Opinions - 04.05.2016
Hassen Zargouni : L’investissement étranger, marqueur de la conjoncture économique
Afin de mesurer le niveau d'attractivité de la Tunisie et la confiance en son avenir économique, un indicateur clé est à suivre de près, c'est celui des investissements étrangers. Ceux-ci, IDE et investissements en portefeuille (bourse) compris ont atteint 396 MD au cours des trois premiers mois 2016, contre 510 MD au cours du premier trimestre 2015, soit une régression de 22%. Les IDE n'ont régressé que de 7% pour la même période. Le secteur de l’énergie représente 67% des IDE réalisés (investissements fatals sans création d'emplois supplémentaires) au cours du premier trimestre 2016, contre 57% en 2015 a régressé de 23%. Les services ont régressé quant à eux de 10% pour les mêmes périodes.
Avec ce rythme, à la fin de l'année, le flux rentrant d'investissements étrangers sera inférieur aux dividendes à sortir sur capitaux étrangers en Tunisie, ce déséquilibre est contraire au modèle économique mis en place voilà 40 ans et est préjudiciable à l'économie nationale.
En outre, avec ce ralentissement des investissements étrangers, conjugué à la baisse des recettes en devises du tourisme, des transferts des Tunisiens résidents à l'étranger et de l'exportation, notamment avec la baisse (naturelle) au niveau de l'huile de l'olive et du phosphate et dérivés (à cause des arrêts de production et instabilité sociale), la balance des paiements sera largement déficitaire. On aura comme double conséquence : des difficultés de paiement de nos dettes et des biens à importer pour notre équipement notamment, mais aussi des pressions sur notre monnaie nationale notamment vis à vis de l'euro.
Par ailleurs, l'arrêt actuel à Metlaoui de la production du phosphate (60%) est criminel vis à vis de la nation même si le désespoir des jeunes qui ont provoqué cet arrêt est compréhensible ainsi que le blocage répétitif du port de Radès.
Le seul moyen tangible cette année pour redresser la balance commerciale est de booster l'export avec d'une part le retour à une production normale de phosphates et dérivés (au moins 7 millions de tonnes, pour une capacité de 8.5) et d'autre part trouver des solutions immédiates aux blocages incompréhensibles et souvent malintentionnés au niveau du port de Radès qui concentre à lui seul près de 60% de nos exportations de biens.
La solution est en nous, et nous seuls !
Hassen Zargouni
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