Notes & Docs - 03.12.2013

La grève de la faim chez le détenu

La conférence annuelle du Comité National Ethique Médicale s'est tenue samedi à la faculté de médecine de Tunis sur le thème : la grève de la faim chez le détenu.

Elle a réuni un grand nombre de médecins et de juristes dont les interventions ont mis en relief la difficile attitude  du médecin face au gréviste de la faim dont il  faut respecter la volonté et lui assurer un suivi adapté avec une écoute spécialisée, ceci sans avoir les moyens de lui accorder les soins médicaux appropriés. Difficulté renforcée par l’absence de toute législation tunisienne.

Notre propos est d’analyser l’attitude du médecin  appelé à intervenir auprès d’un détenu gréviste de la faim. Attitude qui va se révéler difficile à bien des égards. En effet elle est dictée par le respect de la volonté du patient au-dessus de toute considération même celle de lui préserver la vie contre son gré. 

Ainsi dans ce conflit qui oppose le détenu à l’autorité, le médecin n’a vocation ni d’y prendre part, ni de préserver la vie de son patient, n’appliquant pas le premier des principes de l’éthique médicale.

En agissant de la sorte le médecin établira un climat de confiance qui lui permettra d’effectuer l’examen physique et mental  itératif du patient, à la recherche de facteurs de morbidité et de troubles de discernement pour déterminer la dangerosité de la grève dans ses trois modalités, absolue, totale ou partielle.          
                                                                                                 
Il pourra apporter une information éclairée au jeûneur quant à son état, l’évolution de sa grève de la faim et la montée des risques. Il en assurera également la confidentialité.      
     
En tenant compte des considérations éthiques, juridiques et religieuses liées à sa prise en charge du détenu, le médecin rencontrera des difficultés, en particulier face à une morbidité grandissante faisant craindre le pire ou l’installation d’un coma. Lui faut-il faire rompre le jeûne à son patient?  L’avis d’un comité ad hoc pourrait faciliter une pareille décision.

Parmi les interventions riches qui ont animé un grand débat, celle de Nadia  Hellal où elle décrit son vécu tourmenté de médecin pénitentiaire, a rempli l’auditoire d’émotion.

Les modérateurs Ahmed Maherzi, doyen de la Faculté de Médecine, Brahim Gharbi président du Croissant Rouge, Sana Ben Achour professeur d’Université, Moncef Hamdoun médecin légiste, Seddik Jeddi neuropsychiatre et Balkis Allagui vice-présidente de la LTDH ont animé les débats avec talent. 

En conclusion, il fut décidé de la création d’un Comité de sages pour élaborer une réflexion transdisciplinaire en vue d’ améliorer les conditions du suivi et de l’écoute, et pour obtenir des mesures législatives afin de combler le vide juridique pour protéger les personnels médicaux officiant dans les prisons et les grévistes de la faim qui sont avant tout des êtres humains.

Saadeddine Zmerli

 

Tags : LTDH   Saadeddine Zmerli   tunis  
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