News - 26.10.2015

le secteur bancaire à la veille d'une révolution copernicienne

STB – BNA - BH @ BCT : ‘’ quels profils, quels Statuts pour la BCT"

Deux événements bancaires sont en cours. Les statuts de la BCT en voie de révision et La nomination des nouveaux responsables de la BNA, STB, BH.
Paradoxalement, ce sont les nominations qui se trouvent les plus médiatisées.

il faut dire que le process de nomination est novateur. Enfin des critères bien précis pour les postes des premiers responsables exécutifs. Un mandat limité dans le temps et des rémunérations conséquentes.

Mais là où il y a à réfléchir c’est le niveau de Bac +4  demandé et c’est la préférence en profils comptables et de gestion qui est recherchée.
Si sur les grandes places bancaires ce sont les profils scientifique prononcés qui sont recherchés et qui sont toujours en postes c’est que nous avons là une défaillance certaine et criarde en termes d’identification de profils.

X, Centrale, HEC Paris, mathématiciens, autres Grandes Ecoles apparentées, françaises, US, allemandes  : ce sont plutôt ça les prédominances en profils pour les hauts et les premiers responsables bancaires. C’est eux qui sont les plus aptes à la rigueur et à faire la valeur.
C’est exactement ce dont nous en avons besoin pour nos banques. Et, au-delà, pour toutes nos institutions et affaires.

L’importance des statuts de la BCT

Revenons aux Statuts. C’est l’événement le plus important car la nature des objectifs qui pourraient être induits à la BCT est capitale.
Nous avons, enfin, une rare occasion pour corriger l’architecture tronquée de notre actuel système de financement de l’économie.
Un système qui, rappelons-le, prend ses origines dans l’organisation du marché financier par la Loi 94-117. Une Loi aussi fondatrice est déterminante que l’avait été et que l’est toujours la Loi 72.
Les Lois 72 et 94 sont deux lois clefs dans le processus d’évolution de notre économie contemporaine. Deux grandes Lois, deux grandes réformes.
Le Collectivisme, la motorisation par l’export. Puis, la Loi 94, la financiarisation. De mémoire académique, jamais une économie n’a vu, en presque 50 ans, autant de réformes que la nôtre. Trois grandes et majeures réformes. Mais, au sortir, toujours la débâcle et les queues de poisson.


Quand saurons-nous tirer la leçon de nos expériences ? Des premiers ministres qui fuient ou qui s’éteignent par ressentiment. Des tunisiens, braves et forts, tel l’imbattable Sisyphe le Grec, reprennent toujours à zéro. Une Tunisie qui, trois fois, tente et clôture perdante et appauvrie.
L’économie tunisienne, ses banques et ses multiples intervenants, qui finissent toujours en crise, est-ce donc une fatalité ?
Une économie malmenée par tous. Freinée, elle n’a jamais pu décoller pour assurer la pleine richesse et moins, le plein emploi. Le Docteur Jim Yong Kim, Président BM, a parlé, justement, avec stupéfaction d’une économie figée.

A quand de nouveaux Nobels pour la Tunisie, mais en Economie

Si chacune de nos parties prenantes avait établi sur 1960 - 2015, son modèle comportemental, la Tunisie aurait récolté certainement de nouveaux Nobels. Au moins un Nobel par modèle de binôme, réforme et ratage.
Un modèle avec des axes factoriels qui indiqueraient, à titres non limitatifs, l’impact d’un TMM élevé supérieur à 3% sur la croissance, les niveaux des dépenses en formations autant pour les patrons que pour les salariés, l’agrégation des politiques d’importations des biens consommables : le cas de la viande de moutons en poids et en € comme outil pour les baisses des prix, mesures probabilistes ‘Probit’ ou ‘Logit’ des restrictions en termes d’Agréments BCT pour des banques nouvelles sur l’investissement et la croissance, les coûts cachés du non regroupement des Organes d’appuis à l’Entreprise et leurs impact sur nos défaillances autant en Entreprises qu’en Emplois….….
Si L’UTICA le faisait, pour les variables dont elle est responsable, elle aurait sont deuxième Nobel. Si L’UGTT agissait de la mêmefaçon, elle aurait certainement son deuxième Nobel, Paix et Economie.

La BCT, les banques, quelles solutions ?

