News - 11.11.2015
UTICA – UGTT : Qui peut arbitrer ?
En décrétant une grève générale tournante qui commencera ce 19 novembre à partir de Sfax, bastion du syndicalisme, l’UGTT entraine l’UTICA dans un bras de fer des plus aventuriers. Cette pression maximale continue vient entretenir un climat qui ne cesse de dégrader la sérénité des relations professionnelles et prendre en otage l’entreprise déjà fragilisée. S’il est tout-à-fait compréhensible que le salaire, prix économique du travail, doit garantir un pouvoir d’achat décent, il ne saurait occulter une indexation sur l’inflation.
Le différend qui oppose actuellement les deux centrales syndicale et patronale porte précisément sur le taux de revalorisation des salaires dans le secteur privé et la date d’effet. Pour l’UGTT, l’augmentation doit être de 15%. En ultime concession, les compagnons de Houcine Abbassi acceptent de se limiter à 12%, alors que l’UTICA se tient au principe de la couverture de l’inflation. Selon les indicateurs gouvernementaux, cette dernière a été ramenée de 5.4% en 2014 à 4.7% durant les neuf premiers mois de 2015. Les employeurs entendent s’aligner sur 5% même s’ils seraient disposés à aller vers 1 ou 2 points de plus.
Pour ce qui est de l’effet de l’entrée en vigueur, Abbassi demande une rétroactivité pour l’année 2015. La barre limite acceptable serait la date de signature de l’accord à conclure. Ouided Bouchamaoui entend reporter cette échéance au 1er mai 2016.
Ce qui est certain, c’est que les deux partenaires sociaux aujourd’hui au bord de la rupture ont besoin de la médiation d’un arbitre indépendant respecté et accepté. Il aura pour tâche de mettre en place une logique de négociation, traçant une sorte de couloir à minima et maxima à l’intérieur duquel une médiane équitable sera trouvée. Si le gouvernement n’est pas en mesure, bien que tout indiqué, à entreprendre cette médiation, le recours à une grande figure nationale reconnue pour sa compétence économique, sa connaissance à la fois de l’univers de l’entreprise et des exigences du coût de la vie, en plus de sa probité, serait une solution à ne pas exclure.
Plus encore, les dirigeants des deux centrales doivent faire preuve de leadership en faisant rallier leurs équipes à l’esprit de l’entente et de la concorde. Brandir à tout bout de champ les menaces de grève, par l’UGTT, ou de fermeture, par l’UTICA ne fera qu’attiser les passions et compromettre l’entreprise, l’investissement, la création d’emplois et la rémunération équitable des travailleurs.
La grève générale sera un désastre pour tous. Personne n’a le droit de la laisser se dérouler.
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