Opinions - 24.06.2013

Le remède contre la vie chère: Taoufik al Hakim (1898 - 1987)

Entre 1946 et 1951, Taoufik al Hakim publia un certain nombre de savoureux billets d’humeur repris par la suite sous le titre La Canne du sage…dans ce bas monde …et dans  l’au-delà  dans la collection mensuelle des fameux petits livres de Dar al Hilal.

«Ma canne, dit en substance notre chroniqueur, est bien plus fidèle que mon âne…qui m’a quitté pour s’adonner à la politique… laquelle s’en est complètement emparé».

La cherté des prix est encore d’une brûlante actualité chez nous aussi et les prix ne montrent aucun signe de relâchement… en dépit de la visite de M. Jebali à Fondouk al Ghala, malgré  les efforts de MM. Mohamed Ben Salem et ceux de M. Ali Laârayedh. Aucun signe de relâchement des prix à l’horizon… Au fait, pourquoi nos politiciens ne demanderaient-ils pas à l’astucieuse canne de Taoufik al Hakim des conseils ?

La canne dit:
«Les gens ne parlent plus aujourd’hui que de la cherté de la vie… ce mal incurable qui donne la migraine et décourage toutes les bonnes volontés lorsqu’on cherche un remède pour le traiter… N’aurais-tu pas un traitement?»

Je répondis :
«Cherchons d’abord l’origine du mal… loin des théories des savants et des experts… En réalité, il ne diffère guère des autres affections dont on disait jadis : «La gloutonnerie est à la racine du mal et la diète en est le premier remède.»… Quelle que soit la pression des raisons économiques ou autres, ce qui impacte les marchés et fait grimper les prix est essentiellement entre nos mains , ou plutôt  dans nos ventres… La viande, le pain, les fruits et le riz ne verront pas leurs prix baisser de manière significative tant que nous voulons les voir quotidiennement sur nos tables…

L’avidité du producteur comme celle du marchand répondent à celles de l’acheteur et du consommateur… Et voici une expérience qui le  prouve avec preuves à l’appui… Lancez, ô consommateurs, une campagne d’envergure ;  utilisez la presse et la radio ainsi que tous les moyens de diffusion  pour définir et cataloguer tous les types de mets et de repas,  pour toutes les bourses et tous les foyers… Conseillez de ne pas manger, par semaine, les fruits plus de deux fois, la viande plus de trois fois, le  riz pas plus de deux ou trois fois. Pour la table comme pour l’habillement, déclarez la guerre au gaspillage, à la dilapidation et au luxe. Faites en sorte que la sobriété et la simplicité deviennent populaires et je ne dis pas austérité et ascétisme comme le font les Anglais depuis deux ans. Ils ont non seulement réussi dans la lutte contre la vie chère  mais ils sont parvenus aussi à vaincre leur crise financière… Faites-le et vous serez le témoin d’un  miracle ! Les bedaines fondront comme neige au soleil ; l’embonpoint, le diabète et l’hypertension diminueront. Les prix s’orienteront alors à la baisse, les poches se garniront et le riche nourrira le pauvre.»
 
La canne dit :
« C’est bien vrai… Il ne sert à rien de lutter contre la vie chère si on ne s’occupe pas de nos panses et de notre train de vie… Le client sobre fera mordre la poussière au marchand âpre au gain…. »

Traduction
de Mohamed Larbi Bouguerra

 

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1 Commentaire
Les Commentaires
pseudo - 25-06-2013 04:20

savoureux billet de si Bouguera pour avoir observé le comportement alimentaire de mes compatriotes comment leur en vouloir vous avez vu à la télévision des émissions populaires et attractives de leçons de nutrition? avez vous vu dans les écoles des cours sur le gout et des leçons de nutrition?qui vante les vertus du borgol;de la soupe d 'avoine ou d 'orge?qui connait des viandes que nous mangeons?quelles farines et antibiotiques ingurgitent les poulets industriels et les poissons d 'élevage?regardez les cours de cuisine à la télé on ne vous apprends guère comment préparer un repas équilibré délicieux et pas cher;ni à acheter des produits de saisons;ni à accommoder les restes.Aucune agence de nutrition indépendante n 'existe sans parler des légumes abreuvées d 'engrais et fades;une visite au marché qui devrait etre une promenade de plaisir vous donne l 'urticaire le oissonnier devient un virtuose pour vous fourguer du poissons peu frais à des prix exorbitants sans toucher à la première rangée ,essayer de lui demander de vous vendre cette devanture, recompter votre monnaie en calculant le montant du prix réel il y aura souvent 70 c de plus et si vous les réclamez on vous les rendra avec un regard méprisant ....etc.la chakchouka est devenue un mets de luxe et la viande un spectacle visuel pour la majorité des tunisiens comme dans les histoires de jha.l 'obésité de la mal bouffe est un fléau national.on ne mange pas on se goinfre.je n 'ai jamais compris pourquoi on trouve dans les autres pays tant de variétés de pomme de terre et que dans notre pays elle soit rare chère peu gouteuse et avec le Ramadan on la vendra avec parcimonie;c'est le caviar du pauvre.on peut faire du fast food équilibré mais l 'appat du gain et le manque d 'éducation du palais font la fortune des gargottes et des médecins

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