar Daloua, Si Khemaies El Alouini ...et j'en oublie. Il est urgent que cette histoire soit écrite pour qu'on puisse esquisser l'avenir de l'hydraulique de notre pays.
La meilleure façon de rendre hommage aux pionniers de l'hydraulique tunisienne est, à mon avis, de maintenir la tradition qu'ils ont instaurée d'une gestion rigoureuse de nos ressources en eau d'une part, et de poursuivre, d'autre part, les programmes déjà tracés de production d'eau douce à partir des aquifères saumâtres et de la mer. Je me souviens que feu Lassaad Ben Osman, alors Ministre de l'Agriculture, suivait personnellement la gestion de la nappe phréatique de Sidi Bouzid sur laquelle aucun forage nouveau ne pouvait être exécuté sans son autorisation. Il a suffi de l'excès de zèle d'un gouverneur qui espérait prouver l'efficacité de son action en multipliant les permis de forage dans sa région pour que soient réduits à néant trente années d'une gestion rationnelle de cette aquifère.
L’origine du problème actuel du périmètre public irrigué de Testour (Alimenter par le barrage Sidi Salem)! Sur ce ppi un assolement triennal ou quadriennal devait être appliqué avec une sole en sec et une sole betterave à sucre pour alimenter les usines de Beja et Jendouba (voir étude initiale du projet) toutefois et sur insistance des agriculteurs de Testour, les pionniers de l’hydraulique tunisienne ont approuvés une arboriculture qui occupe aujourd’hui 100% de la SAU des propriétés.....Les SMVDA de la région ont abandonnées l’élevage laitier (recommandé par l’APIA) pour l'arboriculture irriguée (réorientation approuvée par l’Apia)! Aujourd'hui et même en années pluvieuses, la catastrophe est là : les besoins en eau d'irrigation ne peuvent être satisfaits, une pseudo-guerre de l'eau s'est installée entre les groupements de développement agricole qui sont en faillite, les locataires des terres de l’état perforent le sous sol par des sondages profonds autorisés sans ce soucier des conséquences futures …... le ministère de l’agriculture a récemment mis en service un nouveau ppi (Ain-ounés). Le barrage de Sidi Salem sur la Medjerda est un travail remarquable, réalisé par des tunisiens et des yougoslaves, mais les politiques d’hier et d'aujourd’hui ont vraiment faillis : chose qui de nos jours nous est masqué !……