Quand un écolier tire la sonnette d’alarme…
Rien ne prouve l’acuité de la question environnementale dans le pays autant que l’intervention, à la télévision nationale, de cet élève de 10-11 ans lors du débat sur l’école le 15 mai dernier. Calmement et avec un sérieux et une conviction remarquables, ce chérubin expliqua que l’odeur des poubelles, sous les fenêtres de sa classe, l’empêchait ainsi que ses camarades de travailler.
Après donc les pullulements de mouches, de cafards, de rongeurs et de chiens**, voilà un autre reproche que l’on doit adresser à ces containers jamais lavés, jamais couverts qui « ornent » et embaument nos rues : ils empêchent nos jeunes de s’instruire!
Quand donc se décidera –t-on à éliminer ces incubateurs « urbains » de microbes, de vermines et …d’ignorance ? Il faut le faire rapidement….sinon on risque d’avoir à distribuer des masques à gaz à nos écoliers pour qu’ils puissent se protéger de leurs effluves quand ils vont en classe.
Parmi ces émanations, mention spéciale doit être faite à l’hydrogène sulfuré (gaz ayant l’odeur des œufs pourris) qui résulte de la putréfaction des matières organiques. C’est un gaz hautement toxique voire mortel. Ses effets sont pratiquement ceux du cyanure. Il peut provoquer, entre autres, des irritations, des vertiges, de la confusion, des atteintes oculaires (opacité de la cornée, kératoconjonctivite, larmoiement, photophobie) et perte de conscience. C’est un composé très insidieux car il fatigue d’abord et supprime ensuite le sens de l’odorat par paralysie du nerf olfactif. L’individu exposé ne peut plus se rendre compte de la présence du poison et meurt par collapsus pulmonaire.
Il faut éviter à tout prix l’exposition sur le long terme de nos écoliers même à de faibles doses de ce gaz car elle a pour conséquence fatigue, perte d’appétit, céphalées, sautes d’humeur, perte de mémoire et vertiges.
A l’heure où les grèves se multiplient et que les incivilités s’aggravent dans notre pays, il nous faut écouter cet enfant. L’environnement ne nous appartient pas. Comme disent les Indiens d’Amérique du Sud, nos parents nous l’ont légué et nous devons le remettre dans un bon état à cet élève et à ses camarades.
Tous ces citoyens négligents qui sèment à tout vent leurs déchets, tous ces responsables municipaux qui croient que les ordures font partie du « décor naturel » de nos cités doivent enfin se réveiller et prendre en considération l’appel au secours de cet écolier.
Vous aussi, MM. Les ministres, il vous faut entendre cette réclamation émouvante et si sincère….car dénuée de la moindre considération politique. Il faut arrêter de regarder ailleurs quand la maison brûle (pour paraphraser M. Jacques Chirac) car dit Hannah Arendt : « Les Républiques meurent du rire et du mépris des peuples pour leurs dirigeants ».
C’est urgent. Il faut entendre la sonnette d’alarme que tire cet écolier…en dépit du terrorisme aux frontières, des grèves sauvages à la STEG et à la SNCFT, de l’arrêt des ICM et de la CPG, des discussions de boutiquiers qui opposent magistrats et avocats sur le Conseil Supérieur de la Magistrature et des épandages aériens de pesticides toxiques sur le lac Sijoumi….Rien ne doit passer avant l’école !
Rendons à l’école sa propreté et donc sa dignité…car le système éducatif est le moteur principal du développement.
Mohamed Larbi Bouguerra
**La rage a fait une nouvelle victime dans notre pays début mai. Le 10 mai 2015, à Maharès, une femme, mordue par un chien errant un mois auparavant, a succombé, dans notre pays…., nouvelle victime d’une maladie d’un autre âge!
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L'éternel problème des déchets .. Moi meme , j'ai essayé d'entreprendre des actions dans mon quartier sans grand succès car il faut que tout le monde mette la main à la pâte! A mon avis et ce qui serait bien pour éduquer les tunisiens à l'environnement et les sensibiliser à ce problème , c'est d'obliger les écoliers à participer au nettoyage de leurs ecoles (poubelles de leur ecole) et rendre ce travail obligatoire. L'ancienne génération est perdue à mon avis. Il faut travailler sur les jeunes. Et Il ne faut pas les éduquer à ATTENDRE des actions de l'etat. C'est cette attitude qui fait que la Tunisie est toujours là ou elle est. On n'y est pas arrivé par les forces publiques, ni par les actions citoyennes, peut etre y arriverons nous par l'Education !
Cet élève a raison de se révolter contre les mauvaises odeurs. Mais avec le respec que je vous dois vous trompez Monsieur Bouguerra sur l'origine de ces mauvaises odeurs. Ce qui indispose toute la société Tunisienne, et va la rendre dingue, c'est surtout l'odeur nauséabonde des discours d'un grand nombre de nos politiciens, de nos journalistes, de nos intellectuels et des chansons d'un certain nombre de nos artistes.