Essid chez Benkirane : Tunisiens et Marocains demandent plus et mieux

Il faut dire que les relations tuniso-marocaines ont toujours été au beau fixe. Les Tunisiens gardent encore en mémoire la visite qualifiée d’historique effectuée en mai-juin 2014 par le Roi Mohamed VI, marquée par la signature de pas moins de 23 documents entre les deux pays. Bravant le protocole, et prolongeant sa visite officielle, le souverain marocain n’a pas hésité à aller se balader, très décontracté, au centre-ville, à la médina, la corniche de la Marsa ainsi que Sidi Bou Said, à la grande surprise amusée des Tunisiens.

 

Au-delà de cette cordialité, il s’agit à présent de hisser la coopération bilatérale à la hauteur de la fraternité entre les deux peuples.

Le volume global des échanges commerciaux reste très modeste. Le montant total s’est élevé en 2015 à 601.7 MD (dont 353.2 MD d’exportations tunisiennes contre 248.5 MD d’importations à partir du Maroc). 

 

Les investissements réciproques sont peu significatifs au regard des opportunités et des potentialités dans les deux pays. Seules 50 entreprises tunisiennes sont implantées au Maroc, avec un total investissement de 100 MD, contre 23 entreprises marocaines installées en Tunisie pour un total de 20MD. Le porte-étendard de ces entreprises est sans nul conteste Attijari Bank qui fait preuve de réel dynamisme et grande innovation, forte de 201 agences et centres d’affaires et de nombre de filiales spécialisées.

 

Là où le bât blesse encore plus, c’est le nombre des jeunes qui poursuivent réciproquement leurs études dans l’un des deux pays. Ils ne sont en effet que 300 étudiants tunisiens au Maroc et 500 marocains en Tunisie. Alors qu’on entend promouvoir l’échange des jeunes entre les pays maghrébins, ce très bas score est à améliorer en plus grand nombre, très rapidement.

 

Autant de questions qui seront sans doute abordées par Habib Essid et Abdelilah Benkirane : la situation dans la région, à commencer par la Libye, mais aussi dans la bande soudano-sahélienne, la guerre contre le terrorisme, l’activation de l’UMA, surtout après la nomination, la semaine dernière de Taieb Baccouche à la tête de son secrétariat général, la coopération avec l’Europe du Sud, etc. S’il vient juste de prendre son poste à Rabat, le nouvel ambassadeur de Tunisie, Najem Gharsalli, ancien ministre de l’Intérieur est bien proche de nombre de ces dossiers.

 

Le chef du gouvernement tunisien sera accompagné au cours de cette visite notamment par le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, le ministre-conseiller auprès du chef du Gouvernement, chargé des Affaires économiques, Ridha Ben Mosbah, les conseillers diplomatique, Elyès Ghariani et en Communication, Dhafer Néji, ainsi que le chef du Protocole, Mohamed Ghorbel. Le programme prévoit notamment une visite au site Tanger-Med.

Habib Essid débarquera par vol spécial à l’Aéroport de Rabat et sera reçu au Salon d’Honneur. Mais Habib Essid ne doit pas ignorer que ses compatriotes qui se rendent à Casa doivent emprunter un couloir spécial réservé aux passagers en provenance de Tunis. Ce traitement particulier, certes imposé par des restrictions sécuritaires concernant tous les voyageurs arrivés de Tunis, toutes nationalités confondues, déplaît aux tunisiens qui s’attendent à un accueil meilleurs connaissant la légendaire tradition marocaine d’hospitalité. Un geste qui sera apprécié à sa juste valeur à l’occasion de la visite d’Habib Essid au Maroc, celui d’exonérer les passagers tunisiens de cette contrainte. Même, si le plus important est d’impulser davantage les échanges commerciaux, les investissements privés, le nombre de bourses et d’étudiants et de renforcer la concertation bilatérale.