News - 25.06.2015

SFAX-Le coup d'éclat de la société civile pour récupérer ses plages

SFAX -Le coup de force de la société civile pour récupérer ses plages

Depuis environ deux ans un collectif d’associations d’environnement, de développement régional, de citoyenneté a été créé dans le but de militer pour un environnement sain et une qualité de vie meilleure à Sfax. Ce collectif a pu tracer un diagnostic clair sur l’état de l’environnement catastrophique que vit la région et ce à travers les différentes études faites depuis une dizaine d’années mais aussi la réalité du terrain, plusieurs rencontres et séminaires avec des experts du domaine ont eu lieu pour explorer l’état des lieux.

A l’occasion de la journée mondiale de l’environnement le 5 juin le collectif a élaboré un plan d’action focalisé essentiellement sur la relation de la ville de Sfax avec son littoral :

  • Littoral nord dont une partie a été dépolluée, il s’agit du projet Taparura qui attend encore la levée des freins qui l’entourent pour son démarrage par des décisions politiques courageuses.
  • Les anciennes plages, mémoire de la ville que l’Office de la Marine Marchande et des Ports veut les exploiter pour l’extension du port de commerce et développer l’activité conteneur, un projet refusé en bloc par la ville puisqu’il va aggraver la congestion du trafic urbain au centre-ville et condamner une réserve foncière qui constitue l’extension logique de la ville côté mer.
  • Le littoral sud étalé sur plus de quinze kilomètres de côtes avec des milliers d’hectares de réserve défigurés par la pollution dégagée essentiellement par l’usine de la SIAPE installée depuis 1952, une usine amortie qui aurait du être fermée depuis 2011 suite à une décision datant du mois d’avril 2009.
  • Le 14 juin 2015 est une date historique à Sfax, le collectif a organisé une manifestation de grande envergure :
  • Un sit-in de 10 H à 11 H  devant la municipalité réclamant la fermeture de  la SIAPE sans condition et l’annonce d’une date précise de l’arrêt de ses activités toxiques.
  • Puis une marche vers les anciennes plages marquant ainsi un territoire qui revient à la ville et aux citoyens, un espace qui a manqué à la ville pendant quatre décennies. Cette marche a permis aux jeunes de savoir qu’ils habitent dans une ville qui avait sa plage, une plage bonne pour la baignade, et aux plus âgés (plus de quarante ans) de se rappeler du bon vieux temps, des plages animées par la joie et la bonne humeur, des plages où ils ont appris à nager.

La semaine qui suit, les représentants des associations  ont pris rendez-vous avec le gouverneur et ont  exposé un plan d'action pour récupérer les plages du centre-ville:
Nettoyer les plages avec le concours de l’autorité régionale, permettre aux estivants de se baigner et créer une animation sur le site.
Le gouverneur s'est montré très coopérant, a approuvé cette démarche de la société civile et a programmé une visite sur les lieux  avec les différents intervenants: Municipalité, Société Taparura, APAL, Equipement… et bien sur des représentants de la Société Civile.

Une réunion a été organisée à la municipalité, les tâches ont été réparties entre les différents intervenants.

Les travaux ont été entamés le  lundi 22 juin. Cette action montre une certaine maturité de la société civile à Sfax qui adresse plusieurs messages aux autorités régionales et surtout au pouvoir central :

1- Sa détermination pour  récupérer son littoral, anciennes plages au centre-ville mais aussi le littoral sud après la  fermeture de l’usine de la SIAPE réclamant haut et fort sa fermeture sans condition et dans les plus brefs délais.

2- Son refus catégorique des décisions arbitraires de l’autorité centrale à Tunis concernant l’extension du port de commerce sur son versant Nord-Est, c'est-à-dire sur les anciennes plages, plusieurs arguments sont avancés pour cette opposition: 

  • Le port reste enclavé et son extension va accentuer les problèmes de trafic urbain si on envisage de préserver la voie ferrée à Bab Bhar et élargir la voie d’accès au port.
  • Même avec cette extension ce port reste insuffisant pour une ville qui se veut une métropole attractive et compétitive : liaison avec la Libye, à l’Ouest du pays  et au delà l’Algérie.
  • L’extension peut mieux se faire au niveau du littoral sud d’autant plus que l’accès et plus facile et les terrains ne manquent pas (après dépollution), toutes les composantes de la logistique et les voies de communication sont au sud de la ville: plateforme logistique, aéroport, autoroute, rocade, voie ferrée et gare marchandise.
  • La réussite du projet Taparura qui est le projet phare de la vile de Sfax passe par la récupération des anciennes plages et les sites d’industrie de phosphate Granuphos, ces terrains (40 ha environ) qui sont une extension naturelle de la ville côté mer et qui constituent la mémoire de la ville ne peuvent être alloués à l’extension du port comme l’envisage ce projet d’extension mais plutôt une zone de loisir, des projets touristiques et d’extension urbaine pour la ville.
  • Ce projet d’extension est incompatible avec une vision intégrée de développement durable de la ville (nous voulons un port au service de la ville et non pas une ville au service du port).

3- Son véto contre toute activité chimique sur le site de la SIAPE après sa fermeture, ce sont les études de dépollution de tout le littoral sud qui traceraient l’avenir du site et les possibilités de sa valorisation.

Le Groupe Chimique Tunisien n’est pas en droit de décider la reprise d’une activité chimique nouvelle sans la concertation de la ville.

Ce collectif associatif s’élargit à plusieurs associations et organisations professionnelles, agit en collaboration étroite avec les élus de la région pour élaborer une vision consensuelle de projets capables de changer le visage de la ville, une ville méditerranéenne historique comme le conseillent les experts de l’UNESCO pour sa classification au patrimoine mondial, avec un patrimoine maritime très riche remontant à des siècles.

La conversion d’une partie du port de commerce en port de croisières et de plaisance donnerait aussi le cachet touristique à une ville qui regorge de potentialités.
Ce réveil et ce coup de force de la Société Civile appuyée par ses élus politiques augure d’un avenir certainement meilleur pour une région qui pourrait mieux contribuer à l’effort de développement et l’essor du pays.

 

Dr Abdeljalil GDOURA 

Président Association Beitelkhibra – forum d’action et de développement à Sfax

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