Pour les banques la modélisation indiquerait certainement qu’elles étaient en partie derrière les deux ratages de La Loi 72 et de la Loi 94.
Une politique non rigoureuse en termes d’octroi de crédits, couplée à la faiblesse chronique de la BCT en supervision bancaire, ont déclenché le processus de l’inflation. Processus qui s’est amplifié au cours de la période en rapport, qui a  conduit à la crise budgétaire dite du pain. Soit le 2e ratage économique national.
Le mécanisme de l’échec est identifiable. Les crédits improductifs élevés de l’époque, dans des taux invraisemblables de l’ordre des 20% des totaux octroyés, ont conduit mécaniquement et progressivement à des taux d’inflations élevés.
Vous augmentez les crédits improductifs et la BCT, dans le système de financement des années 70-80, ne pouvait qu’augmenter son taux de l’argent, le TMM. Vous augmenteriez le TMM, vous augmenteriez en conséquent les taux des crédits, les emprunteurs augmenteraient alors leurs prix. Quand les prix sont dans une cyclique d’augmentations répétées, le pouvoir d’achat des gens baisse. Les officiels sont alors obligés de suivre par des augmentations salariales.
Le modèle de crise, latent, se termine alors par l’épuisement des ressources budgétaires nécessaires aux augmentations des salaires, aux subventions, aux investissements. La manœuvre budgétaire se réduit et les officiels recourent forcément aux gels des salaires, à la réduction des subventions à la limitation des lignes d’investissements.
La solution : comment muter vers un système de financement de l’économie où la maitrise de l’inflation se trouve rigoureuse et durable. Et nous est voilà à l’architecture de la Loi 94.
Le financement de l’économie tunisienne ne se fait plus uniquement par les banques et par l’Etat. A l’instar des grandes économies contemporaines, la Tunisie associe le marché financier, la Bourse, au financement de son économie.


C’est le système, Loi-94, avec tout un nouvel corpus monétaire, de nouvelles règles de fonctionnement, de nouveaux organes de régulation, le CMF en premier, avec la Bourse, qui assure désormais le financement de l’économie. Un Système a même de favoriser la croissance et de juguler l’inflation.
Il a ses risques oui, de grands risques oui, mais ce n’est pas l’objet de notre communication d’aujourd’hui.
Venons alors à la BCT. Dans cette nouvelle architecture financière de La Loi-94, a-t-elle changé ses méthodes d’intervention ? A-t-elle changé d’objectifs et de Statuts ? Non. Et encore, ce n’est qu’en 2006 que ses objectifs organiques ont été amendés.
Certes le processus des réformes est long et lent. Mais aujourd’hui il faudrait que chacun de nos Organes, de nos Agences et Institutions s’empreigne rigoureusement de son rôle et de ses missions. Sinon c’est le laxisme, l’informel qui prend tout, le noir comme le blanc.
De ce fait l’objectif actuel de la BCT d’assurer la stabilité des prix, qui date de 2006, est à affiner.
En effet, en indiquant que cet objectif vise et cible la matrise de l’inflation, nous pouvons conclure que, vu l’Indice des prix à la consommation élevé sur la décennie et au-delà, la stabilité des prix, en valeurs absolues, n’a pas été réussie.
Et encore, vu l’informel qui représente dans les 50% de l’économie, l’inflation est certainement au double de ce que l’on pourrait croire et lire comme taux. D’autant plus que dans les marchés informels, les augmentations de prix sont hautes et non disciplinés, les+ 20% sont courants.
L’objectif en stabilité des prix est donc en échec permanent. Impérativement, dans les nouveaux statuts, il devrait être lié à un taux planché en inflation. 
Nous pouvons commencer par un objectif de 4% au plus et arriver à 2% au plus. Les Instituts d’Emissions EU, USA, France, Chine Populaire, Allemagne, Japon, s’imposent 2%.

L’indépendance bancaire

L’indépendance n’a de sens que si l’on l'accompagne de contraintes.
La 1ère contrainte a trait, donc, au suivi de l’objectif de la stabilité des prix. Il faudrait le coupler avec un objectif quantitatif en termes d’inflation, à terme moins de 2%.
De deux, la supervision bancaire devrait se rénover. Pourquoi ne pas l’extraire de la BCT est la monter en un organe indépendant sous la tutelle du Ministère de la Finance ? Des taux de crédits non productifs qui sont hors normes internationales, 15 et 20%, alors qu’ils sont ailleurs au plus de, +1 à +4%, est inadmissible. La fonction Supervision doit se trouver une solution et un sens.
De trois, il faudrait que les objectifs de la BCT s’étendent à la croissance et aux emplois. Sinon comment peut-on penser qu’elle soit en phase avec les problèmes nationaux actuels ? Avec l’époque ?
Ce n’est qu’ainsi que les agréments pour de nouvelles banques seront en nombre non restrictifs, que le TMM sera imposé aux environs de 0%, que les taux longs seront au plus dans les 2%, que les crédits trouveront enfin leurs nécessaires expansions et diversifications. Actuellement la répartition des crédits est figée, tout en tailles qu’en natures (voir anciennes publications chiffrées sur le sujet).
De quatre, les levées de fonds par les mécanismes du marché financier qui échappent aujourd’hui aux circuits bancaires doivent passer, indirectement, sous la tutelle de la BCT.
L’efficience économique et la rigueur financière imposent un rôle accrues aux banques dites d’Affaire et aux banques dites Dépositaire. C’est aux premières d’établir les prospectus et d’introduire en Bourse. Et c’est aux seconds de superviser les levées de fonds conséquentes, d’Appels Publics à l’Epargne, ainsi que leurs bonnes affectations et utilisations.
La BCT jouerait ainsi le rôle qui est le sien dans le marché financier, et ce, sans toucher aux prérogatives du Conseil du Marché Financier, le CMF.

Mohamed Abdellatif Chaibi

Banquier

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