Radhi Meddeb: Remaniement, quand tu nous tiens!
Une question revient sans cesse dans les débats politiques depuis des mois, celle du remaniement ministériel. Chacun y va de son analyse, apporte se contribution à la controverse : quand ? Quelle ampleur ? Quels sont ministères concernés ? Quelle ouverture politique ? Vers quels partis périphériques ? Autant de questions qui apportent autant de réponses différentes. En mathématiques, l’analyse combinatoire nous enseigne qu’un nombre limité de questions, ayant chacune un nombre limité de réponses peut aboutir à un nombre considérable de combinaisons possibles. Le poète surréaliste Raymond Queneau s’en était amusé.
- L’idée du remaniement avait été avancée officiellement lors du congrès d’Ennahdha du mois de juillet. Le gouvernement n’avait alors que 7 mois. Tout le monde était déjà conscient de ses faiblesses et de ses limites et de la nécessité de revoir la copie.
- Au moment du lancement de cette idée, il restait officiellement 3 à 4 mois avant l’échéance « morale » que le monde politique et 11 des 12 partis représentés à l’ANC étaient convenus de respecter pour l’adoption d’une nouvelle constitution.
- Le remaniement devait également procéder au remplacement d’au moins deux ministres poids lourds, démissionnaires : celui des Finances et celui de la Réforme administrative. Il avait donc une réalité et devait répondre à une certaine urgence.
- Ensuite, mettre les ministères de souveraineté : Intérieur, Justice et affaires étrangères en dehors des luttes partisanes, en nommant à la tête de ces départements des personnalités indépendantes, à l’image de ce qui avait été fait pour le Ministère de la Défense et qui ne semble pas avoir posé des problèmes majeurs. C’est là une condition majeure sur la voie de prochaines élections transparentes et démocratiques,
- Ensuite encore, regrouper l’ensemble des fonctions économiques et financières sous l’autorité d’un seul Ministre, qui pourrait avoir rang de Ministre d’Etat ou de Vice Premier Ministre, afin d’assurer la coordination et la cohérence de la politique économique et financière du Gouvernement,
- Enfin, se délester des postes de secrétaires d’Etat dont la seule justification relevait souvent du principe des quotas entre les membres de la Troïka et alléger les cabinets du Chef du gouvernement et du Président de la République pour éliminer tous ces postes de ministres délégués ou de ministres conseillers qui doublent le gouvernement et accréditent l’idée d’un gouvernement de l’ombre, sans responsabilités devant le pouvoir législatif, mais disposant de toutes les prérogatives, légalement entre les mains des Ministres en poste.
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De cette analyse découlent deux constatations à mes yeux: 1/ le majlis echourra qui n'a aucune valeur légale dans l'absolu, agit comme un conseil constitutionnel ou une deuxieme chambre qui entérine et valide ou non avant l'Assemblée Constituante les choix et les nomminations. 2/ la responsabilité des actes n'étant pas entre les mains des ministres du gouvernement ,les conseillers , chefs de partis etc qui les initient, ne sont redevalables d'aucun résultat devant la chambre qui elle meme ne dépend d'aucune autorité . La boucle est bouclée et la roue de l'infortune pour notre pays tourne inéxorablement.
Le remaniement ministériel qui occupe l'opinion publique et les médias est un palliatif dont la Troïka cherche à se servir comme un leurre. Certains peuvent à leur tour l'instrumentaliser pour faire du vent mais la Tunisie n'en tire aucun profit.En tout état de cause,pour être crédible, un remaniement ministériel doit être préalablement et publiquement justifié et ciblé en disant clairement pourquoi et en en déterminant la fin en collaboration avec toutes les forces vives de la nation. Mais soyons sérieux puisque le remaniement ne l'est pas. A moins que...!?
Ce prévisible remaniement n'est que la consécration de la médiocrité dans la vision, l'approche et la lecture de l'existent de notre pays. Au lieu d'enclencher des actions correctives ou palliatives immédiates pour améliorer nos environnements dans l'attente des nouvelles élections, on veut installer de nouveau le pays dans l'éternel expectative. Ce qui est encore plus alarmant, c'est l'unanimité de la classe politique actuelle autour de ce remaniement, prouvant la faillite de pensée et de réflection de ces groupuscules de partis politiques non crédibles. Il appartient à notre jeunesse, à nos cadres formés dans nos écoles supérieures, de notre administation de réagir à cette prise d'assaut avec le concours de l'UGTT, de l'UTICA et des Ordres professionnels pour créer des nouveaux courants politiques proches de nos réalités.
Si Meddeb peut bien parler de Queneau and Co, mais il semble oublier que les gens qui nous gouvernent maintenant ont toute une autre culture qui obéit à une autre logique. Maintenant pour le Programme du Gouvernement, je me limiterais à dire que tout Gouvernement actuel ou à venir issu de la même formation politique ou résultant d'un partage artistique des postes ministériels n'a pas besoin de se tracasser pour les mesures à prendre et les actions à engager dans tous les domaines, il suffit de regarder dans les archives des différents ministériels.C'est une question de bonne foi et de bonne volonté, on peut critiquer, en long et en large, le Régime déchu quant à la façon de diriger les affaires du pays, mais pas quant à la consistance des programmes et quant à la façon de mettre en oeuvre.
On entend depuis longtemps qu'un remaniement ministériel est imminent, mais il ne faut pas s'attendre a un grand bouleversement, vous verrez que c'est les mêmes figures qui restent, ce qui changent c'est que chaque Ministre déménage d'un Ministère à un autre, et aura un nouveau portefeuille, conclusion aucun vrai changement, et le pays continue sa dérive.