News - 18.04.2013

Marzouki : tout pour attirer les investisseurs japonais

«Je suis féru de littérature japonaise, surtout les Haiku, de votre culture, de votre musique et de vos arts culinaires et sachez que je ferai tout pour soutenir l’attraction des compagnies japonaises en Tunisie». Devant les dirigeants de 20 grandes compagnies nippones, qu’il recevait jeudi matin à Carthage, le président de la République Moncef Marzouki n’a pas été avare en compliments, ajoutant aux arguments traditionnels de la FIPA, les messages qu’il estime porter le plus. Venus directement de Tokyo ou de grandes capitales européennes, ils représentent les plus grandes compagnies: Mitsubishi, Itochu, Yazaki, Sumitomo, NEC, Marubeni et autres Japan Bank of Commerce. Onze parmi elles viennent en exploration et les neuf autres sont déjà implantées en Tunisie, rencontrant parfois des difficultés qui ont été d'ailleurs évoquées.

L’opération concoctée par le Département économique de la Présidence, dirigé par Anis Jaziri, a prévu une audience avec le chef de l’Etat qui prononcera une allocution de cadrage général, puis de courtes présentations sur la gouvernance et le climat des affaires, suivies de questions-réponses. Marzouki ira droit au but.  «Sécurité : toute la région est en mutation, mais nous allons beaucoup mieux qu’en 2011. D’ailleurs demain, je réunirai le conseil national de sécurité pour adapter notre stratégie. Nous collaborons étroitement avec nos voisins libyens et algériens pour verrouiller les frontières. Ne me demandez pas le degré zéro de sécurité, ça n’existe pas, mais nous ferons de notre mieux, je peux vous l’assurer». Evoquant la tragédie d’Ain Amenas qui avait fait des victimes japonaises, il exprimera ses condoléances et sa compassion, affirmant que pareils actes ne sauraient être commis en Tunisie contre des Japonais. «Ce peuple vous aime et plonge ses racines dans une longue tradition qui depuis 3000 ans, a appris à bannir la violence et la gérer dès qu’elle risque d’éclater !»

La dure réalité rencontrée sur le terrain

Avec Hédi Ben Abbès, conseiller diplomatique, Anis Jaziri  et Fatma Ghanmi, du ministère du Développement et de la Coopération, s’efforceront de répondre aux questions posées. Le directeur du site de Sumitomo à Jendouba, Adil Semrich, ne mâchera pas ses mots. Quand allez-vous nous fournir la sécurité nécessaire, lancera-t-il, pour nous permettre de travailler convenablement et de monter en puissance de production ? Nous employons actuellement 820 personnes et nous pouvons aller jusqu’à 3500 et nous ne demandons que la sécurité !» «Celle extérieure, répondra Hédi Ben Abbès, vous sera garantie, et celle relatives aux relations professionnelles, nous venons de signer un pacte social. Nous sommes disposés à traiter vos demandes spécifiques.»

Miwa Mutsuminé Jilani, qui dirige à partir de la Tunisie une société d’assistance aux compagnies japonaises en Afrique du Nord, monte elle aussi au créneau. «Moi, je vis ici depuis longtemps et comprends bien les contraintes. J’ai le courage de supporter. Mais, comment rester crédible auprès de mes partenaires que je conseille d'investir ici. Exemple: la carte de séjour doit être renouvelée tous les deux ans. La mienne, je l’ai déposée en juin dernier, il y a donc plus de 10 mois, et je l’attends encore. Certes le Poste de Police a été incendié, mais combien de temps dois-je attendre davantage ?» Fatma Ghanmi  s’emploiera à l’amadouer : soit on leur tire les oreilles soit vous refaites votre dossier. Mais il fallait venir me voir. Mes services se chargent de tout. C’est vrai qu’on mettait 2 mois dans la passé, à présent vous l’aurez en 15 jours». Hiroyuki Miyazawa, directeur chez Marubeni, en poste à Paris, va plus loin. «Nous vendons de longue date des engins à la Compagnie des Phosphates de Gafsa. Mais, depuis quelques temps, on ne peut plus nous rendre dans le bassin minier à cause des conditions sécuritaires. Et là, je vois que la production est très réduite, souvent arrêtée. Est-ce que vous renoncez à ce secteur et comptez l’abandonner ? » Des yeux, le conseiller économique, Anis Jaziri cherche le directeur général de l’API, Noureddine Taktak et le représentant du ministère de l’Industrie et de l’Energie qu’il invite à réagir. Ce dernier, placera  tout juste : «cela est en train de changer».

Balance commerciale : peut mieux faire !

Invité à cette rencontre, le PDG du Cepex, Abdellatif Hmam nous montre les indicateurs de la balance commerciale: 533,8 MD d’importations contre 140,8 MD d’exportations en 2012. Le Japon est notre 20 client et nous sommes son 83ème fournisseur avec une part de marché de l’ordre 0.02%. Nos exportations, en croissance moyenne annuelle de 17% sur les cinq dernières années, sont constituées à 70% en IME et 24.82 en agroalimentaires (thon rouge, pâtes, huile d’olive, poulpes, etc.). Au total, 78 exportateurs tunisiens opèrent sur le Japon et 10 parmi eux réalisent 97% du montant total. A l’import, nous trouvons des voitures, machines, divers appareillages, médicaments, pièces détachées, etc.

Tout au long de la rencontre, assis sur le podium au côté du chef de l’Etat, l’ambassadeur du Japon à Tunis, Juichi Takahana prend des photos, prêtant attention à tout. Dans le grand salon bleu, parmi la délégation, Tomoko Wtanabé-Lespade, représentante de la Jetro (organisation japonaise du commerce et extérieur) et Ryuichi Tmozawa, directeur général du bureau de la JICA à Tunis, notent tout. «Il y a beaucoup à faire», laissent-ils tomber d’une même voix.
 

Tags : API   carthage   CEPEX   Japon   moncef marzouki   S   Tunisie  
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1 Commentaire
Les Commentaires
mhamed Hassine Fantar - 19-04-2013 09:09

Voilà une rencontre où la réalité se présente telle quelle.Espérons que la Tunisie et le Japon réussiront une collaboration saine, fructueuse et durable.La sécurité est la condition première pour la reprise de notre économie. Le droit à la grève, personne n'a droit de le contester; mais il convient de s'entendre sur sa grammaire.C'est là où le gouvernement et la société civile doivent chercher un terrain d'entente pour une société solidaire.Pour ma part, j'ai trouvé cette rencontre tuniso-japonaise significative et prometteuse. La Tunisie se doit de savoir profiter des heureuses expériences japonaises tant pour le patronat que pour la classe ouvrière.

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